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Couvert entre deux maïs : comment en tirer profit au maximum

Dans certains cas rendus obligatoires, un couvert d’interculture entre deux maïs apporte de multiples atouts. Conseils pour maximiser ses bénéfices.

La féverole se détruit facilement en interculture avec un roulage mécanique.
La féverole se détruit facilement en interculture avec un roulage mécanique.
© Chambre d'agriculture de Gironde

Entre mulch et culture intermédiaire, il faut choisir. La pratique du couvert d’interculture entre deux maïs est possible. Pour preuve, c’est la solution retenue par 1 800 exploitations de monoculture engagées dans la « certification maïs », une méthode dérogatoire permettant de bénéficier du paiement vert de la PAC, malgré l’absence de diversification des cultures sur l’exploitation. Cette contrainte réglementaire peut être transformée en atout.

« Les couverts végétaux implantés en interculture d’hiver apportent de nombreux bénéfices agronomiques et environnementaux : réduction des fuites d’azote par lessivage, stockage du carbone, limitation de l’érosion du sol et du salissement des parcelles, abris et nourriture pour la faune sauvage », énumère Arvalis dans un document consacré à l’interculture en maïs. Mais pour que ces bénéfices se concrétisent, il convient de choisir les bonnes espèces de couvert adaptées à des semis tardifs, en octobre voire novembre, et nécessitant des sommes de températures relativement peu élevées.

Certaines espèces s’en sortent mieux que d’autres dans ces conditions. « Dans le Sud-Ouest, on travaille beaucoup la féverole entre deux maïs. La légumineuse apporte une bonne quantité d’azote pour le maïs suivant, aux alentours de 40 unités, à condition de ne pas la détruire trop tôt, précise Aude Carrera, ingénieure Arvalis Nord Aquitaine. Elle supporte un semis tardif et offre une biomasse intéressante. Elle se détruit facilement par roulage mécanique. »

Agriculteur à Saint-Antoine-sur-L’Isle en Gironde, Daniel Philippe a opté pour cette légumineuse. « Mais je constate des attaques de maladies sur féverole qui peuvent être importantes, souligne-t-il. En conséquence, j’ai choisi une densité pas trop importante et je l’associe à une autre légumineuse, la vesce, pour réduire l’impact de ces maladies sur la biomasse. »

Une note d’Arvalis sur les couverts après maïs grain suggère « l’association de la féverole avec du radis chinois ou de la phacélie pour conserver un bon pouvoir couvrant lors de fortes pluviométries hivernales entraînant des maladies foliaires. Les vesces peuvent également être pertinentes si on peut les semer suffisamment tôt, avec un pouvoir couvrant permettant d’étouffer les adventices. Mais leur destruction est plus difficile. » L’institut technique a testé la capacité de diverses espèces à produire de la biomasse avec un semis en octobre. Si la féverole, la phacélie et la vesce se comportent bien, ce n’est pas le cas de légumineuses comme les trèfles dont l’installation est trop lente.

Bon pouvoir couvrant des graminées mais difficulté de destruction

Les graminées constituent une famille d’espèces largement utilisées entre deux maïs, mais plutôt dans les situations du Grand Ouest après maïs ensilage, selon une enquête menée sur les pratiques mises en œuvre dans le cadre de la certification. Des espèces, comme l’avoine ou le seigle, sont adaptées à des semis tardifs car peu gélives, selon Arvalis. « Elles peuvent être associées à des légumineuses avec des taux de réussite satisfaisants, ajoute Aude Carrera. Mais leur destruction n’est pas facile dans les régions où il y a peu de gelée. »

Agriculteur à Serres-Morlas dans les Pyrénées Atlantiques, Nicolas Sarthou confirme : « une année, j’ai associé la féverole à du blé en interculture. La levée a été très bonne mais il a fallu plusieurs passages de déchaumeur pour détruire le couvert ». Même point de vue chez Daniel Philippe : « j’avais commencé par des couverts à base de graminées (avoine, seigle) entre mes maïs, mais j’ai arrêté car le coût en semences était élevé et la destruction difficile, même si le couvert présentait un intérêt agronomique ». Les deux agriculteurs ont finalement opté pour un couvert à dominante féverole. Les crucifères peuvent également être utilisées, mais là encore avec une destruction difficile.

Il est possible d’implanter un couvert dans la culture (avec un enjambeur, un drone voire un hélicoptère), mais la grande majorité des semis s’effectue après récolte du maïs. Le temps passé et le coût d’implantation sont à prendre en compte. En un seul passage, on peut réaliser un semis à la volée avec recouvrement par le déchaumeur.

Broyage des cannes puis dessouchage des collets : idéal contre les foreurs

Outre les effets agronomiques, un couvert d’interculture agit-il sur les insectes foreurs et les infestations de fusariose générant des mycotoxines ? Aucune étude ne le montre. Seule certitude, le broyage des cannes, ras et fin, réduit fortement les populations larvaires des ravageurs. « Entre la période où je faisais simplement un mulch après maïs et celle, depuis six ans, où je pratique le couvert d’interculture, je ne vois pas d’effets différents sur les ravageurs dans les cannes », observe Nicolas Sarthou.

« Une étude allemande a montré qu’au moment de la récolte, les larves de pyrales se situent à 31 % sous le premier nœud, soit à 5 centimètres du sol, et à 41 % entre les premier et deuxième nœuds (à 15 cm du sol), rapporte Didier Lasserre, ingénieur régional Arvalis en Alsace. Au-delà du broyage, il peut être important de rechercher le dessouchage du maïs. »

Associer broyage puis dessouchage montre une efficacité de 90 à 95 % sur les larves de sésamies, selon une étude Arvalis des années 90 dans le Sud-Ouest. Cette efficacité est de 75 à 85 % avec un broyage suivi d’un travail superficiel et de 50 à 70 % avec le seul broyage immédiatement après récolte, par exemple sous le cueilleur de la moissonneuse.

Le broyage fin, suivi d’une incorporation, réduit en outre le risque de fusariose sur la culture qui suit, en améliorant la dégradation des résidus de culture. On peut le mettre en œuvre aussi bien avec un simple mulching entre maïs qu’avant l’implantation d’un couvert. « En Alsace, les agriculteurs pratiquent le mulching. On ne peut rien cultiver juste après la récolte du maïs car les gelées arrivent trop tôt », assure Didier Lasserre. Le mulching reste possible dans les situations de diversification culturale avec un maïs occupant moins de 75 % des surfaces de terres arables.

Graminées et/ou légumineuses composent les couverts des maïsiculteurs certifiés

Couvert entre deux maïs : comment en tirer profit au maximum
Plus de 113 000 hectares de maïs et 1838 exploitations étaient engagés en 2020 dans la certification maïs. Cette démarche consiste à implanter un couvert d’interculture sur la totalité de ses terres pour les agriculteurs ayant plus de 75 % de maïs, mesure dérogatoire qui se substitue à la diversification des cultures pour toucher le paiement vert.

Les légumineuses (principalement la féverole) et les graminées (orge ou avoine surtout) constituent la majorité des couverts d’interculture pratiqués chez les maïsiculteurs certifiés, pures ou en mélange.

Près de la moitié des maïsiculteurs ne pratiquaient aucun couvert avant de s’engager dans la certification.

78 % de la destruction des couverts se fait uniquement de façon mécanique chez les agriculteurs certifiés, 9 % chimiquement, 13 % chimique et mécanique.

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