Aller au contenu principal

À savoir
À la ferme expérimentale de Trévarez : +50 000 euros en cinq ans pour le système plus pâturant

50 000 euros de revenu en plus en cumul sur cinq ans et des bilans azote et carbone un peu plus favorables pour le système plus pâturant. C’est ce qui ressort d’une expérimentation menée pendant huit ans sur deux systèmes fourragers, l’un avec 40 ares pâturables par vache, et l’autre avec 15 ares.

Si on a le choix, vaut-il mieux produire du lait avec plus de maïs ou avec plus d’herbe pâturée ? Peut-on gagner sa vie avec un système maïs en étant vertueux vis-à-vis de l’environnement ? Pour répondre à cette question sur la « durabilité », une expérimentation a été conduite de 2012 à 2017 sur la ferme de Trévarez dans le Finistère. Le troupeau de 120 vaches en conventionnel de la ferme a été divisé en deux lots, ainsi que les 120 hectares qui leur sont dédiés.  

Deux systèmes fourragers représentatifs de l'Ouest ont été conduits en parallèle « toutes choses égales par ailleurs ». Le premier avec un accès au pâturage limité (15 ares par vache), un fort recours au maïs (46 % de la SFP) et un niveau de concentré permettant l’expression du potentiel tout en maîtrisant le coût alimentaire. Le second avec un fort recours au pâturage (40 ares par vache) complété par du maïs en hiver (28 % SFP). Les résultats chiffrés portent sur les cinq années de croisière, les trois premières années ayant servi à la mise en place progressive des rotations.

« Au terme des huit années, l’expérimentation permet de conclure que le système plus pâturant s’est avéré le plus efficace économiquement. Ceci quel que soit le contexte économique, grâce à un coût alimentaire plus faible, a affirmé Valérie Brocard, de l’Institut de l’élevage, lors d’une visioconférence 3R. Tous deux ont des bilans azote et carbone inférieurs aux références des élevages laitiers bretons, avec toutefois un avantage au système plus pâturant. »

400 kg/vache de lait vendus en plus pour le système maïs+

 

 

 

Dans les deux systèmes, la ration reposait sur l’herbe pâturée et l’ensilage de maïs en hiver avec une correction azotée pour atteindre 95 g/PDI/UFL. Les vaches recevaient un apport de 4 kg de concentré de production pendant les 120 premiers jours de lactation.

Au niveau des performances techniques, le système maïs+ a produit un peu plus de lait par vache avec un peu plus de TB et de TP. Il n’y a pas eu de différence au niveau des réformes et des performances de production. « On a vu un petit peu plus de troubles sanitaires au niveau du système maïs+, ce qui atténue un peu l’écart des performances laitières au niveau du lait vendu ».

Le système maïs+ a vu le rendement en maïs baisser de 1,7 TMS/ha du fait de sa forte part de monoculture (deux-tiers de la surface maïs contre 12% dans le système plus pâturant). Il s'est passé de correcteur azoté pendant 35 jours contre 135 jours.

Deux systèmes vertueux vis-à-vis de l’environnement

 

 

 

L’analyse environnementale a été réalisée en prenant en compte le troupeau, les parcelles et les infrastructures. Les deux systèmes ont des bilans azote ou des empreintes carbone qui sont proches et inférieures aux références CarbonDairy Bretagne. Le système herbe a tout de même un bilan azote plus bas de 23 kg/ha et donc un lessivage potentiel plus bas (15 kgN/ha contre 51). Son empreinte carbone nette est plus faible grâce à sa forte capacité de stockage au niveau des prairies et des haies. Il est plus autonome en protéines pour l’alimentation du troupeau, consomme moins d’énergie, et recourt moins aux phytos. Les deux systèmes affichent le même potentiel nourricier sur la base des protéines (30 personnes).

11 500 €/an d’écart de revenu avec 60 vaches

 

 

 

Avec un produit proche, la marge lait est supérieure de 24 €/1000 litres. Les deux systèmes ont produit en moyenne le même volume de lait avec 5 vaches en plus dans le système plus pâturant. Celui-ci a toutefois livré 17 000 litres de plus. Le coût alimentaire du système plus pâturant est inférieur de 21 €/1000 l, surtout grâce à la maîtrise du coût de concentré.

L’EBE avant main d’œuvre est supérieur tous les ans : le système plus pâturant apparait plus résilient face à la conjoncture externe. Lorsqu’on ramène les deux systèmes à litrage vendu identique, 400 000 litres, l’écart de revenu cumulé sur cinq ans est de 48 000 € en faveur du système plus pâturant. A taille de troupeau identique, 60 vaches, l’écart est de +56 250 € en cinq ans soit 11 250€/an.

« Ces deux systèmes, grâce à leur ancrage très fourrager, peuvent être durables , conclut Valérie Broccard. Si l’on ne dispose pas de l’accessibilité au pâturage, il est possible d’optimiser un système 15 ares qui conservera toutefois des points faibles  pour lesquels il faudra continuer à chercher des pistes d’amélioration: une forte part de monoculture de maïs, une forte dépendance aux intrants azotés et une plus forte sensibilité au rapport prix du lait/prix du concentré ».

À savoir

Pour les deux systèmes, la meilleure piste d’optimisation technique, économique et environnementale reste le regroupement parcellaire et l’amélioration de l’accessibilité pour pâturer.

Les plus lus

<em class="placeholder">Christine et Pascal Garnier,éleveurs laitiers</em>
Eleveur lâché par Lactalis : « Finalement, c’est un mal pour un bien », en Meurthe-et-Moselle

Fin 2024, Lactalis a décidé de dénoncer le contrat de 290 éleveurs laitiers. Une annonce brutale pour Christine et Pascal…

<em class="placeholder">éleveur Célestin Jaunel devant son robot de traite</em>
Qualité du lait : « Mon souci de germes provenait de la pompe doseuse de produits lessiviels »
À la SCEA de Beaudival dans le Nord, un problème de germes est intervenu quelques mois après la mise en route du robot de traite…
<em class="placeholder">Camion de collecte en train de dépoter, livrer, du lait de vache sur un site de Lactalis</em>
Prix du lait 2026 : « Nous ne tolérons aucune baisse »

Les éleveurs laitiers déplorent un prix du lait qui a commencé à baisser en cette fin d'année 2025, alors qu'ils sont moins…

<em class="placeholder">Argent de la zone Euro. Pièces et billets de 10 20 et 50 euros. Monnaie d&#039;échange dans l&#039;Union européenne. Paiement en euros. Europe monnétaire.</em>
Prix du lait 2026 : Lactalis et l'Unell trouvent un accord pour sécuriser une partie du prix

Le groupe Lactalis et l'association d'organisations de producteurs Unell ont trouvé un accord pour un prix du lait à 440 euros…

« Une carence en minéral a entraîné des boiteries sur nos laitières », dans les Côtes-d'Armor

Au Gaec de Kerilys dans les Côtes-d’Armor, le manque de minéral pendant la période de pâturage a créé un gros souci de…

<em class="placeholder">motoculteur adapté avec un rabot pour racler le lisier </em>
Astuce d’éleveur : un motoculteur racleur de lisier pour nettoyer un bout de couloir dans la stabulation des vaches

Au Gaec 2 Oiselière dans la Manche, Michel Marie a fait réaliser un racleur automoteur de lisier pour nettoyer une partie…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière