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Repousses de céréales dans le colza : comment préserver le rendement ?

Moins de labour et plus de semis précoces pour le colza favorisent la levée de repousses de céréales. Leur pouvoir concurrentiel est fort mais des solutions existent, plus simples que pour les graminées résistantes.

En cas de forte infestation de repousses de céréales, il est conseillé d'intervenir tôt, quand elles ont 2 à 3 feuilles, avec un antigraminée foliaire.
En cas de forte infestation de repousses de céréales, il est conseillé d'intervenir tôt, quand elles ont 2 à 3 feuilles, avec un antigraminée foliaire.
© Terres Inovia

La problématique des repousses de céréales constitue un véritable enjeu. Spécialiste du désherbage à Terres Inovia, Franck Duroueix souligne que « dès cinq repousses au mètre carré, le rendement du colza chute de 1 quintal par hectare (q/ha) (- 3 q/ha pour 24 plantes/m2). En outre, ces graminées ne sont pas contrôlées par les herbicides de prélevée. Elles étouffent le colza et le concurrencent. Or, la levée d’un colza doit être rapide pour avoir des plantes robustes, capables de tolérer les larves d’altises en fin d’automne. »

Le développement des repousses de céréales après moisson dépend fortement du climat et surtout de la pluviométrie. Après un été sec, les faux semis s’avèrent sans effet et les repousses lèvent. « Dans ce type de situation, les antigraminées foliaires s’utilisent alors sur plus de 500 000 hectares de colza, contre 300 000 lors de climat plus pluvieux », constate Franck Duroueix.

En cas d’infestation modérée des repousses (moins de 5-10 repousses/m2), on peut se contenter d’un traitement à base de propyzamide de type Kerb flo. Il sera positionné en novembre, et permettra aussi de contrôler les vulpins et les ray-grass en évitant les phénomènes de résistance. En cas d’infestation plus marquée, avec des repousses très concurrentielles, il faut dès septembre utiliser un antigraminée foliaire entre les stades 3 feuilles et début tallage pour les repousses de céréales.

Franck Duroueix préconise l’application de doses modulées, par exemple d’Agil à 0,4 l/ha, de Pilot à 0,6 l/ha, de Centurion 240 EC à 0,5 l/ha (avec huile pour ces produits) ou encore de Stratos Ultra à 1 l/ha avec Dash. Il conseille une utilisation préférentiellement entre les stades 2 à 4 feuilles du colza.

Christophe Fusy, d’Alliance négoce (filiale d’Axéréal) dans le Cher, et Philippe Marion, de la chambre d’agriculture de la Marne, insistent quant à eux sur la nécessité d’être réactif et d’intervenir assez tôt : stade 3 feuilles, voire 2 feuilles des céréales en cas de forte infestation, « et ce, quel que soit le stade du colza ». Les deux techniciens recommandent un traitement avec une molécule de la famille des Fop (produits Ambition, Targa, Pilot). « Ces molécules fonctionnent bien dans ce type de situation, explique Philippe Marion. Mais cela reste plus compliqué en conditions sèches et chaudes. »

Pour le technicien, la Cléthodime, plus chère, de la famille des Dimes, n’est à utiliser que si l’on vise aussi des graminées adventices résistantes (ray-grass, vulpin), afin de préserver son efficacité sur ces dernières. Dans les situations les plus difficiles, par exemple dans les andains de moissonneuse-batteuse, Christophe Fusy propose une double application d’Ambition à 0,3 l/ha, par exemple. Il faut dans ce cas respecter des conditions d’hygrométrie d’au minimum 60 %.

Déchaumer tôt et régler la moissonneuse-batteuse

« Pour éviter d’avoir des repousses, en particulier dans les andains de récolte, il faut absolument vérifier le réglage des moissonneuses, souligne Philippe Marion. Ensuite, il est bon de déchaumer le plus tôt possible après la moisson. » Mais la lutte agronomique avant le semis de colza reste limitée en pratique. Les levées de céréales comme l’escourgeon continuent en automne, et les vulpins lèvent tard. De plus, en conditions sèches, les agriculteurs minimisent le travail du sol pour garder l’humidité. Quant au labour, levier majeur de la lutte contre les graminées, Franck Duroueix le déconseille en sol argileux, car il engendre des difficultés de levée pour le colza.

La gestion des graminées s’effectue aussi sur la rotation culturale, avec l’introduction de cultures de printemps (maïs, soja…). Les faux semis d’été et d’automne, un labour occasionnel et le décalage des dates de semis de céréales complètent la panoplie. « Le glyphosate demeure un moyen de gestion très efficace en non-labour, rappelle le conseiller de Terres Inovia. Il détruit les graminées développées et les repousses de céréales repiquées. » En sortie d’hiver à l’interculture, il termine le travail commencé par un travail du sol superficiel.

Des vulpins et des ray-grass de plus en plus résistants

 

 
Les vulpins résistants sont détruits efficacement dans le colza avec la propyzamide.

« La résistance des vulpins et des ray-grass aux inhibiteurs de l’ALS (sulfonylurées) et de l’ACCase, (fop et dime) devient de plus en plus fréquente, note Franck Duroueix, Terres Inovia. La cléthodime garde son efficacité. Mais des phénomènes de résistance à cette molécule sont constatés. Utilisée sur de nombreuses cultures (betteraves, pois…), elle est parfois la seule solution antigraminée, comme dans le lin. Il faut la préserver afin de pouvoir continuer à bénéficier de cette bonne solution de rattrapage les années à venir. »

La propyzamide (Kerb flo) en post-levée à 1,8 l/ha reste la molécule pivot. Elle donne de bons résultats avec son mode d’action racinaire. Il faut positionner le traitement sur un sol à moins de 10 °C (en novembre) et un peu humide. Trop tard, il perd de son efficacité. Une seule application suffit, mais le produit met trois mois pour agir complètement. La patience est donc de mise pour voir son efficacité finale. Herbicide incontournable, il nécessite d’être vigilant sur son impact environnemental.

La propyzamide n’est pas toujours suffisante seule. Aussi, en moyenne ou en forte pression des graminées (ray-grass, vulpin), la prélevée reste nécessaire. Le contrôle du vulpin est plus exigeant, car les substances actives efficaces sont limitées (la napropamide et le métazachlore), et sont l’objet de restrictions d’usage dans certaines situations.

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