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Fondation Hulot : un rapport très contesté sur la réduction de l’usage des pesticides

Un rapport de la Fondation Nicolas Hulot (FNH) paru ce 8 février considère la politique de réduction des pesticides en France comme un « échec » et pointe du doigt le manque d’effet avéré des financements mis en œuvre pour y parvenir. « Mensonge », pensent des détracteurs de cette étude. Si l’on prend en compte les produits de biocontrôle, les conclusions sont très différentes.

© Jean-Charles Gutner (archives)

Durant un an, le Think Tank de la Fondation Nicolas Hulot (FNH) a mené un travail avec le Bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne (Basic) pour étudier la question des pesticides. L’enquête s’est intéressée aux financements publics et privés perçus par les acteurs des filières agricoles et agroalimentaires pour réduire l’usage des produits phytosanitaires. En France, l’objectif fixé par le « plan Ecophyto » est de parvenir à une réduction de moitié d’ici 2025. Mais le rapport de la fondation dénonce une réalité différente et un recours à ces produits qui aurait au contraire « augmenté de 25 % en 10 ans ». Le titre du rapport présenté le 8 février par la fondation interroge : « Réduction des pesticides en France : pourquoi un tel échec ? ».

Des « objectifs ambitieux » mais pas de « moyens pour les atteindre »

L’argent public alloué au secteur de l’agriculture et de l’alimentation (financements dont la PAC et politiques fiscales comprises), représente chaque année 23,2 milliards d’euros, affirme le FNH mais « seul 1% a un effet avéré sur la réduction des pesticides… », soit environ 220 millions d’euros. Les pouvoirs publics donnent ainsi des objectifs « aussi nécessaires qu’ambitieux » au monde agricole, « sans lui donner les moyens de les atteindre ».

La FNH dresse le même constat pour les financements privés (banques, coopératives agricoles…) qu’elle évalue à 19, 5 milliards d’euros par an. « Ils se trouvent essentiellement sous forme de prêts qui sont davantage mobilisés par les exploitations agricoles les plus utilisatrices de pesticides ». Pour la fondation, ces exploitations contractent « 60 % d’emprunts de plus que les exploitations les moins intensives en pesticides ».

Des conclusions contestées

Les conclusions du rapport de la FNH suscitent déjà des réactions et les chiffres avancés par la fondation sont contestés. La somme de 220 millions d’euros seulement ayant un effet positif sur la réduction de l’utilisation des pesticides s'appuie sur un rapport France Stratégies (institution liée à Matignon), indique Agra. Cependant, le cabinet d’études Basic a retenu uniquement les soutiens à l’agriculture biologique et les Maec (mesures agroenvironnementales et climatiques) « rotation, limon profond, et grandes cultures en zones intermédiaires » au nombre des aides aux effets avérés. « Les soutiens publics liées à la conditionnalité de la PAC ou à la redevance pour pollution diffuse n'ont pas été retenus », précise l’agence de presse.

Le sujet a été repris par les médias grand public, notamment France Inter ce 9 février. Dans un tweet Géraldine Woessner met en garde la chaîne de radio. « Vous vous êtes encore fait berner par un gros mensonge », indique la journaliste du Point. Les chiffres annoncés intègrent les produits de biocontrôle, explique-elle. L’usage des produits phytosanitaires, « hors produits de biocontrôle, a au contraire baissé de 36 % ».  

Même mise au point de la part de Jean-Baptiste Moreau qui n’hésite pas lui aussi à parler de « mensonge du matin ». Le député de la Creuse reproche à l’étude de la Fondation Nicolas Hulot d’être basée sur les données de 2009 à 2018. « Votre étude ne reprend pas les données de 2019 », regrette Jean-Baptiste Moreau. Et de confirmer les propos de Géraldine Woessner : « Quel dommage, car ces données montrent une baisse de 36 % hors bio contrôle entre 2009 et 2019 ».

Lire aussi « Pesticides : forte baisse annoncée des ventes de produits phytosanitaires en 2019 » dans Réussir Grandes Cultures.

Lire aussi dans Réussir Vigne « Phytos en viticulture : toujours plus de biocontrôle et des restrictions en perspective »

 

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