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Hauts de France
Innovation et communication, les facteurs clés de l’agriculture de demain

Dans le cadre du mois de l’innovation publique, s’est tenu à Amiens le séminaire « L’innovation, une des clés de l’agriculture de demain ? ». Des agriculteurs, des responsables de start-ups, des enseignants, des chefs d’entreprise du secteur agricole étaient invités.

objet connecté
Les objets connectés facilitent le travail des agriculteurs.
© Dominique Poilvet

Organisé par Rev’Agro (pôle territorial  de partenaires en projets AgTech), iTerra (incubateurs et accélérateurs de start-ups) et Agricultures du Futur (dont l’objectif est de capitaliser et de diffuser l’innovation agricole en Hauts-de-France), le séminaire L'innovation, une des clés de l'agriculture de demain ? été rythmé par trois temps forts.

Le premier d’entre eux avait pour thème « Produire mieux avec moins ». Un des défis majeurs de l’agriculture, et qui plus est de l’agriculture de demain, est de produire toujours mieux en termes de qualité et de quantité avec moins et en particulier moins de ressources disponibles. L’innovation permet de répondre à cet enjeu, notamment les objets connectés. Coline Bourgin-Bretin, élève à Unilasalle de Beauvais et co-inventrice de Trace-Tout explique : « Nous avons voulu mettre le numérique au service de l’élevage en mettant au point un collier ou un bracelet connecté pour bovins et équidés permettant de gérer le troupeau ou l’animal à l’extérieur des pâtures. Cet objet intègre un suivi GPS, une clôture virtuelle et un suivi santé. Il permet à l’éleveur de gagner du temps en lui évitant les trajets aller-retour à la pâture et au vétérinaire d’avoir accès aux données de santé ». Un prototype a déjà été mis au point et des tests seront effectués courant 2022.

Ce sont aussi des objets connectés qui permettent de contrôler à distance les fermes verticales construites et opérées par la société Jungle. Gilles Dreyfus, présidente et co-fondateur de l’entreprise souligne : « Nous avons des cycles de culture plus courts, nous n’utilisons pas de pesticides, nous économisons 95 à 98 % d’eau mais nous ne voulons pas remplacer quoi que ce soit. Développée à la bonne échelle, l’agriculture verticale peut permettre la souveraineté nationale en produits frais ciblés, 365 jours par an et pourra devenir une alternative viable aux importations ».

Se créer des revenus supplémentaires

Autre exemple du numérique au service de l’agriculture : Javelot, un outil numérique du stockage de matières premières agricoles développé en 2018. « Optimiser le stockage passe, entre autres, par le numérique. En France, 70 millions de tonnes de grains sont produits chaque année et nous surveillons aujourd’hui 4 à 5 % du stockage et nous nous dirigeons vers 20 % » affirme Félix Bonduelle, CEO et co-fondateur de Javelot.

Les agriculteurs sont amenés à avoir de plus en plus de casquettes

« Retrouver la maîtrise et accroître son autonomie » était le second thème abordé. En réduisant les intermédiaires, les agriculteurs reprennent la main sur leur métier et profitent de ces opportunités pour innover et se créer des sources de revenus supplémentaires. C’est le cas pour ceux qui ont choisi de faire partie du réseau Agrikolis, un réseau de relais colis dans les fermes où les clients qui viennent récupérer leurs commandes passées sur internet peuvent aussi acheter des produits en circuit court : « 70 % des gens achètent des produits dont 30 % deviennent des clients fidèles de la ferme » explique Paula Kuperwaser, chargée du développement réseau. Un réseau qui compte aujourd’hui 200 fermes affiliées avec deux millions d’euros reversés aux agriculteurs.

Lire aussi : Un « bon deal » pour les agriculteurs - Un million d’euros pour les partenaires du réseau Agrikolis

Pierre-Louis Lambert, agriculteur ayant repris l’exploitation familiale en Picardie, a choisi lui de se diversifier en créant des chips de blé et la marque Ferm Fabrik. « Avec ce projet, mon objectif était de réer de la valeur ajoutée en utilisant des ingrédients bruts locaux le moins travaillés possible ».
Parcours sensiblement identique pour Grégoire Leleu, co-gérant du Gaec Saint-Gérard qui a créé la marque FermOgoût : « Nous avons choisi de lancer notre marque pour gagner en autonomie, l’important c’est d’avoir plusieurs débouchés. Les agriculteurs sont amenés avoir de plus en plus de casquettes ».

Savoir communiquer

Le troisième et dernier temps fort « Former et innover pour sensibiliser et communiquer » a montré la nécessité pour les agriculteurs de continuer à se former tout au long de leurs parcours professionnel grâce, par exemple, au Fab Lab Agricole d’Unilasalle ou encore à des associations, comme Trame, qui forment des collectifs d’agriculteurs.

Si la formation est une évident nécessité pour rester compétitif, savoir communiquer est un autre impératif de notre époque. « L’information et la communication sont partout. La communication fait désormais partie du métier d’agriculteur et les agriculteurs font de plus en plus d’efforts pour transmettre les valeurs qui leur sont chères » souligne Gaelle Kotbi, coordinatrice des programmes de création d’entreprise à Unilasalle.

« Le lien s’est distendu entre les agriculteurs et la société et chez Agora, nous avons réfléchi à comment recréer ce lien et nous avons estimé que le mieux était de faire partager le métier de nos adhérents pour le valoriser. Et pour ce faire nous avons décidé de nous adresser aux enfants qui viennent sur le terrain et qui reçoivent les agriculteurs en visite dans leurs classes à travers l’Agora des collèges » explique Thierry Dupont, président de la coopérative Agora. Et pour aller plus loin, l’Agricurieux Tour est né. Ouvert à toutes le les coopératives agricoles de France, il a pour objectif d’aller à la rencontre des jeunes générations pour mettre en lumière le rôle essentiel des agriculteurs.

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