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Irrigation et réchauffement climatique : des situations à adapter en fonction des territoires

Les enjeux autour de l’irrigation en agriculture ont occupé une partie des débats le 16 février lors des Controverses 2023 de l’agriculture organisées par le groupe Réussir Agra.

 Au centre : Éric Frétillère, président de Irrigants de France, et Laurent Roy, directeur de l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée, se rejoignent sur la nécessaire adaptation à la réalité du changement climatique.
Au centre : Éric Frétillère, président de Irrigants de France, et Laurent Roy, directeur de l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée, se rejoignent sur la nécessaire adaptation à la réalité du changement climatique.
© G. Omnès

Sans eau pas d’agriculture. Ce constat simple fait de l’irrigation un enjeu majeur pour l’agriculture française dans un contexte de réchauffement climatique. « L’irrigation est source de durabilité pour les exploitations et de régularité dans les rendements », rappelle Éric Frétillère, président de Irrigants de France, dans le cadre des Controverses de l’agriculture et de l’alimentation 2023 organisées par Réussir Agra sur le thème « La guerre de l’eau a-t-elle démarré ? ».

En France, d’après le recensement de 2020, les cultures irriguées représentent 7 % des surfaces cultivées, soit « 10 à 15 % des productions annuelles en volume », précise Éric Frétillère. Pour lui, la réalité du climat plus chaud et plus sec rend nécessaire une extension des surfaces irriguées pour répondre à l’enjeu de la « souveraineté alimentaire ». « On doit s’inspirer des autres pays de l’UE, considère-t-il. En France, la consommation moyenne est de 1 800 m3 par hectare, beaucoup moins que l’Espagne (7 000 m3), le Portugal (9 000 m3) ou l’Italie (4 à 5 000 m3) ».

Des agriculteurs prêts à s’adapter

De son côté Laurent Roy, directeur de l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée, rappelle que les prélèvements les plus importants pour irriguer ont lieu « les mois les plus secs des années les plus sèches ». « Face à la rapidité et la brutalité des changements climatiques, il faut utiliser toutes les technologies disponibles et changer les modèles. Chaque territoire doit trouver ses solutions », considère-t-il. Sur son territoire, « il se félicite de la mise en place de 65 PTGE (projet de territoire pour la gestion de l'eau, ndlr) sans controverse particulière ».

Le directeur de l’agence de l’eau a cité la culture d’Aloe vera comme piste de nouvelles cultures à développer plus résilientes face au réchauffement climatique que d’autres cultures traditionnelles de la vallée du Rhône telle que la vigne.

Pour Éric Frétillère, il ne faut pas oublier que les agriculteurs ne sont pas engagés dans des productions « par hasard », mais en fonction d’une demande et de débouchés. « Entre les attentes de la société et la réalité au niveau de la consommation, il y a parfois des différences, constate-t-il, mais si la consommation change, les agriculteurs s’adapteront ».

Des solutions différentes selon les territoires

Le changement climatique entraîne une tension sur la ressource en eau qui oblige les acteurs des territoires à réfléchir à des solutions pour faire des économies d’eau. « L'eau gratuite et abondante existera de moins en moins », assure Laurent Roy.

Des solutions techniques se développent comme la microirrigation ou le goutte-à-goutte, ou des solutions basées sur les capacités de la nature comme les zones humides ou les évolutions de pratiques agricoles qui permettent de mieux retenir l’eau dans les sols.

En ce qui concerne le territoire de l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée, 340 millions de m3 d'eau ont pu être économisés par an, dont 300 millions grâce aux efforts en agriculture. « Le passage de l'irrigation gravitaire à non gravitaire a permis de baisse de 5 à 10 % le prélèvement d'eau dans le milieu », précise Laurent Roy.

La question de la réutilisation des eaux usées se pose également dans plus en plus de secteurs où la ressource en eau est en tension. « Quid des eaux usées ? Quand pourra-t-on l’utiliser intelligemment face aux tensions ? », interroge Laurent Roy qui se dit favorable à leur utilisation avec « quelques précautions et sous réserve qu’on en paye le prix car l’eau traitée a un coût ». Pour Éric Frétillère, c’est une piste à explorer, sans pour autant « constituer une solution globale pour l’irrigation ».

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