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Variétés de blé bio : une offre qui s'étoffe pour répondre aux différents besoins 

Les producteurs bio disposent d’un choix variétal en blé de plus en plus large. Pour autant, ils sont encore peu nombreux à utiliser les variétés inscrites pour l’agriculture biologique. Quels intérêts présentent-elles et selon quels critères prendre sa décision ?

<em class="placeholder">Champ d&#039;essais variétaux 2025 en blé tendre mené dans le cadre d&#039;Expébio</em>
Pendant longtemps, les producteurs bio ont dû se contenter de variétés issues de la sélection conventionnelle. Depuis quelques années, des variétés sélectionnées spécifiquement pour les besoins du bio font leur apparition.
© A. Tréguier/ Arvalis

La majorité des surfaces de blé bio sont cultivées avec des variétés conventionnelles inscrites au catalogue officiel, souvent des blés de force (BAF) ou améliorants pour s’assurer une bonne teneur en protéine. Pourtant depuis 2011, les sélectionneurs ont la possibilité d’inscrire des variétés au catalogue officiel avec la mention « agriculture biologique (AB) ».

Les semences de ferme et les variétés de pays restent plébiscitées

Pour figurer dans cette liste, les variétés sont passées au crible d’un dispositif d’évaluation adaptée à la production biologique. En plus de l’évaluation classique du rendement, de la valeur technologique, de la capacité de résistance aux maladies et de la verse, les spécificités de l’agriculture biologique sont prises en compte : évaluation du pouvoir concurrentiel vis-à-vis des adventices (notation du pouvoir couvrant, prise en compte de la hauteur) et de la résistance à la carie.

En blé tendre, une vingtaine de variétés est inscrite à ce jour. Les producteurs ont-ils intérêt à piocher dans cette liste ? « Les producteurs bio n’ont pas forcément l’habitude d’utiliser le choix variétal comme un levier », constate Julien Halska, conseiller grandes cultures bio à Bio en Bourgogne Franche-Comté. Sur le terrain, il constate l’utilisation de variétés conventionnelles qui ont fait leur preuve en bio, souvent en semences de ferme, mélangées à des variétés de blé dites « de pays » reconnues pour leur rusticité.

Parmi les variétés inscrites en bio, certaines ont pourtant été sélectionnées pour répondre aux attentes spécifiques de la production bio. C’est le cas historiquement des variétés d’Agri Obtentions (un tiers des variétés pour l’AB) et de Lemaire Desfontaines. Mais d’autres obtenteurs comme Lidéa, RAGT, KWS, Limagrain ou Secobra recherches ont inscrit des variétés pour l’AB. Dans certains cas, elles sont issues de la sélection pour l’agriculture conventionnelle avec un profil qui s’avère adapté au bio.

Des variétés bio récentes qui doivent faire leur preuve

« Lors de notre enquête moisson menée en 2025, sur une soixantaine de producteurs, seulement huit ont déclaré utiliser des variétés avec la mention AB », illustre Julien Halska. Ils citent notamment la variété Geny d’Agri Obtentions (filiale d’Inrae) et Abracadabra de Secobra recherches. Selon les chiffres d’Arvalis au niveau national, les variétés Lennox, Izalco CS, Energo ou encore Geny figurent parmi les plus cultivées par les céréaliers bio. Seule obligation pour les producteurs certifiés bio : la variété doit avoir été multipliée dans le respect du cahier des charges biologique.

La plupart des variétés adaptées à l’AB ont été inscrites après 2018. « C’est compliqué pour une nouveauté de pénétrer le marché, avance Agnès Tréguier, ingénieure R & D au pôle variétés et génétique d’Arvalis. Il faut un temps d’appropriation de la part des producteurs comme des meuniers. » Elle constate malgré tout une augmentation des surfaces multipliées et cultivées.

Trouver un compromis entre rendement et qualité

De son point de vue, le distinguo entre variétés classiques qui se comportent bien en bio et celles spécifiquement adaptées à la bio n’est pas déterminant. « Dans le réseau d’essais Expébio, nous testons indifféremment les deux », précise-t-elle. Coordonné par l’Itab, Arvalis et les Chambres d’agriculture, le réseau Expébio permet d’évaluer chaque année le comportement d’une soixantaine de variétés françaises ou étrangères en itinéraire bio. En plus des rendements et des protéines, les critères de hauteur, précocité à épiaison, maladies ou encore pouvoir couvrant sont observés. « Au final, le choix variétal doit se faire en fonction de ses objectifs plutôt qu’en fonction de l’origine de la variété », considère l’ingénieure. L’outil « Choix des variétés - Blé tendre » d’Arvalis permet de sélectionner des critères et sa localisation pour obtenir une liste de variétés adaptées à sa situation.

Un aspect recherché par les producteurs est de sécuriser leur revenu avec un niveau de rendement correct tout en visant le débouché de la meunerie. « Au niveau variétal, il existe une relation négative entre la productivité et la teneur en protéines, explique Agnès Tréguier. Les variétés conventionnelles ont souvent une bonne productivité mais peuvent être faibles en protéines. » « Certains blés de force peuvent montrer une bonne teneur en protéines mais une qualité boulangère insuffisante », complète François Cuvelier, directeur commercial d’Agri Obtentions. Sélectionner des variétés qui présentent un bon compromis entre rendement et qualité est le principal axe de recherche d’Agri Obtentions. « La variété Geny correspond à ce profil, explique François Cuvelier. On a aussi deux nouveautés sur ce créneau : Glenan et Gergovie. » Agnès Tréguier cite également les variétés Energo (mais sensible à la rouille jaune) et Montalbano, ainsi que deux variétés récentes « prometteuses », Camillus et Phildor (liste AB) qui valorisent bien l’azote et présentent un bon profil par rapport à la rouille jaune.

Du côté des variétés typées protéines, on peut citer Togano, Izalco CS, Adamus ou encore Mossette qui montre également une bonne valorisation de l’azote. « En situation d’azote très limitante, il convient de choisir des variétés au potentiel limité mais à teneur en protéines élevées », peut-on lire dans la synthèse 2025 des essais bio d’Arvalis.

Adapter sa variété au potentiel du sol et à ses pratiques

Certains producteurs vont opter pour des variétés qui permettent d’obtenir des rendements élevés. « Elles peuvent être utilisées durant la phase de conversion, en mélange ou derrière une luzerne où il va être possible d’aller chercher à la fois du rendement et de la qualité grâce au précédent », avance François Cuvelier. Les variétés Gwenn (Agri Obentions) ou RGT Capexo (RAGT) correspondent à ce profil. « Dans le cas d’une utilisation en mélange, elles sont utilisées pour amener du rendement au côté de variétés plus typées protéines, fait remarquer Agnès Tréguier. Cela revient à cette notion de compromis. »

Vincent Lefèvre, agriculteur et président d’Ubios (Union semencière entre les coopératives bio Cocebi et Biocer), observe pour sa part que les producteurs bio ont des besoins spécifiques en fonction du potentiel de leurs sols ou de leurs pratiques. Variété plus ou moins couvrante en fonction de la stratégie de désherbage mécanique, hauteur de paille différente selon que l’on souhaite écimer ou non, recherche de biomasse plus en moins importante en fonction des possibilités d’apport d’engrais organiques… tous ces aspects peuvent aussi entrer en ligne de compte dans la réflexion.

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