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Innovation alimentaire
La viande in vitro ne convainc pas toute la communauté scientifique

Le premier « burger cellulaire » a fait son apparition à Londres en 2013. Depuis, de nombreuses start-up se sont lancés dans la production de viande in vitro. Le manager de Vital Meat a présenté cette nouvelle race de produit alimentaire lors de la 1ère édition d’#Esafoodtech à Angers le 21 novembre. Mais ces steaks sont-ils vraiment propres pour la planète ?

« Pour la première fois dans l’histoire de la production de protéines animales, il semble possible de concilier production de masse et respect de l’animal et de l’environnement ». Ces propos sont ceux d’Etienne Duthoit, fondateur et directeur général de Vital Meat (groupe Grimaud). Le manager était invité à la 1ère édition d’#Esafoodtech organisée par l’école d’agriculture (ESA) d’Angers. Dans une conférence qui avait pour thème « quel futur pour notre alimentation », il est intervenu sur le sujet de la « viande cellulaire », activité de son entreprise. L’Agriculteur d’Anjou se fait l’écho de la présentation de cette « viande in vitro » que l’on appelle outre-Atlantique « cell-based meat » ou encore « dean meat ».

Alors que cet aliment futuriste fait encore l’objet d’interrogations et de craintes, Etienne Duthoit, lui, nourrit la conviction qu’il s’agit d’un concept répondant à une urgence alimentaire. « La protéine animale est la meilleure en termes de nutrition », assure-t-il mais « s'il faut produire 100 millions de tonnes de plus de viande à l'horizon 2050, ce sera impossible de le faire avec l'élevage ». Actuellement « 70 % de la surface agricole utile est occupée par l'élevage dans le Monde », fait-il remarquer. Pour lui, il sera difficile d’aller au-delà. Son idée est donc bien de « de proposer un produit connexe, mais pas de remplacer la viande ». Une évolution pour laquelle il faudra un « changement de paradigme », admet-il. Mais il croit en l’évolution des mentalités « d’ici 30 ou 40 ans ».

L’intégralité de l’article est à lire dans L’Anjou agricole.

Beaucoup d’interrogations

Pourtant, tous ne partagent pas l’enthousiasme du jeune chef d’entreprise et de nombreux chercheurs, Américains en tête. Dans un article publié sur Futura Planète en février 2019, la question est posée : La viande in vitro ne serait-elle pas « encore pire pour la planète que la vraie ? » Et la revue d’expliquer que la viande artificielle diminue bien les émissions de méthane dues à l’élevage. Mais la plupart des études se contentent de « convertir les émissions de méthane en équivalent carbone ». Or, ces deux gaz à effet de serre ne sont pas équivalents. « Le méthane ne reste dans l’atmosphère que 12 ans, alors que le CO2 s’y accumule pendant des milliers d’années », explique la revue. « Résultat, plus on avance dans le temps, plus l’avantage de la viande in vitro d’amenuise », avance la journaliste Céline Deluzarche.

En avril 2019, le magazine Slate pose à son tour la question : « La viande artificielle peut-elle vraiment tenir ses promesses ? »

Dans une étude menée en 2017, l’Inra (Institut national de le recherche agronomique) se montre aussi très réservé sur les bienfaits de cette innovation technologique. Le dossier publié en février 2017 interroge également  : « La viande in vitro, une fausse bonne idée ? »

Selon Pascale Mollier, les principaux obstacles au développement de ce nouvel aliment sont « le prix et la qualité en bouche » mais aussi « la balance coût/bénéfice à l’échelle collective : protéines sans animaux versus perte de culture et de ruralité, progrès scientifique versus contrôle et régulation. Et d’affirmer : « Il existe d’autres solutions plus accessibles à court terme pour nourrir l’humanité tout en respectant l’environnement et les animaux. »

 

Lire aussi dans Réussir Bovins Viande Le lobby de la viande artificielle en embuscade,

dans Libération Du labo à l'assiette, la viande désincarnée

et dans Ouest France Une société angevine se prépare à la viande in vitro

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