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Orge de printemps : un traitement de semences pour s’économiser une application foliaire

La société BASF commercialise cette campagne le traitement de semences Systiva pour les orges de printemps. Le produit permet de protéger les céréales des maladies foliaires, au moins sur les premiers mois de culture.

La rhynchosporiose est la maladie majeure de l'orge de printemps. © Arvalis
La rhynchosporiose est la maladie majeure de l'orge de printemps.
© Arvalis

Ne plus faire d’application foliaire sur des orges semées après le 15 février : c’est ce que promet BASF avec l’utilisation du traitement de semences (TS) Systiva sur orge de printemps. « Systiva se compose de Xemium (fluxapyroxad) à 330 g/l. Il vise la rhynchosporiose et l’oïdium, deux maladies qui arrivent précocement sur orge de printemps, présente Jérôme Tournier, responsable pôle céréales chez BASF. Nous le recommandons en association avec un TS comme Premis 25 FS qui protège les orges des maladies des semences tel le charbon nu. » L’utilisation de Systiva doit permettre de s’affranchir d’un traitement fongicide en foliaire. Les agriculteurs appliquent des programmes à un ou deux traitements.

« Pour des semis effectués avant le 15 février, dans les zones océaniques par exemple, il y a souvent deux applications foliaires. L’utilisation de Systiva permet la suppression du premier traitement mais pas du second, expose le spécialiste de BASF. Mais avec des semis faits après la mi-février, il ne sera pas nécessaire d’appliquer de fongicides foliaires dans la plupart des cas. » Sur orge de printemps, la date de semis joue davantage que la tolérance variétale sur le développement de maladies, selon Jérôme Tournier. Le développement d’helminthosporiose est peu fréquent avec des semis effectués après le 15 février.

Rhynchosporiose : maladie dominante de l’orge de printemps

« La rhynchosoriose est le pathogène qui domine sur orge de printemps. La croissance rapide de cette céréale profite à ce champignon, confirme Jean-Yves Maufras, spécialiste maladie des céréales chez Arvalis. L’helminthosporiose peut attaquer l’orge de printemps aussi, mais plus tardivement. Nous avons testé Systiva sur orges d’hiver et de printemps en 2012 et 2013. Les performances étaient excellentes aussi bien sur rhynchosporiose que sur helminthosporiose à l’époque. »

Pourquoi une telle ancienneté des essais pour un produit mis sur le marché cette campagne ? Le produit de TS Systiva a été homologué en 2013 puis il est resté dans les cartons. « Le fluxapyroxad, molécule de Systiva, appartient à la famille chimique des SDHI. En 2013, nous avions observé que l’utilisation de ce produit pouvait entraîner un risque de développement rapide de la résistance de l’helminthosporiose aux SDHI. Nous avions donc décidé de reporter le lancement de Systiva », explique Jérôme Tournier.

Depuis, avec l’application des produits foliaires contenant des SDHI, des populations d’Helminthosporium résistantes ont fini par se développer et elles sont dorénavant dominantes. La fréquence de résistance des isolats collectés se situe à 70 %. On ne peut plus trop compter sur les SDHI pour maîtriser cette maladie. Systiva garde son intérêt majeur pour lutter contre la rhynchosporiose, l’autre maladie majeure de l’orge.

Ne plus recourir aux SDHI en foliaire si Systiva est utilisé

Même avec l’utilisation de Systiva, il peut demeurer nécessaire de faire un traitement fongicide foliaire, si par exemple l’helminthosporiose venait à se développer. « Ce traitement doit se faire sans SDHI. Nous préconisons l’association d’un triazole et d’une strobilurine, comme cela existe dans le produit Fandango S (prothioconazole + fluoxastrobine), leader sur le créneau du T2 de l’orge, cite Jean-Yves Maufras. De son côté, BASF propose Curbatur (prothioconazole) + Comet 200 (pyraclostrobine). »

Cette préconisation vaut en particulier pour les orges de printemps semées à l’automne. « Dans notre secteur, beaucoup d’agriculteurs ont semé leurs orges de printemps ainsi cette campagne, observe Mathieu Cloup, référent technique à l’Ucata, Ceta du département du Cher. On estime que ces semis constitueront les deux tiers des orges de printemps alors que jusqu’à présent les semis d’automne et d’hiver se partageaient pour moitié les surfaces. Sur ces orges de printemps semées à l’automne, le produit Systiva n’a pu être disponible, remarque le conseiller. Un programme à deux traitements restera d’actualité avec une première application entre les stades 'épi 1 cm' et '1 nœud' et la seconde entre 'dernière feuille' et 'sortie des barbes'. Pour les orges semées fin février à début mars, une seule application fongicide suffit généralement. Mais le recours à Systiva permettra de l’annuler. »

Faut-il rendre systématique l’utilisation de Systiva sur orge de printemps ? Le coût du TS est à prendre en compte : il équivaut à celui d’une application fongicide, aux alentours de 30-40 euros de l’hectare. Son utilisation économisera le coût d’un passage de pulvérisateur. Avec la faible présence de maladie en 2020, les applications fongicides n’ont pas été nécessaires dans de nombreux cas. « Dans des essais, nous n’avons pas vu de différence avec ou sans Systiva en termes de maladies sur les orges dans un contexte parasitaire faible », remarque Jean-Yves Maufras. Systiva n’aura pas été plus nécessaire que les fongicides foliaires dans ce cas.

Systiva sur orge d’hiver dès les semis 2021

Après les orges de printemps, Systiva sera proposé sur orge d’hiver pour la prochaine campagne. « Il sera utile là où il y a de la rhynchosporiose. Mais ce pathogène se montre peu nuisible sur les variétés d’orges d’hiver très utilisées. D’autre part, l’helminthosporiose est la maladie principale de cette céréale, souligne Jean-Yves Maufras, Arvalis. Systiva ne devra pas être systématisé. Nous sommes toujours pour le raisonnement des traitements, qu’ils soient des semences ou foliaires. » BASF réfléchit de son côté aux recommandations futures sur orge d’hiver avec Systiva. Car avec ce TS, il sera important d’avoir des relais fongicides foliaires sans SDHI.

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