VU PAR LE SPÉCIALISTE PHILIPPE NICOT, chercheur à l’unité de pathologie végétale Inra d’Avignon
Y-a-t-il des différences régionales de Sclerotinia ?


Très polyphage, Sclerotinia sclerotiorum, agent de la pourriture blanche et de la pourriture du collet, affecte plus de 500 espèces végétales dont de nombreuses cultures légumières (carotte, melon, laitue, haricot…). Depuis une quinzaine d’années, un agent de protection biologique Coniothyrium minitans (Contans) est utilisé pour lutter contre cette maladie en agissant en tant que mycoparasite. Ce champignon colonise puis détruit progressivement les sclérotes de S. sclerotiorum en quelques semaines. Alors qu’il est utilisé sur tout le territoire, une meilleure efficacité de Coniothyrium minitans a été constatée au nord de la France par rapport au sud. Le climat, la composition du sol, les itinéraires techniques peuvent être des hypothèses pour expliquer cette différence. Des travaux menés par l’Inra ont également porté sur la diversité de comportement du pathogène avec deux interrogations : les souches de S. sclerotiorum ont-elles toutes le même niveau de sensibilité à C. minitans ? et les souches du sud sont-elles moins sensibles à C. minitans que celles du nord ? L’étude a nécessité la mise en place de test in vitro pour évaluer la sensibilité du pathogène au mycoparasite et de quantifier son effet sur les sclérotes. Les résultats n’ont pas permis de retenir les hypothèses de départ. D’une part, une grande diversité de sensibilité a été observée parmi les différentes souches de S. sclerotiorum. D’autre part, celles du sud ne sont pas moins sensibles que celles du nord, ce qui renforce l’importance des autres hypothèses concernant les effets du climat, du sol et des itinéraires culturaux. L’équipe de recherche du projet Scléroleg souhaite également mieux comprendre les mécanismes impliqués dans ces différences de sensibilité. En 2017, elle envisage d’observer si la taille, le diamètre et l’épaisseur de la paroi des sclérotes jouent sur l’efficacité du Contans. Elle souhaite également s’interroger si l’utilisation massive de C. minitans pourrait conduire à une sélection progressive de souches de S. sclerotiorum moins sensibles et affecter l’efficacité des traitements.