Innovation variétale : les NGT dans le monde, où en est-on aujourd’hui ?

• Que permettent les NGT pour la sélection variétale ?
• Comment les NGT sont-elles réglementées au sein de l’Union européenne ?
• Comment les NGT sont-elles réglementées dans le monde ?
• Quels sont les produits NGT en cours de développement ou déjà commercialisés dans le monde ?
  • Les États-Unis, pays leader sur les produits NGT commercialisés
  • La Chine prévoit d’augmenter la part de cultures NGT disponibles pour l’alimentation en 2026
  • Une tomate NGT vendue au Japon, une banane bientôt commercialisée aux Philippines
• Quels sont les produits NGT en cours de développement en Europe ?
• Quel calendrier des négociations en trilogue sur les NGT au sein de l’UE ?

NGT, c’est le terme utilisé pour désigner les nouvelles techniques génomiques (NTG, ou NGT en anglais), apparues après l’adoption de la législation de l’Union européenne sur les OGM en 2001. Dans le domaine de la sélection végétale, ces techniques NGT permettent de développer des variétés de végétaux avec des modifications « plus ciblées et plus précises du génome » que la sélection conventionnelle, selon la Commission européenne. 

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Dans l’UE, ces plantes sont considérées depuis 2018 comme des OGM. Sous l’influence de certains semenciers et de représentants professionnels agricoles, et à la demande d’États membres, la Commission européenne avait proposé en 2023 un nouveau règlement visant à sortir certaines plantes NGT de la législation OGM. Dites de « catégorie 1 », ces plantes NGT ont de courtes modifications génétiques sans insertion d’ADN étranger, et sont donc considérées comme équivalentes aux plantes sélectionnées de manière conventionnelle. Bruxelles a en particulier défini un seuil pour la taille des modifications génétiques des plantes NGT de catégorie 1, à 20 nucléotides maximum. À date d’aujourd’hui, des négociations en trilogue sont toujours en cours entre la Commission, le Conseil de l’UE et le Parlement européen pour aboutir à une réglementation sur les végétaux NGT. La présidence danoise du Conseil de l’UE espère aboutir à un accord avant le 31 décembre, date de fin de son mandat. 

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En dehors de l’UE, différents pays adaptent ou ont déjà élaboré leur réglementation concernant les variétés issues des NGT. Les États-Unis, le Japon ou la Chine par exemple autorisent la culture de plantes issues des NGT, avec certains produits déjà commercialisés. En fonction des pays, la législation ou le règlement sur les NGT diffère plus ou moins de celle des OGM. Retrouvez le détail des réglementations de différents pays au sein de la carte suivante, dont les données ont été partagées par l’Union française des semenciers (UFS) et par la Fédération internationale des semences (ISF). Les États-Unis et le Japon ont par exemple fixé une approche au « cas par cas » pour les NGT. Tandis que la Chine travaille encore sur son cadre réglementaire, qui considère les NGT comme des OGM mais avec des procédures d’évaluation simplifiées.

Carte mondiale des réglementations sur les nouvelles techniques génomiques en octobre 2025

Crédit : Union française des semenciers (UFS), International Seed Federation (ISF)

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En conférence de presse le 14 octobre, l’Association française de biotechnologie végétale (AFBV) a présenté divers exemples de produits NGT développés au niveau mondial. Selon l’association, 49 produits sont en cours de développement, et seulement quatre sont déjà commercialisés. Deux variétés de maïs et une laitue romaine sous forme de semences sont commercialisées aux États-Unis, et une variété de tomate est vendue au Japon. 

Selon l’AFBV, les États-Unis sont le pays ayant le plus de produits NGT déjà commercialisés jusqu’au consommateur, ou en cours de développement. Par exemple, l’entreprise Corteva commercialise deux variétés de maïs (DP915635 et DP910521) associant des tolérances à des herbicides et des résistances aux insectes. Ces variétés, modifiées notamment à l’aide de NGT, intègrent aussi des transgènes et sont donc considérées comme des OGM dans l’UE. Aussi, une laitue romaine éditée non transgénique résistante au brunissement est vendue sous forme de semences par la société Green Venus.

D’autres produits ont été approuvés et pourraient être commercialisés d’ici à 2029. En conférence de presse, l’AFBV cite une moutarde brune, des amandiers, du riz, des blés, des sojas, des camelines, des colzas, des navettes ou encore des tomates. Une luzerne avec un profil en lignine modifiée pour améliorer la digestibilité des fourrages pour bovins/ovins pourrait bientôt être commercialisée par les entreprises S&W Seeds et Cibus. Et Corteva prévoit notamment de lancer deux variétés de maïs en 2027 et 2028. La première variété de maïs, de petite taille, aura « de meilleurs rendements et une résistance aux évènements météorologiques extrêmes ». Et la seconde contiendra des résistances à « quatre maladies clés », indique la firme.  

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La Chine est le deuxième pays à commercialiser et développer des produits NGT. Selon l’AFBV, l’un des produits les plus avancés est une variété de blé plus résistante au mildiou par rapport à la sélection classique, dont la farine est déjà commercialisée uniquement dans la moitié nord de la Chine, développé par QI Biodesign. Aussi, deux maïs à hauts rendements sont en cours de développement par Origin Agritech et Wimi Biotechnology. Une variété de riz avec un rendement amélioré et une résistance à des stress abiotiques et à des insectes est en cours de test par QI Biodesign. Tout comme cinq variétés de sojas, dont trois avec des hautes teneurs en acide oléique (Shandong Bellagen), un à rendement et tolérance aux maladies renforcés (Suzhou Qihe) et un à traits agronomiques et nutritionnels optimisés (China Seed). Selon Alain Bonjean, administrateur de l'AFBV et spécialiste de l’agriculture chinoise, la Chine prévoit d'augmenter rapidement la part de cultures NGT disponibles pour l'alimentation à partir de 2026. 

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Au Japon, l’entreprise Sanatec Seed met en vente une variété de tomate sicilian rouge à forte teneur en acide gaba-aminobutyrique (GABA), dont la consommation donnerait divers effets bénéfiques pour la santé selon la firme. Et aux Philippines, l’entreprise britannique Tropic BioSciences prévoit de commercialiser en 2025 une banane résistante au brunissement, selon l’AFBV. 

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En Europe, différentes entreprises et start-ups travaillent aussi à développer des variétés NGT, malgré l’absence de réglementation dans l’UE. L’AFBV donne l’exemple de la start-up danoise HealthyCrop qui travaille sur la réactivation d’un gène endogène permettant une suppression des mycotoxines et donc une réduction des fongicides. L’entreprise réalise des travaux sur le maïs, le blé, et la pomme de terre. En Norvège, l’entreprise AgriBiotix en lien avec l’institut publique de recherche Nibio a développé une variété de laitue résistante à la moisissure blanche. Et en Italie, l’entreprise EdiVite a développé un pied de chardonnay capable de résister au mildiou, avec de premiers essais en champ. Pour Philippe Dumont, responsable des relations internationales de l’AFBV, les premiers les produits NGT qui pourraient être développés en Europe concerneront la vigne, la pomme de terre et les arbres fruitiers. 

Depuis le 14 octobre, les négociations en trilogue ont repris entre le Conseil de l’UE, le Parlement européen et la Commission européenne. Selon nos collègues d’Agra Europe, les négociateurs du Parlement et du Conseil sont parvenus à se mettre d’accord sur les critères d'équivalence entre les NGT de catégorie 1 et les plantes conventionnelles. Des sujets sont toujours débattus, comme notamment la question des brevets. L’idée, portée par les États membres et à laquelle s’est opposé le Parlement, est d’autoriser la brevetabilité des plantes NGT-1. Le prochain trilogue est prévu en novembre, avant un dernier en décembre. 

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