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À l’AG de la Fnec, un tour de l’élevage caprin aveyronnais pour saluer Jacky Salingardes

L’assemblée générale de la Fédération nationale des éleveurs de chèvres s’est tenue en Aveyron les 23 et 24 avril, une édition particulière pour rendre hommage à Jacky Salingardes, qui boucle sa dernière année de présidence après dix-neuf années au service de la filière.

Les témoignages de sympathie envers Jacky Salingardes se sont multipliés pendant les deux jours de l’assemblée générale de la Fnec qui s’est tenue en Aveyron les 23 et 24 avril dernier. Après dix-neuf années à la présidence de la Fédération nationale des éleveurs de chèvres, Jacky Salingardes, 63 ans, a été chaleureusement honoré par ses pairs, amis et collaborateurs. Homme de cœur, paysan authentique, visionnaire intègre, il a su incarner et défendre avec ténacité la filière caprine. Lors du dîner de gala, Joël Mazars, trésorier de la Fnec et éleveur aveyronnais, a retracé son parcours depuis son installation en 1984 sur la ferme familiale jusqu’à ses engagements successifs au service des producteurs locaux, puis au sein de la Fnec et de l’Anicap : « Ce n’est pas seulement un président que nous saluons aujourd’hui, c’est un ami, un bâtisseur, un homme qui a changé durablement le destin d’une filière. » Marie-Amélie Viargues, présidente de la FNSEA 12, a salué « son intuition politique toujours juste », tandis que Vincent Labarthe, vice-président de la région Occitanie, a souligné son rôle pour faire de la filière caprine « une source de revenus, d’emplois et d’avenir ».

Nouveau président à venir

Sylvain Boiron, éleveur du Loir-et-Cher et secrétaire général de la Fnec, a souligné le travail mené pour « donner les moyens à la filière caprine d’exister sur ses deux pattes, tant avec les éleveurs laitiers qu’avec les fromagers fermiers ». Yohann Barbe (FNPL) et Michèle Boudoin (FNO) ont loué sa volonté de positionner la filière caprine au même rang que les autres filières d’élevage. Samuel Bulot et Joël Merceron, président et directeur de l’Institut de l’élevage, ont évoqué « l’homme de la technique autant que de la politique », rappelant sa foi dans les progrès scientifiques au service des éleveurs. Enfin, ses anciens compagnons à la Fnec, Kacem Boussouar, Franck Moreau et Sophie Espinosa, ont mis en lumière sa ténacité et son humanité : « un vrai paysan, avec l’âme, le cœur et l’accent ».

Répondant avec émotion, Jacky Salingardes a exhorté les éleveurs à « s’engager pour défendre [leur] métier et [leur] revenu ». Le changement de présidence est attendu pour le second semestre 2025.

Un panorama dynamique de l’agriculture aveyronnaise

<em class="placeholder">Visite de RAGT lors de l&#039;assemblée générale de la Fnec 2025 à Rodez</em>

Ce congrès de la Fnec a aussi permis d’avoir un bel aperçu de l’agriculture aveyronnaise à travers une dense série de visites. Mercredi 23 avril d’abord, avec le semencier RAGT à Druelle-Balsac qui sélectionne des plantes et du gazon et qui se prépare à devenir le huitième semencier mondial en rachetant le groupe Deleplanque.

Ensuite à l’usine Lactalis d’Onet-le-Château qui traite les laits de vache, de brebis et de chèvre. Le site a collecté 29 millions de litres de lait de chèvre et 120 millions de litres de lait de vache en 2024. Une partie de ce lait a été mise en bouteille et vendue sous marque Lactel (dont 7,5 millions de litres de lait de chèvre). Le reste du lait de chèvre est transformé en Rondelé ou réexpédié vers d’autres sites et notamment à celui de Riblaire (Deux-Sèvres) où sont fabriquées les bûches et les bûchettes Président. La collecte de la laiterie est structurée autour de l’organisation des producteurs du lait de chèvre du Rouergue qui a su mobiliser la totalité des livreurs de lait.

Une coopérative veut valoriser les chevreaux lourds

<em class="placeholder">Visite d&#039;un élevage de chèvres lors de l&#039;assemblée générale de la Fnec 2025 à Rodez</em>

Livreuse de lait à Lactalis, Lucie Ferié a ouvert ses portes pour montrer comment elle a transformé la ferme bovine laitière de ses parents en une exploitation ordonnée de 200 têtes. Un élevage tout à fait représentatif de ce que l’on trouve en Aveyron230 élevages caprins produisent 40 millions de litres de lait. « La production caprine était souvent une activité secondaire dédiée aux femmes et on peut se féliciter aujourd’hui que la filière caprine attire autant de femmes », expliquait en préambule Virginie Albespy, éleveuse et membre du bureau de la chambre d’agriculture de l’Aveyron. Avec Anabelle Soulié et Sandrine Roquefeuil, les deux coprésidentes de la section caprine de la FDSEA, et Marie-Amélie Viargues, présidente de la FDSEA 12, force est de constater que les éleveuses ont su prendre pleinement leur place en Aveyron.

La centaine de congressistes s’est ensuite rendue au siège de Natera pour découvrir la réflexion en cours sur la valorisation des chevreaux. La coopérative issue de la fusion d’Unicor et de la Capel possède un outil d’abattage à Rodez et même des magasins alimentaires en Occitanie et en région parisienne. L’abattage des chevreaux légers n’étant techniquement pas possible dans l’abattoir de Rodez, Natera cherche à développer une filière autour de chevreaux plus lourds. « Nous voulons tester le marché et ne faire produire des chevreaux lourds que si nous sécurisons les débouchés », insiste Julien Volpelie, directeur du pôle ruminant à Natera. « On va voir grand et faire petit à petit », répète-t-il en rappelant comment la filière du veau d’Aveyron et du Ségala a progressivement permis un meilleur partage de la valeur pour les éleveurs.

Ce tour d’horizon de l’élevage aveyronnais a rappelé que la force d’une filière repose sur sa capacité à se renouveler, innover et valoriser le travail des producteurs. Un message qui résonne comme un écho au parcours de Jacky Salingardes.

Segmenter, négocier et communiquer sans se perdre

Face à la multiplication des labels, la filière caprine doit éviter la sursegmentation, mieux encadrer la négociation commerciale et valoriser son image auprès des consommateurs pour assurer son avenir.

<em class="placeholder">Table ronde lors de l&#039;assemblée générale de la Fnec 2025 à Rodez
</em>

Lors de l’assemblée générale de la Fnec, une table ronde animée par Raphaël Guyet, directeur de la Fnec, a abordé les défis du secteur caprin face à l’évolution des modes de consommation. Face à la jungle des labels qui se sont créés ces dernières années, Sylvain Boiron, secrétaire général de la Fnec, a appelé à ne pas se perdre dans la segmentation : « La filière caprine est déjà en soi une segmentation. Il ne faut pas ajouter des couches de segmentation dans notre petite filière car on ne saura jamais les valoriser. Nous avons déjà le code mutuel caprin pour montrer que nous faisons tous collectivement bien les choses. »

Ancien dirigeant de Lidl France, Michel Biero a quant à lui levé le voile sur les pratiques des négociateurs : « Ne vous faites pas d’illusion, la rémunération des éleveurs est une préoccupation bien lointaine lors des négociations commerciales ». Avec un regard lucide sur la grande distribution, ce défenseur des contrats tripartites a appelé à reformer la loi pour, par exemple, interdire les promotions ou garantir un prix minimum de vente chez les distributeurs face à des consommateurs français schizophrènes qui disent « vouloir soutenir l’agriculture en rentrant dans le magasin, mais que l’on retrouve à la sortie avec les produits les moins chers dans le caddie… ». La crise inflationniste a durablement modifié les habitudes d’achat, renforçant la part des marques de distributeurs au détriment de celles des produits bio ou sous signe de qualité. Heureusement, « les produits laitiers bénéficient d’une bonne image et les consommateurs aiment se faire plaisir avec du fromage », expliquait Jean-Marc Chaumet, économiste au CNIEL. « Il faut essayer de profiter des multiples occasions de consommation en dehors du plateau de fromage traditionnel en proposant des produits pratiques et prêts à consommer alors que les temps de préparation des repas diminuent. »

Si le fromage sort du plateau, il faut continuer à le rendre attractif tout en montrant la réalité du métier d’éleveur. L’enjeu est aussi de continuer à donner une image dynamique, professionnelle et moderne de l’élevage caprin — loin des clichés misérabilistes — pour donner envie aux jeunes de s’installer et pérenniser la filière. « La filière caprine a une force en termes de communication, expliquait Jean-Philippe Bonnefoy, fromager fermier en Saône-et-Loire et vice-président de la Fnec. La moitié des éleveurs de chèvres sont producteurs fermiers, et chaque fois que nous faisons de la vente directe, c’est un moment privilégié pour communiquer sur notre métier. Cet équilibre entre fermiers et laitiers, c’est ce qui fait la richesse de notre filière. Chaque fois qu’un éleveur prend le temps d’expliquer son métier à un client, c’est une victoire pour notre filière. »

Coté web

Une année syndicale 2024 riche en combat

Rapport d'activité 2024 de la Fnec

La Fédération nationale des éleveurs de chèvres multiplie les actions pour défendre les producteurs de lait de chèvre et les fromagers fermiers. Dans son rapport d’activité, elle détaille ses combats pour défendre le prix du lait de chèvre, la viande caprine ou le lait cru et décrit comment la Fnec s’est emparée des questions du bien-être animal, du climat ou de la santé animale.

Le rapport d’activité 2024 est à télécharger sur fnec.fr/rapport-dactivite-2024/ou à visionner en version synthétique sur youtu.be/1YpoP72CkR4.

 

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