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Insecticides : faut-il traiter contre les pucerons sur céréales maintenant ?

Le risque JNO est à nouveau élevé cet automne. Devant la douceur prolongée des températures, Arvalis recommande aux producteurs de céréales de surveiller activement les pucerons dans leurs parcelles. Et de raisonner leurs interventions.

Le puceron (ici Sitobion avenae) n'occasionne pas de dégâts directs mais transmets des virus aux céréales © Christian Gloria
Le puceron (ici Sitobion avenae) n'occasionne pas de dégâts directs mais transmet des virus aux céréales
© Christian Gloria

Douceur des températures et faiblesse des précipitations : les conditions favorables au développement des pucerons aptères sont réunies cet automne. Résultat ? Le potentiel de développement de la jaunisse nanisante de l’orge (JNO) sur céréales est élevé. Au 10 novembre 2020, les données du BSV indiquent que, selon les régions, 31 à 71 % des parcelles observées contenaient des pucerons, souvent peu nombreux mais présents.

« Inutile d’intervenir trop tôt, avec le risque de devoir réintervenir »

Le puceron (Sitobion avenae et Rhopalosiphum padi) transmet les virus de la JNO aux céréales et occasionne ainsi des pertes indirectes importantes : sur orge d’hiver et variétés sensibles, le potentiel de rendement peut fondre de 10 à 50 % pour des symptômes sur la moitié d’une parcelle. Sur blé tendre, les pertes peuvent être de 20 % environ. Et la campagne passée a laissé de très mauvais souvenirs côté pucerons.

Faut-il pour autant traiter systématiquement les parcelles, en ajoutant un insecticide aux herbicides lors des traitements de post-levée par exemple ? Vu l’efficacité et le faible coût des produits, autour de 3 €/ha, la tentation est grande. Mais cette pratique comporte un gros risque : « Il est inutile d’intervenir trop tôt, le risque est d’être obligé de réintervenir et cela augmente le risque de résistance », prévient Eloïse Gave, ingénieure régionale Arvalis, lors du webinaire organisé le 17 novembre sur ce sujet par l’institut technique.

En effet, la gamme d’insecticides autorisée est restreinte mais efficace, et se résume à une seule famille de substance active - les pyréthrinoïdes - qu’il importe de préserver. Leur usage répété accroît dangereusement le risque d’apparition de résistances. Ce danger n’est pas illusoire : un clone de l’espèce Sitobion avenae résistant aux pyréthrinoïdes a par exemple été signalé en 2011 au Royaume-Uni.

Traiter si des pucerons sont présents depuis plus de dix jours

« Il faut privilégier le respect de la date de semis, les tolérances variétales quand elles existent et le traitement à la recommandation », insiste Justin De Rekeneire, ingénieur régional Arvalis. On déclenche un traitement lorsqu’on observe plus de 10 % de plantes habitées par un ou plusieurs pucerons ou si des pucerons sont présents depuis plus de dix jours. Cet automne, dans la moitié nord, c’est souvent cette deuxième règle qui s’applique.

Alterner les sous-familles chimiques peut contribuer également à préserver les moyens de lutte directe. Les spécialités à base de pyréthrinoïdes comme Mandarin Pro, Mavrik Flo et Karaté Zéon, appliquées aux doses homologuées, présentent des efficacités similaires, avec un écart par rapport au témoin non traité de 50 q/ha en moyenne sur trois ans. En cas de forte infestation et de semis précoce, Karaté Zéon présente toutefois les meilleures efficacités.

 

Si une application d’insecticide s’impose, inutile d’intervenir trop tôt : « Dans nos essais, nous avons observé qu’un déclenchement tardif jusqu’à 14 jours après les recommandations n’a pas entravé la protection », observe Céline Drillaud, ingénieure régionale Arvalis. Et une seule application suffit. « Une deuxième application n’apporte pas de gain dans la majorité des situations. Seules les conditions à très forte pression prolongée nécessitent de réintervenir. »

Rester vigilant jusqu’à mi-tallage

Pour des semis tardifs dont les levées sont en cours, il est important de rester vigilant tant que les températures restent douces. Les pucerons sont actifs entre 3 et 25 °C environ. Et à ces températures, le virus continue de circuler dans les plantes piquées. « Selon les régions, les températures de la semaine dernières et de cette semaine sont encore favorables aux vols d’ailés et/ou d’aptères déjà présents », rappelle Delphine Bouttet, qui prévient : « Surtout, dans toutes les régions, allez observer vos parcelles cette semaine ».

Précieuses observations

Pour évaluer le risque « pucerons », l'observation dès la levée des céréales est requise. Elle consiste à ausculter 10 plantules au champ, à leur base et dans leur cornet. Pour faciliter l’observation et augmenter la précision du diagnostic, choisir une journée ensoleillée, attendre les heures les plus chaudes et privilégier les zones à risques que sont les bordures de haies, de bandes enherbées ou de jachère. Renouveler les observations tant que les températures restent douces. La sensibilité des céréales au virus décroit à partir du stade tallage.

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