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Fertilisation
Tension sur les engrais azotés et phosphatés

Des producteurs demandent à l’industrie des fertilisants d’améliorer leur offre aussi bien d’un point de vue technique et écologique qu’économique

BILAN. Michel Prud’Homme, membre de l’IFA (International Fertilizer Industry Association), a dressé, lors des journées de la fertilisation organisées par Unifa à Reims du 5 au 6 février 2009, le profil des disponibilités mondiales en fertilisants. La demande est croissante de 0,6 % en 2008, avec l’Inde comme moteur de la consommation. Toutefois, des contraintes économiques et environnementales pourraient limiter cette progression.

Des stocks limités et surveillés

Les engrais azotés, ayant permis une croissance constante des rendements céréaliers, sont issus de l’ammoniac dont les deux tiers proviennent du gaz naturel, et 27 % du charbon. En Europe et en Amérique du Nord, la hausse des prix du gaz a réduit les capacités de production en azote et favorisé le développement des origines africaines et chinoise.

De leur côté, les engrais phosphatés ont connu un niveau record d’exploitation en 2007. Ainsi, la polémique concernant l’émergence d’une pénurie à moyen terme serait remise en cause. Cependant, une diminution de la teneur moyenne des gisements (environ 31 % P2O5), ainsi qu’une augmentation des coûts de production laissent un marché tendu. Enfin, la potasse, dont les réserves sont exploitées depuis vingt ans et sont concentrées au Canada, en Biélorussie, en Russie et en Allemagne, connaît une demande en progression. Ainsi, en 2007 la croissance de la consommation et des prix de la potasse incite à développer de nouvelles capacités de production au niveau mondial. Toutefois, l’Europe, qui ne devrait pas pâtir de cette tension avec une production excédentaire de potasse, reste dépendante des importations avec un déficit en azote et phosphate. Cer-tains pays déficitaires seraient aussi prêts à investir à l’étranger pour satisfaire leur demande nationale selon l’IFA.

Un système économique mis à mal

Entre 2008 et 2009, de fortes hausses des prix des fertilisants couplées à une baisse des prix agricoles, en moyenne de 50 %, ont mis à mal les comptes d’exploitations des agriculteurs. Pour le président de Champagne Céréales, « si la volatilité des prix, provoquée par les dérégulations des marchés reste légion, alors les fabricants d’engrais pourraient permettre une pérennité des volumes à défaut d’une stabilité des marchés. » Mais Pascal Prot demande aussi aux fabricants d’engrais de collaborer avec les utilisateurs afin « d’améliorer l’assimilabilité des fertilisants ainsi que leur signature écologique (…) de mettre les produits au meilleur prix (…) car chacun à besoin de l’autre. » Il aspire également à ce que les producteurs d’engrais améliorent leur bilan énergétique lié à la fabrication d’intrants agricoles. Le président de Champagne Céréales se déclare prêt à mettre a disposition le centre de recherches de la coopérative. « Les professionnels de l’agriculture ont une responsabilité face à l’environnement et à la durabilité de leurs activités », consent le dirigeant. La politique de la coopérative champenoise va d’ailleurs dans ce sens avec une rationalisation de plus en plus poussée des utilisations d’intrants.

La culture du raisonnement

Sur dix ans, Champagne Céréales a vu ses ventes d’engrais potassiques et phosphatés se réduire respectivement de 45 et 33 %, avec une hausse des analyses de terres et des soutiens individualisés permettant de mieux raisonner les apports. Mais les consommations d’engrais azotés restent stables en raison d’une moindre production de légumineuses. Ces dernières, qui apportaient de l’azote au sol, sont de moins en moins cultivées en Europe, qui s’en remet aux Etats-Unis pour se fournir en protéïnes. Enfin, Champagne Céréales souligne son action en lançant la certification des exploitations respectueuses de l’environnement avec pour objectif 500 certifications en 2009 et 4.000 d’ici à 2012.

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