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Essor du tournesol dans le Nord et l’Est : de nouvelles variétés précoces plus adaptées

Le tournesol prend ses aises dans le Nord et l’Est de la France, grâce à de nouvelles variétés qui s’adaptent aux spécificités du secteur. Tour d’horizon des atouts agronomiques et économiques, et des risques à prendre en compte, comme les dégâts d’oiseaux.

De plus en plus d'agriculteurs du Nord et de l'Est optent pour le tournesol, dont les nouvelles variétés apportent satisfaction.
De plus en plus d'agriculteurs du Nord et de l'Est optent pour le tournesol, dont les nouvelles variétés apportent satisfaction.
© G. Omnès

Autrefois considérée comme un pari risqué, l’implantation de tournesol dans le nord de la France est désormais une tendance qui prend de l’ampleur. Le renouveau de l’offre variétale a notamment contribué au développement de cette culture de printemps. Céline Motard, responsable adjointe de l’évaluation variétale en charge du tournesol chez Terres Inovia, explique : « Les surfaces en tournesol ont évolué à la hausse depuis environ quatre ans, notamment en lien avec la baisse des surfaces dédiées au colza. Cette situation a impulsé, chez Terres Inovia, la remise en place d’un réseau en 2019 pour évaluer les variétés très précoces de tournesol. »

La dynamique provient aussi des semenciers, avec l’étoffement des gammes de variétés oléiques précoces à très précoces, qui étaient encore peu présentes il y a cinq ans. Or, la précocité variétale est importante dans des régions de la moitié nord de la France où les conditions météorologiques automnales (températures plus basses et risques de pluies plus importants en septembre) peuvent dégrader la récolte. « Les dernières années climatiques ont par ailleurs été favorables au tournesol, constate Céline Motard. En 2021, année humide, de bons rendements ont été obtenus. En 2022, année sèche, les rendements n’ont pas été si mauvais, avec quelques orages au bon moment que le tournesol a su valoriser pleinement. »

Les coopératives dans les starting-blocks pour développer le tournesol

Preuve que le tournesol séduit de plus en plus d’agriculteurs du nord de la France, la coopérative Noriap verra ses surfaces en tournesol doubler cette année, avec près de 1 000 hectares dédiés. « Depuis deux ou trois ans, ça se passe bien en tournesol, nous avons des rendements moyens de 30 quintaux par hectare », confirme Philippe Pluquet, responsable technique productions végétales au sein de la coopérative.

Même tendance chez Vivescia, dans l’Est : « Il y a beaucoup plus de tournesol depuis cinq ans, témoigne Nicolas Pernollet, ingénieur agronome au sein de la coopérative. Depuis deux ou trois ans, les rendements sont assez bons. Les prix très favorables ont aussi encouragé les producteurs. Et le tournesol représente une bonne tête d’assolement. »

La coopérative de Saint-Hilaire-lez-Cambrai, qui rassemble 200 adhérents dans le département du Nord, s’est également lancée dans le tournesol, avec une valorisation en circuit court. « Les événements en Ukraine ont accéléré la mise en place d’un débouché en huile de tournesol. La coopérative valorisait déjà le colza en huile, avec une presse semi-industrielle », témoigne Didier Villain, responsable technique. Une trentaine d’agriculteurs devrait cultiver 100 à 150 hectares de tournesol en 2023, contre 30 l’an passé.

Des essais variétaux convaincants

La pérennisation du tournesol dans le Nord et le Grand Est passe par la mise en place d’un réseau partenarial, animé par Terres Inovia et réunissant les chambres d’agriculture, les organismes stockeurs, les groupements de développement agricole ou encore les semenciers. En 2022, vingt-sept essais ont été mis en place dans le grand quart Nord-Est, toutes précocités confondues. « On a des nouveautés en variétés très précoces, présente Céline Motard. Leurs rendements s’améliorent par rapport à ce qui était sur le marché il y a une dizaine d’années. La teneur en huile devient intéressante, ainsi que la teneur en acide oléique. »

Sur le regroupement Nord-Est, dix essais ont été menés jusqu’à la récolte, en variétés très précoces. Les rendements atteignent en moyenne 33,9 quintaux par hectare (q/ha). « Ces résultats sont à relativiser car en microparcelles, le rendement est surestimé », tempère la responsable. En situation agriculteur, ce serait plutôt 28 q/ha en moyenne.

Pour les variétés précoces, neuf essais ont été menés jusqu’à la récolte. La moyenne obtenue est de 39,9 q/ha. « Si on a la possibilité d’implanter une variété précoce, il faut le faire. Mais c’est une décision qui va dépendre de la parcelle, des contraintes organisationnelles de l’agriculteur… Plus on prend des variétés tardives, plus on gagne en rendement, c’est ce qui ressort. »

La coopérative Noriap a fait le choix des variétés SY Arco (plus de 75 % des surfaces) et LG 50 268. « Chez nous, le critère le plus important est la précocité, explique Philippe Pluquet. Nous avons donc retenu des variétés très précoces sécurisantes, avec un bon niveau de productivité. Il faut également prendre en compte la capacité à s’approvisionner en semences. Nous sommes très peu concernés par le critère de tolérance aux maladies. » Même chose du côté de Vivescia, comme le confirme Nicolas Pernollet : « Nous avons opté pour des variétés classiques, non VTH (Variétés tolérantes aux herbicides). »

L’implantation réussie, gage de réussite du tournesol

Si le facteur variétal influe sur le potentiel de rendement, les pratiques culturales sont également à prendre en compte. Aurore Baillet, ingénieur développement chez Terres Inovia, qui intervient dans le Grand Est, met en avant certains éléments cruciaux : « Il faut semer à la bonne date. L’implantation de tournesol doit idéalement se faire les 15 premiers jours d’avril pour espérer avoir les meilleurs rendements. On perd en potentiel de rendement à partir du 20 avril. L’implantation peut se faire fin mars sous certaines conditions : si le sol est bien préparé, bien chaud. Mais cela ne marche pas toujours. »

Le tournesol étant une plante pivotante, avec un système racinaire très fort, il nécessite un sol bien structuré : « La régularité de peuplement sur la ligne est primordiale, poursuit Aurore Baillet. Cela passe notamment par le réglage du semoir et la vitesse. »

 

Le semis direct n’est pas conseillé. Enfin, les destructions tardives de couverts sont à éviter car elles peuvent pénaliser la levée du tournesol.

Des risques de dégâts d’oiseaux mais un itinéraire cultural simple

L’ingénieure développement de Terres Inovia insiste sur les risques de dégâts d’oiseaux, notamment au moment de la levée. D’où l’intérêt de passer régulièrement sur ses parcelles pour effaroucher.

Concernant l’itinéraire technique de la culture, peu d’interventions sont à prévoir. Didier Villain livre ses conseils : « Un désherbage au moment du semis est conseillé. L’aspect binage est également important ». Pour la pollinisation, le responsable conseille de se mettre en lien avec un apiculteur pour installer des ruches à proximité des parcelles. Concernant la fertilisation, un apport de bore est nécessaire pour répondre aux besoins de la plante. »

Chez Vivescia, Nicolas Pernollet pointe la problématique pour intervenir sur le chardon dans certaines parcelles du fait de l’utilisation de variétés classiques (non VTH). Néanmoins, il confirme que « le tournesol est une culture économe en intrants ». Un atout de taille qui a de quoi séduire de nombreux agriculteurs souhaitant diversifier leur assolement avec une culture de printemps, et se conformer ainsi aux exigences de la nouvelle PAC.

« Les variétés oléiques qui ont la cote »

Tour d’horizon des variétés oléiques qui se distinguent d‘après Céline Motard, de Terres Inovia.

Variétés précoces :

ES IDILLIC : leader du marché, régulière et performante en rendement. Point faible : la teneur en huile.

LG 50475 : variété régulière, sécurisante par rapport aux normes de commercialisation, et qui présente un intérêt en huile.

Variétés très précoces :

SY ARCO : variété témoin, la plus cultivée sur son créneau, qui sort dans la moyenne, elle reste une valeur sûre.

LG 50268 : bonne variété, inscrite au catalogue français, elle apporte du renouveau en très précoce.

RGT CAPITOLL : la meilleure en rendement depuis trois ans dans le réseau, variété courte, légèrement plus tardive que les deux autres, mais qui reste très précoce.

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