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Couverts d’interculture : comment réaliser un bon semis le plus tôt possible ?

Un semis réalisé au plus près de la moisson permet de profiter de l’humidité du sol et d’une somme de température conséquente. Différentes techniques d’implantation précoces existent, à raisonner en fonction des objectifs.

Semis de couverts derrière la moissonneuse batteuse
Un semis réalisé le jour de la moisson permet de profiter au maximum de l'humidité du sol.
© M. Kerjean

« Les conditions climatiques jouent fortement dans la réussite ou non des couverts », analyse Jérôme Labreuche, ingénieur recherche et développement chez Arvalis. « Des couverts semés mi-juillet peuvent être à la peine s’il y a deux mois de canicule derrière, alors que des semis d’août réalisés dans de bonnes conditions seront davantage réussis. » Néanmoins, pour le spécialiste, il existe une période optimale de semis, entre le 15 juillet et le 15 août. « La plupart des agriculteurs sèment leurs couverts fin août ou début septembre. Or, ils auraient intérêt à les implanter juste après la moisson pour bénéficier de la fraîcheur du sol.​​​​​ »

Ce point est confirmé par Bastien Boquet, ingénieur chez Agro-Transfert : « Semer tôt permet d’emmagasiner un maximum de degré jour. Un semis de fin juillet bénéficiera d’une somme de température deux fois plus importante qu’un semis de début septembre, ce qui permet un meilleur développement du couvert. »

La technique de semis joue un rôle clé sur l’humidité du sol

Limiter au maximum le travail du sol est le premier levier pour préserver l’humidité après la récolte. « Pour réussir une implantation précoce, on préférera un semis direct plutôt qu’un semis précédé d’un déchaumage qui entraîne des pertes d’eau importantes, avec une terre plus grossière et un contact terre graine moindre », explique l’ingénieur d’Agro-Transfert. Pour optimiser les bénéfices du semis direct, il faut avoir aussi une réflexion sur la hauteur de coupe de la céréale. Plus la coupe sera basse, plus les conditions seront favorables à la levée du couvert : il y aura davantage de menues pailles au sol permettant une meilleure conservation de l’humidité. Mais gare aux risques de bourrage au niveau des éléments semeurs, « qui seront plus importants avec un semoir à dents qui travaille davantage sur la ligne de semis », signale Bastien Boquet. Le risque sera moindre avec un semoir à disques, mais qui a lui l’inconvénient de pincer la paille dans le fond du sillon, ce qui entraîne un contact terre graine moindre. Dans tous les cas, un roulage derrière un semis direct ou un déchaumage permettra d’améliorer la conservation de l’eau et les taux de levées.

Pour obtenir des gains encore plus importants en ce qui concerne l’humidité résiduelle, un semis à la volée, réalisé la veille ou le jour de la moisson, est le plus efficace. Mais les taux de levées sont moins bons, de 20 à 40 % contre 80 à 100 % en semis direct. « Il faudra donc légèrement surdoser la quantité de semence, privilégier les petites graines comme le radis, la phacélie ou la vesce et éviter les grosses comme le pois ou la féverole », conseille Bastien Boquet. Le surcoût de ce surdosage sera largement compensé, car « le semis à la volée ne va coûter en matière de mécanisation que 4 à 5 euros par hectare (€/ha), contre 30 à 40 €/ha pour un semis direct et 70 à 80 €/ha pour un déchaumage suivi d’un semis ». De plus, semer à la volée ne nécessite pas de matériel spécifique, un épandeur d’engrais centrifuge suffit, et va permettre de gagner du temps. Mais attention, il faut tenir compte de la parcelle et des priorités que l’on s’est fixées. « Si on veut faire de la biomasse, si on accepte les repousses, des semis à la volée ou en direct iront très bien. Par contre, dans des parcelles sales, il vaudra mieux déchaumer pour éviter que les adventices prennent le dessus. Même si dans ce cas, on sait qu’on va perdre de l’humidité et des degrés jours », précise Bastien Boquet.

Trouver le meilleur compromis en biomasse et azote absorbé

Cinquante-deux essais réalisés par Arvalis et la coopérative Vivescia, entre 2004 et 2022, dans le Grand Est et l’Île-de-France, ont permis de comparer diverses espèces de couverts semés en été. Les résultats montrent que sur des semis précoces, les biomasses les plus élevées ont été obtenues avec des sorghos, des radis et des moutardes. Les légumineuses pures sont un peu en dessous, mais se démarquent par leur capacité à absorber l’azote atmosphérique. Pour optimiser leur développement, les légumineuses doivent être semées tôt, car elles ont des besoins en température et photopériode plus élevés que d’autres familles, comme les crucifères. A contrario, la majorité des non-légumineuses fournissent plus d’azote quand elles sont semées tard, car pour elles, l’azote absorbé dépend de l’azote disponible dans le sol. Les semer tôt permet uniquement de fixer plus de carbone.

Si on cherche à la fois à fournir du carbone au sol et de l’azote pour la culture suivante, un mélange intégrant des légumineuses et semé tôt représente « le meilleur compromis biomasse – azote absorbé », recommande Jérôme Labreuche. Sur des semis d’avant 15 août, on choisira d’associer aux légumineuses, des espèces avec des cycles longs telles que radis ou phacélie. Et si le coût des associations est plus élevé que celui d’espèces pures basiques, « ce surcoût sera rentabilisé par les bénéfices réalisés en matière de carbone et d’azote, mais aussi de structure du sol et de biodiversité ».

Les légumineuses au service de la culture suivante

Une plante a besoin d’azote (N) pour faire de la biomasse, et donc fixer du carbone (C) qui sera restitué au sol en se décomposant. En règle générale, plus le couvert est développé, plus le rapport C/N est élevé et plus la libération d’éléments est lente. Aussi, la présence de légumineuses, qui apportent de l’azote au système, permet de conserver des rapports C/N plus bas et donc de restituer plus rapidement des éléments minéraux pour la culture suivante.

 

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