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Soja : comment optimiser l’inoculation de ses semences ?

L’enrobage des semences au semis ou l’application de microgranulés d’argile restent les pratiques les plus répandues pour inoculer le soja avec des bactéries fixatrices d’azote, mais des innovations arrivent.

Le soja a le pouvoir de fixer l’azote de l’air pour assurer sa nutrition, en plus d’absorber l’azote du sol. Encore faut-il l’aider à accomplir cette fixation rendue possible par une association avec des bactéries symbiotiques du genre Bradyrhizobium. En l’absence in situ de ces bactéries, l’inoculation devient indispensable pour permettre au soja de former ses nodosités. Au fil des années, les techniques d’inoculation ont évolué vers moins de manipulations de produits et plus de souplesse d’utilisation. Selon le produit utilisé, cette pratique coûte entre 25 et 35 euros à l’hectare.

L’inoculation via l’enrobage des graines de soja est la pratique la plus répandue chez les agriculteurs. Terres Inovia préconise les inocula issus de la souche bactérienne G49 contrôlée par Inrae. L’inoculum Force 48 est l’un des leaders sur le marché. Constitué de tourbe et d’un additif collant, il est commercialisé en sachet de 400 g, dose préconisée pour une densité de semis de soja de 100 kg/ha. Ainsi, chaque graine dispose d’au moins l’équivalent d’un million de bactéries, quantité nécessaire à la formation d’un nombre optimal de nodosités.

Pour maintenir les bactéries en vie et permettre à l’inoculum d’adhérer à la semence lors du mélange, l’ajout d’un litre de substrat est indispensable (lait, eau minérale ou non javellisée). « Généralement, le mélange s’effectue dans une bétonnière, précise François Lannuzel, conseiller à la chambre d’agriculture d’Alsace. Pour éviter les chocs et conserver toutes les qualités de la semence, nous préconisons de réaliser cette opération avec précaution et à l’abri des rayons UV, nocifs pour les bactéries. »

L’inoculation des graines peut également être effectuée avec l’inoculum liquide Rizoliq Top conditionné sous la forme d’un pack de 300 ml de solution bactérienne G49 et de 100 ml de Premax, un adjuvant collant. Ce conditionnement correspond au dosage conseillé pour un hectare de culture. « Cette formulation permet de semer jusqu’à 10 jours après l’inoculation, ce qui n’est pas le cas de l’inoculum Force 48 dont le délai entre l’enrobage de la graine et le semis est de 48 heures, indique Xavier Pinochet, expert à la direction des opérations de recherche chez Terres Inovia. Le respect de ces délais conditionne la survie des bactéries et par conséquent la réussite de l’inoculation. »

Une autre technique consiste à distribuer dans la raie de semis des microgranulés d’argile initialement inoculés avec un inoculum sur tourbe (400 g pour 10 kg de microgranulés par hectare). Le mélange s’effectue à sec. Ce mode d’inoculation est plus pratique et limite la manipulation des graines de soja, fragiles et sensibles aux chocs. « Toutefois, cette technique nécessite d’être équipé d’un semoir avec un microgranulateur », souligne François Lannuzel.

Depuis quelques années, une technologie innovante permet maintenant la mise en marché de semences pré-inoculées. Elles sont disponibles avec un surcoût de 7 euros par hectare (hors taxes) par rapport à des semences classiques. Cette innovation apporte plus de souplesse d’utilisation, avec un délai entre l’inoculation des graines et le semis qui passe à 60 jours. Cependant, pour maintenir les bactéries vivantes, une conservation des semences à une température ambiante de 15 à 20 °C est requise.

« Cette technologie est encore peu utilisée, souligne François Lannuzel. Les producteurs de soja destiné à l’alimentation animale utilisent préférentiellement leur propre semence qu’ils inoculent eux-mêmes. » De son côté, Xavier Pinochet émet encore quelques réserves quant à l’utilisation de ces semences pré-enrobées. « Le procédé utilise une souche qui ne bénéficie pas du contrôle qualité de l’Inrae comme c’est le cas de la souche G49, explique-t-il. De plus, la quantité de bactéries apportées par cette technologie est encore insuffisante et peut être risquée pour une première inoculation de parcelle. »

Une assurance qualité avec la souche G49

Pour réaliser l’inoculation du soja, Terres Inovia conseille l’utilisation d’inocula vendus avec le logo Licence Inrae et issus de la souche bactérienne G49. Cette mention garantit l’utilisation d’un produit de qualité. Depuis la Loi d’orientation agricole de 2014, des mécanismes de reconnaissance mutuelle entre les États européens ont été mis en place pour faciliter les procédures d’autorisation de mise sur le marché. Or, certains inocula ne disposent d’aucun contrôle qualité. C’est pourquoi Terres Inovia déconseille l’usage de certains produits de type Biofix In et Liquifix. De plus, l’institut technique constate un niveau d’efficacité significativement inférieur à l’inoculum G49 en termes de rendement, de teneur en protéines et de nodosités formées sur la racine pour certains d’entre eux.

La nature et l’humidité du sol conditionnent la réussite de l’inoculation

 

 
Un nombre conséquent de nodosités atteste d’une inoculation réussie.
Un nombre conséquent de nodosités atteste d’une inoculation réussie. © Terres Inovia

 

L’inoculation est nécessaire lorsque le soja revient dans la parcelle après quatre ans. Elle est toutefois indispensable à chaque implantation de la culture dans les sols calcaires ou sableux. Le faible taux de matière organique dans les sols sableux et l’alternance d’épisodes d’humectation et de dessiccation du sol créent en effet un milieu défavorable aux bactéries.

La survie des inocula dépend de l’humidité et du substrat dans lequel ils ont été appliqués. Sans période de pluie après le semis, le risque de mortalité des bactéries est d’autant plus élevé. La présence de nodosités deux à trois semaines après la levée de la culture atteste de la réussite de l’inoculation. Si les nodosités présentent une couleur rouge, visible par une coupe transversale, alors elles produisent de la leghémoglobine, une protéine qui protège la nitrogénase, enzyme permettant à la bactérie de fixer l’azote atmosphérique pour la transformer en une forme assimilable pour la plante.

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