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Canicule et sécheresse : quelles conséquences sur le maïs ?

Du nord au sud, la canicule frappe la France avec des températures qui dépassent localement les 35 degrés. Les parcelles de maïs les plus précoces ont déjà atteint le stade sensible de la floraison avec des conséquences potentielles qui vont dépendre de leur alimentation en eau. La météo des trois prochaines semaines sera déterminante.

<em class="placeholder">Desséchement précoce des feuilles du bas des plantes dans une parcelle de maïs.</em>
Des stress thermique et hydrique cumulés peuvent entrainer un desséchement précoce et progressif des feuilles du bas de la plante.
© AS. Colart

La canicule et la sécheresse frappent la France en ce début d’été et mettent à mal les cultures de printemps. Les températures optimales de développement du maïs se situent entre 25 et 30 °C et la plante peut subir sans dommage des températures jusqu’à 35 °C. Au-delà, les conséquences possibles dépendent de son stade et de son alimentation en eau. 

Des maïs très proches de la floraison du nord au sud

« De façon générale, nous en sommes à tout début floraison, indique Franck Laborde, président de l'AGPM (Association générale des producteurs de maïs), la canicule et les faibles précipitations n'ont pas eu, pour l'instant, d'effet massif sur les potentiels de rendements.» Dans les Hauts-de-France, Anne-Sophie Colart, ingénieure régionale Arvalis, indique qu’au 1er juillet les maïs se situent majoritairement entre 10 et 15 feuilles. « J’estime que les situations les plus précoces atteindront la floraison dans les prochains jours, soit une dizaine de jours d’avance par rapport à la moyenne. Les conséquences du stress thermique, parfois associé à un stress hydrique, vont dépendre du stade des parcelles. » 

D’après les informations des derniers BSV (bulletin sanitaire du végétal), au 25 juin, les maïs étaient entre les stades 11 et 16 feuilles en Alsace, autour de 12 à 15 feuilles pour les semis d’avril dans le Centre-Val de Loire, et 7-10 feuilles pour les semis de fin avril à début mai, ou encore entre 6 et 20 feuilles en Limagne et en Pays de la Loire avec les premières panicules visibles dans les parcelles précoces. Plus au sud, dans la vallée du Rhône et le quart Sud-Ouest, les parcelles les plus précoces sont déjà entrées en phase de floraison. Baptiste Cuny, responsable innovation et expertise agronomique au sein du pôle agricole d'Euralis, coopérative qui collecte de Bordeaux à Toulouse, indique que 50% des parcelles (semées début avril) ont atteint le stade floraison et que 30% en sont très proche.   

Un ralentissement de la croissance à partir de 36° C au moment de la transition florale

La transition florale est atteinte lorsqu’on observe 50 % des feuilles visibles, soit environ au stade 8-12 feuilles selon la précocité de la variété. L'équipe d’Arvalis Poitou-Charentes indique que durant cette période, le maïs peut supporter des températures allant jusqu’à 38 °C sans conséquence irréversible sur l’appareil végétatif, même si des brûlures en bout de feuilles peuvent apparaître. Néanmoins, dès 36 °C, la température devient excédentaire pour la plante et peut causer un ralentissement de la croissance due à une diminution de la photosynthèse. 

Anne-Sophie Colart indique que ce type de situation « peut correspondre à des semis tardifs de fin mai/début juin » dans les Hauts-de-France mais aussi dans de nombreuses autres régions. Dans le Sud-Ouest, Baptiste Cuny évoque un impact potentiellement important sur des semis très tardifs (20% des parcelles), mal enracinés sur seulement quelques centimètres de sol, et qui souffrent d'un retard physiologique. « Il risque d'y avoir une incidence sur l'initiation florale et donc sur le nombre de grain sur l'épi. »    

Les températures très élevées peuvent affecter la pollinisation

À partir du début floraison (apparition des soies à la pointe des épis), la sensibilité aux températures élevées s’accroît et si les températures maximales dépassent 36 °C, la floraison peut être perturbée. La quantité et la qualité du pollen sont affectées. « Cumulé à une période de floraison de la panicule réduite, cela peut entraîner des problèmes de pollinisation puis de fécondation des ovules si cet épisode s’étend sur plusieurs jours. Dans ce type d’incident, le nombre de grains peut être fortement pénalisé, les conséquences visibles variant selon le stade du futur épi lors de sa survenue », indiquent les équipes d’Arvalis, qui précisent que la gravité de ce type d’accident devient importante au-delà de 38 °C. Dans le Sud-Ouest, Baptiste Cuny parle d'un stress thermique visible sur des maïs proches de la floraison, avec « un impact sur la fécondation difficile à estimer aujourd'hui. »  

Des risques amplifiés en cas de cumul de stress thermique et hydrique

Autour de la transition florale, les symptômes caractéristiques d’un déficit hydrique sont un enroulement ou un étalement des feuilles, accompagné d’un desséchement précoce et progressif des feuilles du bas de la plante. Pour se protéger, la plante ferme ses stomates, l’activité photosynthétique se trouve alors réduite, induisant un ralentissement du développement et de la croissance. Anne-Sophie Colart indique qu'elle n'a rien observé de tel dans les Hauts-de-France pour l'instant. L'équipe d'Arvalis Poitou-Charentes précise que l’impact d’un stress hydrique avant le stade 10 feuilles est généralement réversible et sans conséquence sur le rendement, mais elle indique aussi que dans beaucoup de situations, ce stade a été dépassé et que les conditions à venir sont encore séchantes, d’où des inquiétudes pour les parcelles non irriguées.

Ensuite, autour de la floraison, un stress hydrique a le même effet qu’un stress thermique. Il ralentit la sortie des soies, combiné à une période d’émission du pollen diminuée et une moindre quantité de celui-ci, ce qui va impacter le nombre de grains fécondés. Dans la région Poitou-Charentes, « les stress thermique et hydrique visibles dès la transition florale peuvent affecter le nombre d’ovules initiés et le nombre de grains mis en place, si la situation se poursuit pendant la période de floraison », explique Arvalis qui précise que l’impact sur le rendement peut être atténué si des pluies significatives arrivent en post-floraison ou dans des situations irriguées. 

De Bordeaux à Toulouse, Baptiste Cuny indique que, exceptées les parcelles irriguées et quelques secteurs préservés (terres noires entre Pau et Tarbes), les maïs cumulent quasiment partout stress thermique et hydrique. « La semaine prochaine sera cruciale ». Les situations irriguées inquiètent aussi (exceptée sur la nappe des sables de la Haute Lande) car les irrigations ont été déclenchées tôt avec un risque de coupure plus précoce que d'habitude. « Nous craignons désormais un manque d'eau pour le remplissage du grain en fin de saison », indique le responsable d'Euralis.

Pour Franck Laborde, « les trois prochaines semaines vont être déterminantes », et en premier lieu pour les parcelles qui ne sont pas irriguées (75 % des surfaces de maïs ). La pluie est donc attendue avec impatience par un président de l'AGPM, qui rappelle le souhait de la profession de « pouvoir mobiliser la ressource en eau partout où elle existe. »       

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