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Guerre en Ukraine : l’Afrique déjà touchée sur le plan alimentaire

La guerre qui fait rage en Ukraine entraîne de désastreuses répercussions économiques et sociales au Maghreb et dans l’ensemble de l’Afrique. Le FMI s’inquiète de cette situation et se dit prêt à aider le continent africain.

répercussions guerre
Le Maroc qui est confronté depuis des mois à une sécheresse importante ne va pas pouvoir tabler sur ses récoltes habituelles et va donc dépendre encore plus des importations de blé.
© J.C. Gutner

« L’Afrique est particulièrement vulnérable face aux répercussions de la guerre en Ukraine qui sont susceptibles d’emprunter quatre canaux distincts : l’augmentation des prix des denrées alimentaires, la hausse des prix des combustibles, la baisse des recettes du tourisme et un accès potentiellement restreint aux marchés internationaux de capitaux » a déclaré hier Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, lors d’une rencontre avec des gouverneurs de banques centrales africaines, de ministres des Finances africains et des représentants de la Commission économique pour l’Afrique des Nations Unies. Elle a poursuivi : « En ce moment difficile, le FMI se tient prêt à aider les pays africains à remédier aux répercussions de la guerre et à les aider dans la conception de la mise en œuvre de réformes en leur prodiguant des conseils, en contribuant aux développements de leurs capacités et en leur accordant des prêts ».

Les denrées alimentaires de base font l’objet de spéculation en Tunisie

Un prêt du FMI, c’est ce qu’attend le gouvernement tunisien qui en a fait la demande récemment afin de préserver une économie déjà lourdement endettée. Plongée dans une crise économique qui s’est un peu plus aggravée avec la pandémie et la baisse de fréquentation touristique (qui risque de ne pas s’améliorer puisque la clientèle russe est la deuxième du pays, derrière les Français), la Tunisie est aujourd’hui confrontée à une envolée des prix et à une pénurie des denrées alimentaires de base. Très dépendant de l’étranger, le pays importe principalement de d’Ukraine et de Russie près de 64 % des céréales qu’il consomme (33 % pour le blé dur, 85 % pour le blé tendre et 71 % pour l’orge). Les autorités tunisiennes affirment avoir des stocks pour trois mois et les produits de base sont subventionnés. Il est pourtant aujourd’hui courant pour la population de ne pas trouver certains produits élémentaires comme le riz, la semoule, le sucre et la farine. Des produits qui font aussi l’objet de spéculation, surtout à quelques jours du ramadan qui va débuter début avril. Face à cette pratique qui ne cesse de s’étendre, les autorités mènent des contrôles et annoncent que les personnes stockant les produits alimentaires dans des entrepôts illégaux dans le but de les revendre plus cher vont risquer de lourdes sanctions pouvant aller jusqu’à des peines de prison.

Un risque de pauvreté accru

Lors de la présentation à Tunis de son rapport intitulé « La guerre en Ukraine : impacts et mesures à prendre », l’Institut arabe des chefs d’entreprise a enjoint la Tunisie à mettre en place une cellule de crise afin de déterminer quelles mesures d’urgence elle devait prendre pour diversifier ses sources d’approvisionnement en céréales.

Le Maroc, confronté à une terrible sécheresse depuis des mois, est lui aussi impacté par le conflit russo-ukrainien. Le royaume a importé l’an passé plus de 4,5 millions de tonnes de blé dont 36 % venaient d’Ukraine et de Russie. Les autorités affirment que la pays a un stock pouvant couvrir cinq mois de consommation mais les prix flambent à un point tel que plusieurs associations de consommateurs ont demandé au gouvernement de freiner leur hausse. L’Algérie a pour sa part importé l’an passé entre 7 et 11 millions de tonnes de blé, avec une grande part achetée à l’Ukraine et la Russie.

L'Egypte dépendante à 85% de l'Ukraine et de la Russie

L’Egypte, principal importateur de blé du continent africain, avec 13 millions de tonnes en 2021, est aussi dépendante des deux pays en guerre puisque 85 % de ses importations proviennent d’Ukraine et de Russie. Au-delà du Maghreb, c’est le continent tout entier qui va pâtir des répercussions de cette guerre. Ainsi, la pénurie de blé provoquée par le conflit russo-ukrainien risque d’impacter lourdement le Nigeria qui pourrait voir  plusieurs millions de ses habitants basculer dans la pauvreté en raison de la flambée des prix des denrées alimentaires  La situation actuelle rappelle tristement les émeutes de la faim qui avaient essaimé dans différents pays pauvres en 2007-2008. Des émeutes qui avaient été provoquées par une hausse très importantes des  prix des produits alimentaires de base.

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