Herbicide tournesol : une solution prometteuse contre l’ambroisie
L’arrivée de l’herbicide Viballa apporte un moyen de lutte très efficace en post-levée contre l’ambroisie sur toutes les variétés de tournesol. Un traitement de prélevée est néanmoins nécessaire pour compléter son spectre d’action.
L’ambroisie aurait-elle trouvé son maître ? Adventice très concurrentielle au pollen allergisant, l’ambroisie à feuilles d’armoise est une vraie peste végétale dans certains secteurs. « Sur tournesol, le nouveau produit Viballa apporte une efficacité contre l’ambroisie supérieure aux spécialités à base d’imazamox (ou de tribénuron-méthyle) utilisées sur les variétés rendues tolérantes aux herbicides (VRTH) », présente Franck Duroueix, de Terres Inovia. Or, dans plus de trois quarts des situations de fortes infestations en ambroisie (50 000 hectares environ), les agriculteurs ont recours à ces VRTH. Autre atout mis en avant par l’expert : Viballa, commercialisé par Corteva, montre plus de souplesse dans son utilisation que les autres herbicides utilisés sur les VRTH pour lesquels il faut passer à un stade bien précis pour obtenir une bonne efficacité. « Il présente également l’avantage d’être utilisable sur toutes les variétés de tournesol », ajoute-t-il.
Herbicide de post-levée, Viballa se compose de halauxifène-méthyl (Arylex Active). Ce nouveau mode d’action sur tournesol est un atout contre l’émergence d’ambroisies résistantes aux herbicides utilisés en post-levée sur les VRTH. « Son efficacité sur les adventices est très rapide. Il sera à utiliser à partir du stade 4 feuilles du tournesol, préconise Marc Declémy, de la société Corteva. Outre l’ambroisie, notre produit est très efficace sur chénopode, une des adventices les plus importantes en fréquence sur tournesol. »
Un désherbage de prélevée en complément de Viballa
Franck Duroueix confirme « la bonne efficacité sur chénopode jusqu’à des stades avancés de l’adventice alors qu’un produit de post-levée utilisé sur VRTH comme Pulsar décroche plus vite ». Le spécialiste de Terres Inovia insiste sur le stade de traitement à respecter. « Le stade 4 feuilles doit être atteint sur toute la parcelle pour l’intervention herbicide. Les pieds de tournesol qui ne sont pas à ce stade expriment des déformations avec un traitement au Viballa. »
La mercuriale, l’ammi majus, le gaillet font partie des adventices bien contrôlées par Viballa, voire le xanthium dont Terres Inovia a mesuré l’efficacité à 60 %. En revanche, Viballa présente des manques d’efficacité sur plusieurs adventices dont la renouée liseron, le tournesol sauvage, la morelle noire ou le liseron des haies qui sont bien contrôlés avec les autres solutions herbicides utilisées sur les VRTH. Il est également insuffisant sur amarantes, matricaires, datura, laiteron, séneçon… Avec le recours à Viballa et son spectre d’efficacité étroit, le désherbage de prélevée reste incontournable pour lutter contre les adventices majeures, avec des produits à base de pendiméthaline, ou associant cette molécule au dmta-P (Dakota-P).
La prélevée devra se passer du S-métolachlore prochainement
D’une façon plus générale, le choix d’herbicides en prélevée se fera en fonction de la flore adventice connue sur la parcelle. « On préférera une association à base de pendiméthaline (Atic-Aqua, Dakota-P) contre renouées et graminées, Mercantor Gold et Dakota-P contre graminées et morelle, et Novall contre ammi majus et graminées, préconise Terres Inovia. Ces associations se feront avec des produits plus ciblés sur les dicotylédones, dont les doses peuvent être modulées sur chénopode, amarante (Challenge 600 2,5 l/ha, Racer ME 1,8 l/ha, Proman 2 l/ha). Les doses contre renouée liseron en forte pression doivent se rapprocher de celles d’homologation : Challenge 3 à 3,5 l/ha, Racer ME 2 l/ha, Proman 2,5 l/ha. »
Parmi les herbicides de prélevée, le S-métolachlore (Mercantor Gold…) va être prochainement interdit. « Il est utilisé sur environ 250 000 hectares sur tournesol. C’est un bon antigraminées, peu onéreux, mais dont la restriction de dose d’emploi à 1 000 g/ha avait déjà réduit son intérêt, remarque Franck Duroueix. Il se montre malgré tout plus efficace sur ray-grass que les spécialités à base de pendiméthaline et de dmta-P. Or, cette graminée progresse dans les cultures de printemps. » Les infestations de ray-grass restent malgré tout en deçà de celles des graminées estivales sur ces cultures, contre lesquelles il y a plusieurs solutions efficaces.
Le désherbage de prélevée exige une certaine humidité. L’efficacité des produits racinaires est optimale sur des préparations de sol fines, avec peu ou sans résidus en surface. Une application immédiate après le semis permet à l’herbicide de profiter de la fraîcheur du sol et de mieux se diffuser. L’absence de pluie dans les trois semaines suivant l’application est néfaste à leur efficacité, surtout sur flores difficiles (renouées, morelle, ambroisie…).
C’est ce qui est malheureusement arrivé en 2022 où de nombreux traitements de prélevée ont échoué à cause de la sécheresse. Dans ce cas, le binage peut être une bonne alternative même s’il n’agit que sur l’interrang.
L’aclonifen associé à l’imazamox en post-levée de VRTH
Sunbright signe le retour de l’aclonifen en post-levée précoce… mais seulement sur les variétés tolérantes à l’herbicide imazamox (Clearfield et Clearfield Plus). Le nouvel herbicide d’Adama contient 300 g/l d’aclonifen et 20 g/l d’imazamox pour une dose homologuée à 1,35 l/ha. « Nous le conseillons au stade 2 feuilles du tournesol VRTH. C’est un stade où l’on retrouve tout le potentiel de l’aclonifen sur des adventices jeunes, présente Myriam Sellam, de la société Adama. L’aclonifen enrichit le spectre de l’imazamox pour apporter une bonne efficacité sur chénopodes, amarantes, morelles, renouées et surtout datura. » Le produit s’intégrera très bien dans un programme de désherbage comportant un traitement de prélevée. Bémol, on ne peut utiliser d’autres spécialités à base d’imazamox dans un programme avec Sunbright et, selon Terres Inovia, le produit est sous dosé en imazamox.
