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Maïs : pourquoi y a-t-il autant de variétés disponibles ?

Le nombre de variétés disponibles en maïs est important comparé à d’autres cultures. Cette profusion s’explique par la forte segmentation de ce marché, techniquement et commercialement.

Les nombreux groupes de précocité, ainsi que les différents usages et la dynamique de la sélection conduisent à une offre abondante de variétés de maïs.
Les nombreux groupes de précocité, ainsi que les différents usages et la dynamique de la sélection conduisent à une offre abondante de variétés de maïs.
© KWS

C’est ce qu’on appelle avoir l’embarras du choix : au moment d’élire ses variétés, un agriculteur français peut choisir entre plus de 1 000 hybrides disponibles sur le marché, tous usages confondus. Ce chiffre englobe aussi bien les variétés provenant du catalogue français (environ 850 inscrites) que celles cultivées en France via d’autres catalogues européens. Ces dernières prennent d’ailleurs une place croissante dans les assolements français.

Pas forcément évident de se retrouver dans cette profusion. Et celle-ci est-elle justifiée ? « Je ne pense pas qu’il y ait trop de variétés, affirme Nathalie Mangel, ingénieure chez Arvalis. S’il y en a autant, c’est qu’elles répondent à des besoins existants. Celles qui n’intéressent plus ne sont plus commercialisées par les semenciers. »

La segmentation des gammes du maïs est en effet particulièrement structurante, et de façon plus marquée que pour d’autres espèces importantes. Le choix de la précocité est le premier élément qui démultiplie le nombre de variétés. « La plante maïs réagit énormément à la somme de températures, qui va du simple au double entre le nord et le sud de la France, rappelle Fabrice Chevalier, responsable développement chez Semences de France. Pour l’utilisation grain, il y a sept groupes de précocité. » En Allemagne, où les contextes météorologiques sont moins diversifiés, les précocités sont segmentées en trois catégories uniquement. Chaque précocité est ensuite scindée en type d’usage de la culture, qui peut être dédiée au grain, au fourrage ou à vocation mixte. Sans oublier les diverses niches, qui vont de l’amidonnerie au maïs doux, au waxy…

 

 
Avec un gain de rendement annuel moyen autour de 1 %, une variété inscrite à 106 % se retrouve dans la moyenne au bout de cinq ans.
Avec un gain de rendement annuel moyen autour de 1 %, une variété inscrite à 106 % se retrouve dans la moyenne au bout de cinq ans. © C. Gloria

 

Autre facteur qui contribue au grand nombre de variétés : les progrès affichés par la sélection en maïs, qui peut s’appuyer sur une grande diversité des obtenteurs (au nombre de huit pour le marché français), faisant appel à plusieurs génétiques. « Le flux variétal est important en Europe, et en particulier en France, ce qui est lié à la sélection dynamique et rapide, avec encore des marges de progrès », assure Yvan Contrain, responsable développement maïs et colza chez KWS. De quoi générer une belle rotation.

« Le turnover est très rapide, confirme Fabrice Chevalier. Le progrès génétique en rendement se maintient autour de 1 % par an, ce qui signifie qu’une variété inscrite à 106 % une année donnée se retrouve dans la moyenne au bout de cinq années seulement. » Avec des agriculteurs qui cultivent autour de sept variétés sur leur exploitation, renouvelées tous les cinq ans, il faut alimenter la machine.

D’autant plus que, là où les agriculteurs emblavent chaque année plus de la moitié de leur sole de blé avec de la semence de ferme, la quasi-totalité des maïsiculteurs renouvellent annuellement leurs semences. Cette suprématie des hybrides soutient les programmes de sélection grâce à un financement assuré, et remet chaque année les compteurs à zéro sur les exploitations. Dans ces conditions, pourquoi se priver des derniers apports du progrès génétique ?

« Avec un tel turnover, les agriculteurs ont compris qu’ils avaient intérêt à cultiver les variétés les plus récentes », explique Yvan Contrain. De quoi mettre la pression sur les obtenteurs, car une variété doit affronter une féroce concurrence. Un hybride qui se maintient plus de six ans sur de belles surfaces peut déjà se targuer d’une belle carrière.

Derrière cette abondance apparente, le nombre de variétés se réduit nettement une fois que l’on a pris en compte la région, l’usage, la précocité et les caractéristiques recherchées. La gamme se resserre encore du fait des stratégies d’exclusivité des quatre distributeurs qui se partagent le marché français. « Le référencement se fait désormais sur des zones plus limitées, constate Sébastien Chatre, directeur de RAGT 2n. On trouvait des variétés cultivées à 120 000 doses il y a vingt ans, mais ce n’est plus le cas. »

Chez les distributeurs, on cherche en effet à proposer des variétés qui ne seront pas disponibles chez le concurrent. Cette approche de différentiation est exacerbée par la concentration de la production des semences sur des stations au sud de la Loire, et par le caractère bien moins pondéreux des semences de maïs (semées à 25 kg/ha) par rapport au blé (autour de 150 kg/ha), par exemple, qui facilite le transport sur de longues distances.

Pour certains observateurs, cette situation pourrait conduire des agriculteurs à ne pas avoir accès à certaines variétés parfaitement adaptées au contexte de leur exploitation. « Globalement, il existe des variétés alternatives assez proches chez chaque distributeur », considère toutefois Carol Humeau, chef produit maïs chez Limagrain. Par ailleurs, les producteurs les plus sourcilleux quant à leur choix variétal peuvent travailler avec plusieurs distributeurs afin de mettre la main sur celles qu’ils jugent les plus adaptées. Attention toutefois de s’assurer que les résultats ont été obtenus dans des contextes proches de son propre système. Dans tous les cas, rassure Fabrice Chevalier, « un agriculteur peut ne pas avoir accès exactement à une variété qu’il aurait choisie, mais il peut être sûr que la dose qui arrivera chez lui a été éprouvée dans tous les sens. Avec le système français, le producteur est très sécurisé. »

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