Septoriose : faire les bons choix variétaux pour éviter les contournements de résistance
Très discrète, voire en régression depuis 2018, la septoriose fait parler d’elle cette année. Face à cette maladie, préjudiciable au rendement de la céréale, il est possible d’utiliser des variétés résistantes, mais des précautions sont à prendre pour éviter l’apparition de contournement.
Très discrète, voire en régression depuis 2018, la septoriose fait parler d’elle cette année. Face à cette maladie, préjudiciable au rendement de la céréale, il est possible d’utiliser des variétés résistantes, mais des précautions sont à prendre pour éviter l’apparition de contournement.
En dix ans, la note moyenne Geves (1) attribuée aux variétés de blé résistantes à la septoriose inscrites au catalogue est passée de 5,5 à 6,3. C’est le signe de l’évolution favorable de la génétique pour lutter contre cette maladie foliaire des céréales à paille.
Le choix variétal fait partie des leviers pour lutter contre la septoriose, en plus de l’agronomie, de la chimie, des biocontrôles ou des biostimulants. Les semenciers et les techniciens sont toutefois unanimes, plus on cumule de leviers, mieux c’est. Un des enjeux concernant cette maladie est d’éviter qu’elle contourne la résistance des variétés sélectionnées et que celles-ci deviennent plus sensibles au pathogène.
Les variétés résistantes permettent de réduire les traitements fongicides
Opter pour des variétés résistantes à la septoriose est un premier levier pour éviter l’apparition d’un contournement. « L’idéal est de choisir des variétés dont la note de tolérance est supérieure à 6,5 », conseille Jacky Reveillère, responsable agronomique à Axéréal. Choisir des variétés résistantes permet notamment de supprimer le premier traitement des blés et « ainsi de limiter la pression de sélection exercée par les fongicides », fait savoir Arvalis dans ses recommandations 2023 pour limiter la pression de la maladie.
Pour les variétés bien notées face à la septoriose, l’application d’un seul fongicide suffit souvent à contrôler la maladie. L’intervention doit avoir lieu au stade DFE (dernière feuille étalée) du blé, pour traiter sur une feuille épanouie et réceptive. « En utilisant de façon raisonnée les fongicides de la famille des SDHI ou des triazoles, l’apparition de résistance peut être minimisée », indique Emmanuel Sterlin, responsable marketing et communication pour le réseau Deleplanque - Saaten-Union.
Le choix des agriculteurs ne se fait pas forcément dans ce sens-là. « Ils ont plutôt tendance à privilégier des variétés avec une bonne note comportementale face aux maladies de début ou de fin de cycle (rouilles, fusariose) ou face à la verse », remarque Amélie Cardine, conseillère en productions végétales à la chambre d’agriculture du Calvados. Concernant la septoriose, c’est la sécurité de la protection fongicide en traitement préventif qui l’emporte sur le choix d’une variété résistante. « Ils jugent les dégâts potentiels de la septoriose sur le rendement trop importants pour prendre ce risque », considère la conseillère.
Le levier du mélange variétal montre son efficacité
Le mélange variétal peut également être une solution. « Pour retarder l’apparition d’une résistance, il est indispensable de cultiver plusieurs variétés de blé au sein d’une exploitation pour éviter que les pathogènes contournent la résistance », avance Jacky Reveillère. « Pour que cette pratique soit efficace, l’agriculteur doit mélanger des variétés avec des résistances complémentaires et issues de lots de semences certifiées », complète Richard Summers, responsable sélection et recherche céréalière à RAGT. Les préconisations sont de trois variétés avec des caractéristiques différentes pour diluer le risque de dispersion des maladies et complexifier le contournement de la résistance.
Une résistance variétale qui a ses limites
Reste que les variétés résistantes à la septoriose actuellement sélectionnées le sont pour un ou plusieurs gènes mais pas pour tous. Selon les années, certaines souches du champignon responsables de la maladie s’expriment plus que d’autres et la variété peut donc avoir des symptômes de septoriose tout en étant « catégorisée » résistante.
Pour retarder l’apparition de résistance à la septoriose, d’autres leviers en complément du choix variétal sont possibles : opter pour une variété avec un port de feuilles dressé pour limiter l’effet splashing et, par conséquent, la propagation de la maladie, diversifier la rotation pour rompre le cycle des champignons ou encore adapter la fertilisation azotée pour rendre la plante moins attractive pour les pathogènes.
Septoriose sur blé tendre : des gènes de résistance nombreux qui rendent la sélection génétique difficile
Contrairement à d’autres maladies, comme les rouilles, les gènes de résistance qui contrôlent la septoriose sont très difficiles à sélectionner. Plus d’une vingtaine a été identifiée dans le monde avec des combinaisons multiples qui complexifient le travail de sélection. « Ce qui rend difficile le travail des sélectionneurs, c’est la pression de sélection sur les souches pathogènes des champignons, explique Olivier Borde, marketing manager à Syngenta. Elle aboutit à l’apparition de souches plus virulentes à cause du climat, des fongicides et de la capacité du pathogène à contourner les gènes de résistance. » Une vraie course s’établit entre l’évolution des souches de champignons et l’identification des gènes de résistance. « Des variétés historiquement connues pour leur résistance à la septoriose ne sont plus aussi intéressantes aujourd’hui, car de nouvelles vagues naturelles de champignons contournent cette résistance. Il nous faut sélectionner de nouveaux gènes et veiller à ce que la variété reste productive et résistante à d’autres maladies », confirme Richard Summers, responsable sélection et recherche céréalière à RAGT.