Oiseaux : des dizaines de millions d’euros de dégâts en cultures
Maïs, tournesol, cultures légumières… les pigeons et corvidés occasionnent des gros dégâts, mais très variables selon les années et les conditions de cultures. Les filières ont tenté de chiffrer l’impact économique.
Maïs, tournesol, cultures légumières… les pigeons et corvidés occasionnent des gros dégâts, mais très variables selon les années et les conditions de cultures. Les filières ont tenté de chiffrer l’impact économique.
Entre 25 et 45 millions d’euros : c’est l’estimation de la nuisibilité économique annuelle des corvidés (corneille noire, corbeau freux, choucas des tours) sur le maïs, selon les chiffres présentés lors d’un colloque sur les dégâts d’oiseaux à Paris le 24 novembre dernier. « Compte tenu de la forte nuisibilité en cas d’attaque, les corvidés sont classés au troisième rang des ravageurs sur maïs, précise Jean-Baptiste Thibord, Arvalis. L’essentiel des dommages économiques a lieu entre la levée et le stade 3-4 feuilles avec des pertes de plantules. De fortes attaques peuvent conduire à l’abandon de la culture ou à devoir réaliser un nouveau semis, ce qui entraîne des dépenses directes importantes et réduit fortement le potentiel de rendement de la culture. »
Les 2,6 millions d’hectares de maïs semés chaque printemps sont potentiellement exposés à un risque, mais environ 7,5 % des surfaces seraient effectivement concernées par des dégâts significatifs de corvidés en moyenne chaque année, selon des données Arvalis. L’étendue et l’intensité des attaques connaissent une très forte fluctuation selon les années et les conditions. Jean-Baptiste Thibord expose trois éléments qui jouent sur les attaques potentielles : « L’exposition de la parcelle à proximité de lieux de vie des corvidés (villes, bois…), les conditions de préparation de sol et de levée, la protection des semis de maïs. » Sur ce dernier point, un produit de traitement de semences est encore disponible (Korit, à base de zirame) mais pourrait être interdit à terme. Concernant le sol, les préparations avec un sol soufflé et peu rappuyé facilitent l’action des oiseaux.
20 millions d’euros d’impact pour le seul tournesol
Autre culture très exposée : le tournesol. L’institut Terres Inovia dresse régulièrement un état des lieux des dégâts sur la base des déclarations d’agriculteurs. Davantage que les corvidés, ce sont les pigeons (ramier et biset féral) qui détruisent les jeunes plants, à tel point que des agriculteurs renoncent parfois à cultiver le tournesol. « Tous les bassins de production sont concernés. Les pertes économiques s’élèvent à 330 €/ha en cas de ressemis de la culture ou 220 €/ha sans ressemis, soit 24 à 37 % de la marge brute indicative, précise Christophe Sausse, Terres Inovia. Nous estimons à un tiers la proportion des parcelles faisant l’objet d’une attaque. En prenant comme hypothèse 10 % de parcelles vraiment impactées dont la moitié est ressemée, l’impact direct serait, pour une sole de 777 000 hectares, de l’ordre de 20 millions d’euros au niveau national chaque année. Cela reste un ordre de grandeur indicatif. » Les colombidés consomment les jeunes plants dès l’émergence. La nuisibilité n’est effective que si la tige est coupée sur le tournesol.
Des productions légumières fortement touchées par les attaques d’oiseaux
La filière de légumes de plein champ constate une problématique croissante depuis de nombreuses années. Pigeons et corvidés sont mis à la même enseigne. « Au niveau national, il y a peu ou pas d’estimation de surface et de pertes économiques sur les dégâts d’oiseaux pour la filière légumes, remarque Thomas Deslandes, du CTIFL. Au niveau plus local, une enquête de la chambre d’agriculture du Finistère en 2015 avait mis en avant que près de 90 % des agriculteurs interrogés faisaient mention de dégâts. Mais peu remplissaient des déclarations de dégâts (21 %). Sur la période 2008-2015, la moyenne des dégâts déclarés dans le Finistère était de près de 84 000 euros pour les choucas des tours et 80 000 euros pour le pigeon ramier. »
La journée consacrée aux dégâts d’oiseaux a montré que, malheureusement, aucune méthode de protection des cultures ne donnait globalement satisfaction avec, en plus, des attaques difficilement prédictibles des volatiles. Toutefois, il est important de faire les déclarations de dégâts pour leur prise en compte officielle par les pouvoirs publics et la mise en œuvre de mesures ad-hoc, comme celles de destructions directes.