2016 : année noire ?

© L. L. Ce que les premières coupes d'orge annonçaient, à savoir des PS très faibles, se vérifie sur les parcelles de blé tendre (lire en Une), et ce dans plusieurs grandes zones céréalières françaises. Les estimations de production de blé tendre tablant sur une baisse de 10 % semblent bien lointaines à la lecture des notes parues cette semaine. La filière s'attend désormais à un recul de 20% par rapport à 2015. Certains opérateurs tableraient même sur une récolte inférieure à 30 Mt ! Alors, certes, le temps de chute d'Hagberg et la teneur en protéines ne seraient pas affectés (certains lots afficheraient même des taux protéiques compris entre 13 et 17 %), mais à quel prix ? Celui des volumes, car si certains grains sont si chargés, c'est parce qu'au sein d'un même épi, ils étaient moins nombreux et ont donc pu concentrer davantage de protéines que de coutume. Reste que les pertes de rendements sont très importantes sur certaines parcelles. L'impact sur le marché ne s'est pas fait attendre avec une fermeté accrue ce jeudi, jour de cotation pour notre rédaction, et beaucoup de fébrilité de la part des opérateurs, bien embarrassés pour pricer un marché aussi incertain. Cette campagne s'annonce ainsi des plus inhabituelles et sa préparation ne sera pas de tout repos pour les organismes stockeurs. Si, chez les industriels, l'heure est encore à l'attentisme, c'est pour les producteurs français que les prochains mois s'annoncent les plus difficiles. Avec un prix moyen du blé tendre payé au producteur à 146 €/t pour les trois premiers trimestres de la campagne 2015/2016 selon FranceAgriMer, il n'est pas dit que la situation s'améliore. Car même si les prix du blé venaient à progresser significativement — le marché mondial n'aurait pas encore pris en compte le net retrait de la récolte européenne selon une note d'ODA — encore faut-il être en capacité de répondre à la demande.