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Moisson 2023 et prix des céréales : quelle stratégie adopter pour la vente de sa récolte ?

La fermeture du corridor d’export de céréales en Ukraine entraîne la hausse du prix des céréales. La moisson 2023 est encore en cours et bon nombre d’agriculteurs s’interrogent sur l’attitude à adopter par rapport à la commercialisation de leurs grains. Quels sont les paramètres à prendre en compte pour prendre la bonne décision ? On fait le point.

Moisson dans l'Indre près d'Issoudun le 7 juillet 2022. Récolte de blé tendre particulièrement précoce, avec du blé Cesario.
Après un an de baisse, les cours des céréales repartent à la hausse face aux incertitudes sur le devenir des exportations ukrainiennes après la non-reconduction du corridor en Mer noire décidée par Vladimir Poutine.
© G.Omnès

La décision de Vladimir Poutine de ne pas reconduire l’accord pour permettre l’export de céréales ukrainiennes en Mer noire fait remonter les prix des céréales depuis quelques jours. « Cela fait plusieurs semaines que les acteurs des marchés des céréales savaient que les Russes ne resigneraient pas l’accord », indique Mikaël Juchet en charge du service Mes Marchés à la chambre d’agriculture du Loiret. « Nos outils indiquent une tendance haussière depuis un mois », confirme Sylvain Jessionesse, de Piloter sa ferme. Cela marque la fin de plus d’un an de baisse vertigineuse des prix des céréales après les records à 430 €/t de blé tendre en mai 2022 pour atteindre environ 240 € en mai 2023 (Euronext).

La volatilité des marchés et la flambée des cours sont renforcées ces derniers jours par l’inquiétude des acheteurs concernant le devenir des exportations de céréales ukrainiennes. Les attaques russes sur les infrastructures logistiques ou le véto des pays d’Europe de l’Est sur les importations de céréales ukrainiennes dans l’Union européenne créent un climat d’incertitudes. « La question est de savoir combien de temps cela va-t-il durer », s’interroge Mikaël Juchet. D’autant que d’autres paramètres que la guerre en Ukraine jouent sur les cours des céréales comme l’incertitude sur la récolte des céréales touchées par la sécheresse aux États-Unis ou le rôle des fonds de pension présents actuellement aux achats sur le marché des matières premières et qui amplifient la volatilité.

Faut-il profiter du rebond des cours des céréales pour engager sa récolte ?

Pour les agriculteurs, c’est le moment de se pencher sur leurs chiffres pour savoir quelle attitude adopter par rapport à la moisson 2023. Difficile de se réjouir de la tournure des choses en Ukraine, mais force est de constater que cette remontée des cours peut constituer une opportunité pour certains. « Pour les moins performants en termes de coûts de production, qui ont par exemple acheté leurs engrais en pleine flambée des prix, on est quasiment dans la fenêtre de tir avec des prix des céréales qui rejoignent les seuils de commercialisation des agriculteurs », indique Mikaël Juchet.

Sylvain Jessionesse considère, lui aussi, qu’on s’approche du seuil de commercialisation moyen du blé tendre, autour de 250 €/t cette année (fourchette entre 230 et 270 €/t), mais qu’il faut garder un temps de réflexion et observer attentivement ce qui se passe du côté des cours. Pour lui, la décision dépend de la situation de chacun. Celui qui a engagé une bonne partie de sa récolte avant mars 2023 et qui a déjà sécurisé ses marges peut se permettre d’attendre. Pour ceux qui n’ont encore rien ou peu vendu, il faut réfléchir en fonction de son volume de récolte. Pour celui qui a fait 10 % de plus que d’habitude, le seuil de commercialisation va se rapprocher des prix des céréales actuellement, avec sans doute des opportunités à saisir pour sécuriser ses marges. Tandis que celui qui fait une récolte 2023 en dessous de sa moyenne va voir son seuil de commercialisation augmenter. Dans ce cas, l’heure sera plutôt à la prudence.

En colza, « on est dans le point de bascule », estime Mikaël Juchet. Les cours du colza atteignaient en effet les 482 euros par tonne (Euronext) le 18 juillet.

Plancher bas pour les engrais

Du côté des engrais, « un plancher bas semble avoir été atteint après un an de baisse », observe Sylvain Jessionesse. La situation en Ukraine pourrait à nouveau entraîner une hausse des prix du gaz et dans son sillage, un rebond de celui des engrais. Là aussi, c’est aussi le moment de réfléchir à sa stratégie pour acheter ses engrais en parallèle de la vente de sa récolte.

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