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Blé/Récolte 2021 : « Commencer à fixer des ventes au niveau de prix actuel est pertinent » (Virginie Ciesla-Maudet, Assertis)

Les prix du blé nouvelle récolte affichent une décote élevée (environ 30 €/t) par rapport au prix ancienne récolte. Les niveaux actuels, au plus haut depuis janvier 2019, peuvent toutefois justifier d’engager des ventes, estime Virginie Ciesla-Maudet, dirigeante du cabinet Assertis.

« Si les producteurs de blé s’y retrouvent avec un marché à terme autour des 190,00-200,00 €/t échéance septembre 2021, il est tout simplement nécessaire de sécuriser leurs marges », explique Virginie Ciesla-Maudet, du cabinet Assertis. © P. Guiraud
« Si les producteurs de blé s’y retrouvent avec un marché à terme autour des 190,00-200,00 €/t échéance septembre 2021, il est tout simplement nécessaire de sécuriser leurs marges », explique Virginie Ciesla-Maudet, du cabinet Assertis.
© P. Guiraud

Les prix du blé en nouvelle récolte cotent 30 €/t de moins que l’ancienne récolte. Est-il pertinent d’attendre une hausse des prix en nouvelle récolte, ou vaut-il mieux déjà marquer les prix pour une partie de la récolte 2021 ?

Les échéances sur la prochaine campagne subissent effectivement un déport très significatif entre les deux campagnes. L’écart est actuellement entre 25 et 30 €/t. Il faut remonter en 2011 pour retrouver de tels niveaux. On avait atteint environ 40 €/t en 2008. Cet écart est important et il n’est pas impossible qu’il se réduise à moyen terme, mais les niveaux actuels méritent d’être salués. Commencer à fixer des ventes à ces niveaux, que nous n’avions pas rencontrés depuis janvier 2019, parait non seulement prudent mais stratégique.

Marquer les prix vous semble donc une solution sage ?

De nouveaux plus hauts ne sont pas complètement exclus dans les prochaines semaines et prochains mois, mais ne rien faire serait probablement une erreur. Si les producteurs de blé s’y retrouvent avec un marché à terme autour des 190-200 €/t échéance septembre 2021, il est tout simplement nécessaire de sécuriser leurs marges. Répartir les risques en deux, trois ou quatre fois est l’un des leitmotivs à intégrer pour une gestion saine.

Comment s’explique cette décote pour les prix en nouvelle récolte et comment peut-elle évoluer ?

C’est symptomatique d’un marché tiré par une forte demande, principalement chinoise, et une offre qui se contracte sur le rapproché. Cette configuration s’explique notamment par le fait que notre principal concurrent, le blé de la Mer Noire, est moins présent. Les récentes taxes sur les exports russes ne font que renforcer la compétitivité des origines France déjà réelle depuis septembre-octobre.

La situation sera peut-être très différente pour la prochaine campagne. Pour le moment, les surfaces sont là et les rendements ne sont pas menacés par un problème majeur, d’où ce déport important. Plus nous avancerons vers les récoltes, plus la probabilité d’incidents pourra faire surface. Une diminution du déport peut être envisagée, mais cela n’est qu’un élément parmi d’autres à intégrer dans la gestion des ventes.

Au-delà des fondamentaux des marchés des matières premières, quel rôle jouent les éléments macroéconomiques dans la situation actuelle, notamment à travers le positionnement des acteurs financiers ?

Les prix reflètent de manière la plus objective possible tous les éléments qui les composent. Bien sûr, l’offre, la demande, la santé économique, les jeux politiques ou encore les devises composent et participent à l’évolution des cours des matières premières. Mais pas seulement : les fonds jouent un rôle essentiel, et ce tout au long d’une campagne. Ne pas les prendre en compte, ce serait comme regarder le marché à moitié. Ainsi, régulièrement, les prix progressent alors que les fondamentaux sont lourds (comme en août 2020 par exemple) et inversement. C’est un pan que nous avons complètement intégré depuis dix ans chez Assertis pour mieux anticiper les évolutions de prix. Certes, plus le marché est volatil, plus cela génère une appétence des fonds. Mais leur présence est salutaire car elle permet également de temporiser les creux comme les sommets.

Dans le contexte actuel, est-il intéressant de souscrire des options pour marquer des prix en nouvelle récolte, ou sont-elles trop chères vu la volatilité actuelle ?

Même si les cours corrigent actuellement une partie de la hausse, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Encore une fois, si les producteurs s’y retrouvent, sécuriser en vente ferme ou avec options reste une approche prudente. Quand le marché bénéficie d’une volatilité intéressante, même si les options ont un coût plus élevé, je les privilégie en complément d’achat ou vente fermes. Après, tout est question de timing. Mais pour cela, je fais confiance aux graphes.

Virginie Ciesla-Maudet est fondatrice et dirigeante d’Assertis depuis 2004, cabinet conseil en gestion de la volatilité des prix sur les matières premières agricoles. Analyste technique certifiée CFTe par l’IFTA (Fédération Internationale des Analystes Techniques), elle est spécialisée dans l’accompagnement des traders (négoces et coopératives agricoles, meuniers, fabricants d’alimentation animale et industries de seconde transformation) quant aux prises de décisions sur le marché, préparateur mental certifiée TOP (Techniques d’Optimisation du Potentiel).

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