La baisse des matières premières affecte la rentabilité du Groupe Avril
L'agro-industriel voit son CA reculer de 5 % entre 2014 et 2015. La société va axer sa stratégie sur des produits à forte valeur ajoutée, dont la protéine à l'horizon 2020.
Le groupe Avril a annoncé le 17 février à Paris un CA de 6,1 Md€ en 2015, en recul de 5 % par rapport à l'an dernier. De son côté, l'Ebitda recule de 18 %, à 203 M€. « Ces baisses sont purement liées aux prix des matières premières agricoles et du pétrole », a justifié Jean-Philippe Puig, gérant de la société. La crise de l'élevage, le maintien du colza à un niveau élevé (du fait de la baisse de la production nationale) et les négociations avec la grande distribution ont également joué, selon ce dernier.
Accord avec Dow AgroSciences
Pour compenser cette mauvaise année et se couvrir de la volatilité des matières premières, le groupe Avril parie sur la protéine, « dont l'offre sera supérieure à la demande de 15 % à l'horizon 2030, alors que le marché de l'huile est et restera saturé », estime Michel Boucly, DG adjoint en charge du développement durable. La société a signé un accord avec Dow AgroSciences pour le développement d'un colza plus riche en protéines. Dans le détail, le géant américain a développé une variété de canola non OGM, dont le taux de protéine est augmenté de 20 %, pour un même taux d'huile. « Nous espérons au travers de cet accord offrir aux semenciers français la technologie nécessaire, afin de fournir aux producteurs des variétés plus riches en protéines à l'horizon 2025 », se réjouit Michel Boucly. Le groupe projette aussi de renforcer sa présence en Afrique, marché porteur car demandeur de protéines, où les effectifs devraient passer de 15 à 30 % du total du groupe d'ici 2020.
Investissement dans la « protéochimie »
L'autre investissement majeur est la chimie de la protéine, appelé « protéochimie », dixit Michel Boucly. Le groupe Avril a créé une coentreprise avec la start-up israélienne Biopolymer Technologies, afin de fabriquer, « à partir de colza broyé, un substitut à l'urée formaldéhyde, un additif de colle à bois cancérigène et onéreux », explique-t-il. « C'est un marché mondial de niche de quelque 25.000 tonnes, pour des dizaines de millions d'euros, mais avec des fortes possibilités de marges », détaille Jean-Philippe Puig.
Il ajoute qu'une usine de production « devrait voir le jour à Compiègne, dans plus d'un an, mais moins de cinq ans ».