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Fongicides sur blé : des économies de produits au rendez-vous sur les variétés tolérantes

L’année 2024 a mis les variétés de blé à rude épreuve contre les maladies. Des essais d’Arvalis et de chambre d’agriculture montrent que celles tolérantes restent les mieux armées et permettent toujours des économies de fongicides.

<em class="placeholder">avril 2002 - rinçage du pulvérisateur après application d&#039;un mélange fongicide et raccourcisseur sur blé tendre</em>
Sur les blés peu sensibles à la septoriose, un traitement fongicide précoce est inutile dans la grande majorité des situations.
© Gabriel Omnès

Tolérance génétique à la septoriose, aux rouilles, au piétin-verse… le choix de variétés de blé peu sensibles est un levier de lutte contre les maladies du blé. Le niveau d’attaques des pathogènes est à couper au couteau entre les variétés tolérantes et celles sensibles, ce qui a également une influence sur l’efficacité des fongicides. Arvalis a mesuré ces différences sur une variété sensible aux maladies foliaires, SY Admiration et une variété tolérante : Chevignon. En 2024, l’application de quatre programmes fongicides différents se traduisait par une efficacité de 10 à 15 % supérieure sur la variété Chevignon où l’intensité de septoriose a été moindre (44 % d’attaque chez le témoin non traité) comparé à SY Admiration (71 % d’attaque). Les résultats de ce groupement de 14 essais témoignent bien de l’intérêt de la tolérance variétale pour réduire l’intensité des maladies et augmenter l’efficacité des traitements. La différence se retrouve sur le rendement net avec de 13 à 14 q/ha supplémentaires en faveur de Chevignon.

Moins de maladies grâce à des variétés de blé moins sensibles

« Le paysage variétal a changé en blé ces dernières années. Les années sèches en particulier, nous voyons que nous avons moins de maladies grâce à des variétés moins sensibles et il faut donc faire moins de traitements fongicides, souligne Patrick Chopard, de la chambre d’agriculture du Jura. Une offre de plus en plus étoffée de variétés peu sensible est disponible sur le créneau des blés de qualité panifiable. » Dans la plaine du Jura, depuis 2017, un essai est consacré à la comparaison de programmes fongicides entre variétés moyennement sensibles à sensibles (Rubisko, Unik, KWS Ultim) et une variété peu sensible (LG Absalon).

Même en situation de forte pression parasitaire comme celle connue en 2024, la meilleure stratégie fongicide diffère selon la sensibilité de la variété. Sur KWS Ultim, variété sensible, il fallait trois traitements pour obtenir le meilleur rendement contre deux traitements sur LG Absalon (voir tableau). Les années précédentes à plus faible pression en maladie, le meilleur rendement sur LG Absalon était obtenu avec un traitement fongicide unique ou zéro traitement selon les années, à l’exception de 2018 (deux traitements). Autrement dit, dans ces situations, un traitement supplémentaire n’apportait pas de gain de production.

Un seul traitement fongicide au stade dernière feuille étalée sur les variétés tolérantes

Sur une variété de blé sensible, un ou deux traitements en plus étaient nécessaires pour obtenir les meilleurs rendements. En 2024, trois traitements sur KWS Ultim permettaient d’obtenir 5 q/ha de mieux que deux traitements sur LG Absalon. En 2023 en revanche, les meilleurs rendements étaient similaires entre KWS Ultim traités trois fois et LG Absalon avec un traitement unique.

« En dépit de l’importance des maladies en 2024, il faudra rester sur des stratégies de base d’un seul traitement fongicide au stade dernière feuille étalée à bonne dose (coût de 40 à 50 euros par hectare) sur les variétés peu sensibles et deux traitements sur les variétés sensibles, conseille Patrick Chopard. Sur ces dernières, le traitement précoce T1 s’est avéré rentable seulement une année sur quatre et sur les variétés peu sensibles, la probabilité de devoir réaliser un T1 est quasiment nulle. Quant au troisième traitement (T3) qui vise la fusariose, il est valorisé un an sur deux en moyenne et concerne notamment les variétés sensibles semées derrière maïs ou sorgho grain sans enfouissement de paille. »

Meilleure et moins bonne stratégies 
fongicides sur la variété LG Absalon 
peu sensible, en rendement net
CampagneMeilleureMoins bonne
2017TU (99,7)3T (88,6)
20182TT (85,8)3T (82,5)
2019NT (91,4)3T (83,8)
2020NT (114,2)3T (106,2)
2021TU (86,4)3T (83,5)
2022NT (106)3T (102,3)
2023TU (100,5)3T (101,3)
20242TP (90,2)NT (77,1)
2TT (90,4)
Essai chambre d’agriculture du Jura. NT : non traité ; TU : traitement unique ; 3T : 3 traitements ; 2TP : 2 traitements précoces ; 2TT : 2 traitements tardifs

Un défaut de tolérance à la fusariose des épis chez les variétés

« Les blés peu sensibles de type LG Absalon, LG Abilène, voire Prestance, tiennent contre les maladies jusqu’au stade dernière feuille étalée, observe Antoine Villard, de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire. Les blés de maïs peuvent nécessiter un traitement à floraison si les conditions pluvieuses favorisent la contamination des épis par la fusariose»

La tolérance à la fusariose semble un point faible dans le comportement global des variétés. « Autrefois, nous avions la variété Apache avec un bon niveau de tolérance à la fusariose (mais sensible à la septoriose). Il nous manque une variété associant le comportement à la septoriose de LG Absalon à celui sur fusariose d’Apache », remarque Patrick Chopard. Un niveau élevé de tolérance à la fusariose semble plus délicat à obtenir par les sélectionneurs que pour d’autres maladies.

Les surfaces progressent en variétés tolérantes à la septoriose

En se basant sur l’enquête de répartition variétale menée par FranceAgriMer puis Arvalis, l’institut technique remarque une augmentation de surface cultivée en variétés peu sensibles à la septoriose (note de tolérance au moins égale à 6,5) de moins de 30 % en 2018 à 60 % depuis 2023. La tendance est également à la hausse pour les variétés résistantes à la rouille brune, au piétin-verse à la rouille jaune. Pour la tolérance au déoxynivalénol (DON), mycotoxine produite par un certain type de fusariose de l’épi, les variétés pas trop sensibles (tolérance au moins égale à 5) sont à 57 % en 2024 (moins de 50 % en 2016). Les sélectionneurs peinent à obtenir des variétés panifiables avec une bonne tolérance du niveau d’Apache.

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