Les sols agricoles de France expliqués en 6 cartes
Diversité des sols propices aux productions agricoles, profondeurs permettant de bons niveaux de rendement, fonctionnement des sols… Au travers de quelques cartes, on voit bien que les sols constituent une des richesses du territoire français.
Diversité des sols propices aux productions agricoles, profondeurs permettant de bons niveaux de rendement, fonctionnement des sols… Au travers de quelques cartes, on voit bien que les sols constituent une des richesses du territoire français.

« En France, un sol mort ou stérile, cela n’existe pas. L’état des lieux des sols me fait penser que les sols de France ne sont pas trop mal gérés. Contrairement à ce que l’on peut entendre, la situation n’est pas catastrophique, rapporte Antonio Bispo, directeur de l’unité de service Infosol à Inrae d’Orléans. Dans n’importe quel type de sol, on va trouver de la vie, même si, parfois, elle n’est pas optimale. Le système sol est capable d’encaisser et de repartir sur de bonnes bases. Il n’y a pas de situation de non-retour mais la correction peut être coûteuse. »
Il y a quelques années, le projet Agrinnov avait permis de mesurer la vie du sol en s’appuyant sur plusieurs indicateurs sur environ 300 placettes réparties sur le territoire français. « Seulement 10 % des parcelles agricoles et viticoles étudiées se sont montrées dépréciées en termes de patrimoine et de fertilité biologiques », selon l’analyse des résultats. « Et cela ne signifie pas que les sols sont morts, mais que nous sommes dans des situations de sols matraqués ou travaillés de façon trop agressive », explique Antonio Bispo. Le projet Reva a pris la suite d’Agrinnov.
Focus sur le taux de matière organique
« Dans l’amélioration des sols, un premier objectif est de remonter le taux de matière organique, avec de multiples effets comme la limitation de la battance et de la sensibilité à l’érosion, l’augmentation de la vie biologique, l’amélioration de la réserve utile…, énumère Frédéric Thomas, agriculteur spécialiste de la conservation des sols. Avec une couverture végétale ou un mulch, on limite l’évaporation. On refroidit le sol l’été grâce à cette couverture et on participe à la séquestration du carbone. Cela rejoint toutes les préoccupations actuelles liées au changement climatique. »
Si les sols méritent d’être soignés pour remplir leurs rôles agronomiques et environnementaux de filtration de l’eau ou de stockage du carbone, ils se doivent d’être préservés de l’artificialisation des terres. Malgré les nombreux discours en faveur du ralentissement de cette perte de terres agricoles, cela ne semble pas une priorité dans les actes.
EN SAVOIR PLUS
Une mine d’informations dans gissol.fr
Le site web du Gissol (groupement d’intérêt scientifique sols) met à disposition une foultitude d’informations sur les sols de France ainsi que des outils d’interprétation des données. Des cartes de l’Hexagone caractérisent les sols sur divers critères. Elles sont regroupées dans le rapport sur l'état des sols de France, téléchargeable.
Plusieurs bases de données permettent d’établir ces cartes : le Réseau de mesures de la qualité des sols (RMQS) avec des prélèvements tous les quinze ans sur des mailles de 16 km x 16 km (2 200 sites) et la Base de données des analyses de terre (BDAT) reprenant les résultats d’analyses de laboratoires à l’échelle cantonale, à partir desquels on peut établir des évolutions temporelles sur différentes caractéristiques du sol.
L’Atlas français des bactéries du sol offre un panorama des communautés bactériennes, présentées sur des dizaines de cartes. Cet ouvrage apporte une aide pour comprendre la qualité et la fertilité de certains sols. (30 euros, éditions Biotope, paru fin 2018).
L’Office français de la biodiversité (OFB) apporte plusieurs informations sur les organismes vivants dans les différents types de sol (https://naturefrance.fr)
Des sols profonds en majorité

Des sols argileux, limoneux et un peu de sable

Des pratiques culturales augmentant les pH dans les zones de culture

La majorité des sols acides se retrouve dans des zones sableuses (Landes…) et granitiques (socles de massifs montagneux plus ou moins anciens). Les matériaux sont filtrants, favorables à l’entraînement des cations et faiblement pourvus en minéraux altérables susceptibles de réapprovisionner le sol. La saturation des sols par du calcium génère en revanche des pH alcalins comme dans les grandes régions calcaires ou marneuses de l’Est.
Une réserve utile liée à la profondeur et à la texture

Des microorganismes influencés par l’occupation des sols

Les régions de grandes cultures sont pauvres, comme dans le Bassin parisien. « C’est lié au carbone qui est la ressource nutritive des microorganismes. Le carbone pilote un peu la vie dans le sol, définit la possibilité d’habiter ou pas dans ces milieux », explique Antonio Bispo (voir carte du stock de carbone). Des travaux ont montré que la fertilisation, en favorisant la production végétale, apporte des ressources nutritives supérieures aux microorganismes du sol et contribuent à leur développement, A contrario, un tassement du sol produit un effet délétère sur la biomasse microbienne.
Une couverture végétale permanente favorise le stockage de carbone
