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Génétique : « un troupeau charolais fondé à partir d’une vache »

L’EARL de Mirvalt, lauréat du Sabot d’or 2022 en race charolaise, a quasiment constitué son troupeau à partir d’une vache, Tarzane, par transfert d’embryons. À son image, le troupeau présente un développement très important et se caractérise par la dimension des bassins.

À l’EARL de Mirvalt, sur la commune de Pargny-sous-Mureau dans la plaine des Vosges, le troupeau charolais a été monté à partir d’une vêle achetée dans les années 80 à un négociant par les parents de David Manneau. « Tarzane était une fille du taureau d’IA Jiscar. Ce veau est devenu une super belle vache », raconte l’éleveur. Pour éviter tout risque sanitaire, l’achat d’animaux à l’extérieur n’était pas à l’ordre du jour. « Avec notre vétérinaire, mes parents ont décidé de prélever ses embryons. J’avais une douzaine d’années à ce moment-là, et cela m’a passionné. »

Tarzane a été accouplée avec Aboukir la plupart du temps. À quatre reprises, des embryons ont été implantés sur des vaches Holstein de l’élevage avec succès. Les veaux sont nés le plus souvent par césarienne pour anticiper les risques au vêlage. Aujourd’hui, plus de la moitié des vaches du troupeau sont des descendantes de Tarzane. « En fin de carrière, cette dernière a aussi porté des triplés qui ont tous trois été élevés. Nous étions très attachés à cette vache, elle a terminé paisiblement sa vie sur l’élevage. »

Une seule autre femelle a été achetée par les parents de David Manneau : une génisse prête, à une vente aux enchères, en 1995, qui a donné elle aussi une partie des souches présentes dans le troupeau aujourd’hui.

Jusqu’en 2013, le troupeau charolais comptait entre 12 et 15 vaches, et complétait l’atelier laitier. À cette date, a été fait le choix d’arrêter le lait et, pour David Manneau, de rester double actif. Il est enseignant au lycée agricole de Choignes en Haute-Marne. Le nombre de charolaises a alors progressé en croit interne pour atteindre une cinquantaine de vêlages. « C’est l’effectif qui colle pour la place dans les bâtiments d’origine que j’ai choisi de conserver, et pour le potentiel fourrager des prairies aussi. »

De 15 à 55 vêlages en dix ans

Au terme de dix ans de croissance, le troupeau arrive à maturité. Le contrôle de performances atteste d’une progression très importante des poids âge type sur les dernières années. « Il y avait au départ un très bon potentiel génétique de type élevage, avec beaucoup de taille, qu’on a travaillé avec le lait, les aplombs,… Nos vaches ont du tempérament aussi, décrit David Manneau, avant d’ajouter : si ça ne sort pas comme Tarzane, on ne va pas garder. »

L’IA a toujours été pratiquée à 100 % sur le troupeau. « De toute façon, les bâtiments ne se prêtent pas à la monte naturelle avec des cases de petite taille », poursuit-il. Jusqu’à trois ou quatre inséminations sont planifiées si besoin. « En janvier, il y a une période difficile. J’ai parfois aussi recours à un traitement hormonal sur les primipares. » Le nombre moyen d’IA par femelle est cette année de 1,6. Le taux de réussite atteint 64 % pour la première IA, 24 % pour la deuxième, et 12 % pour la troisième ou plus.

Les chaleurs sont détectées à l’œil, les inséminations sont pratiquées au cornadis et les femelles sont échographiées à 35 jours. L’éleveur assume de garder parfois une vache qui lui plaît même si elle n’est pas gestante dans les temps, et de lui faire passer un tour. Ce qui ne l’empêche par de maintenir un intervalle vêlage-vêlage correct. L’IVV moyen s’établit à 379 jours en 2021, et il est assez constant d’une année à l’autre. Le taux de prolificité affiche 102 %, et le taux de mortalité de 3,7 %.

Elitest réalise le plan d’accouplement pour l’ensemble du troupeau. Seize mères à taureau sont sous contrat cette année. Les veaux issus des accouplements des mères à taureau choisis par Emmanuel Richier d’Elitest sont génotypés. Chaque année, David Manneau présélectionne et vend aussi quelques mâles pour la reproduction, après pour certains une évaluation à la station de Sommepy, dans la Marne. « Je fais génotyper toutes les femelles et je trouve qu’on n’en tient pas suffisamment compte quand on fait les accouplements, il faut que j’améliore ça », observe l’exploitant. Le gène culard est présent, tout comme le gène sans cornes qu’il trouve intéressant, sans que chacun de ces deux caractères ne constitue des critères de sélection en soi.

Quinze génisses sont mises à la reproduction à l’automne pour vêler à 3 ans. Une bonne moitié des vêlages se déroulent de mi-août à novembre, le reste s’étalant jusqu’en avril. « Une partie des vaches vêlent seules et les autres m’attendent pour vêler », plaisante à moitié David Manneau, qui travaille à distance de l’élevage. Il apprécie aussi le détecteur de vêlage depuis cinq ans pour ne pas se lever la nuit pour rien.

Pas de concentré pour les vaches

Avec ce format, les vaches ont une capacité d’ingestion très importante. Elle est assumée et assurée à partir de fourrages uniquement. David Manneau récolte environ 25 hectares d’ensilage d’herbe sur des associations dactyle luzerne trèfle sur des prairies permanentes (cette année 0,89 UFL et 13,4 % de MAT à 39 % MS), et sept à neuf hectares d’ensilage de maïs sur terres argileuses très profondes. Les pâtures sont des anciens vergers de mirabelliers en coteaux, où le pâturage est mené en continu.

« Je ne distribue jamais de concentré à mes vaches », indique David Manneau. La ration en bâtiment est composée de moitié ensilage d’herbe, moitié ensilage de maïs, avec un kilo de paille, un kilo de foin de luzerne, et des minéraux. Les veaux sous la mère reçoivent un aliment complet du commerce rationné, et ils mangent aussi la ration des vaches. Ils sont sevrés à l’âge de 7 à 8 mois.

Un seul bol est confectionné par jour vu la taille du troupeau, parfois deux en hiver selon les effectifs présents. Les jeunes bovins (les sept mâles nés les premiers et les sept nés les derniers chaque année) ont donc la même ration de base avec deux à trois kilos d’un mash du commerce à 16 % de MAT. Idem pour les génisses et les vaches de boucherie. Tous les animaux sont vendus au même négoce de Contrexéville, dans les Vosges. « Je regrette que la charolaise ne soit pas plus représentée dans ma région au niveau des boucheries artisanales », commente David Manneau.

Génétique : « un troupeau charolais fondé à partir d’une vache »

Thibaut Henry, conseiller viande chez Optival

Thibaut Henry conseiller viande chez Optival

« Le fruit d’un long travail »

« David est passionné d’élevage et de génétique depuis son plus jeune âge, une passion que lui a transmis son père Gilles, avec qui il travaille encore beaucoup sur l’exploitation. Le cumul génétique sur la morphologie, l’aptitude au vêlage et le lait lui ont permis de disposer aujourd’hui d’un troupeau homogène en termes de production. David a comme objectif principal d’obtenir des animaux de qualité avec de bonnes performances. La récompense du Sabot d’or 2022 est une belle satisfaction pour l’éleveur, c’est le fruit d’un long travail mené par David et son père en lien avec les différents organismes de sélection. »

 

Chiffres clés

EARL de Mirvalt

199 ha de SAU dont 120 en cultures et 79 ha en prairies
50 vêlages en race charolaise

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