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Tomate d’industrie : comment Panzani veut relancer la tomate d’industrie française ?

Ingrédient phare de ses sauces, la tomate chez Panzani n’est pas française. Pas encore du moins. Le groupe a annoncé l’objectif de s’engager dans la relance de la filière tomates française. Quand, comment, pourquoi, avec qui ? Réponses avec Audrey Luc, directrice de la communication et affaires publiques. En parallèle, Panzani poursuit ses travaux pour une « filière tomate responsable » à 100 % pour toutes les origines.

Des tomates françaises pour sublimer les sauces que l’on met sur ses pâtes -dont le blé est d’origine France également, bien évidemment. C’est l’ambition de Panzani qui en a fait son sujet d’actualité.

Il faut dire que le leader français* des pâtes et des sauces met de la tomate dans 96 % de ses produits. Et si le blé de ses pâtes est 100 % français, sites de meuneries et usines inclus, c’est loin d’être le cas de ses tomates.

* Panzani réalise un chiffre d'affaires de 576 millions d’euros à fin 2022, dont  20 % provient des sauces. Ses produits se retrouvent chez 84 % des foyers. Panzani représente 28 % de parts de marché sur les sauces.

 

Relancer une filière française

« Aujourd’hui, nos tomates viennent d’Italie et d’Espagne. La France est déficitaire en tomate d’industrie », regrette Audrey Luc, directrice de la communication et affaires publiques de Panzani. La France produit en effet autour de 150 000 tonnes de tomates d’industrie, plus exactement 160 000 tonnes pour la récolte qui vient de s’achever, selon les chiffres de la Sonito, l’interprofession de la tomate d’industrie. En face, les besoins des industriels sont de 1,1 million de tonnes de tomates. Rien que Panzani nécessite 100 000 tonnes de tomates.

Relancer une filière française tomate d’industrie est une ambition collective, que Panzani partage avec l’interprofession Sonito et les autres acteurs, avec l’objectif d’aller chercher 300 000 tonnes à termes, c’est-à-dire doubler la quantité de tomates d’industrie produites en France.

La Sonito a lancé le projet “Tommates” dans le cadre de France 2030.

Relancer une filière française, c’est inverser la forte érosion des surfaces depuis 10 ans en remobilisant des producteurs, mais aussi penser à structurer la première transformation. Un travail qui doit être mené collectivement. La Sonito a lancé le projet “Tommates” dans le cadre de France 2030.

 

Panzani signe présent, avec en tête la juste rémunération des producteurs

Si relance d’une filière française, Panzani signe présent pour acheter les volumes. « Nos besoins sont de 100 000 tonnes de tomates fraîches par an. Si on avait la possibilité d’avoir ne serait-ce que la moitié en origine France, bien sûr on est là. » 

A quel prix ? « Avoir une filière française compétitive sera un des enjeux, rappelle Audrey Luc. Sachant que la juste rémunération des producteurs est une préoccupation chez nous. Pour l’exemple, en blé nous sommes engagés dans un cahier des charges de blé responsable qui stipule que 60 % des primes que nous accordons au titre de bonnes pratiques agricoles doivent retourner aux producteurs, 40 % aux coopératives. La moitié de nos volumes en blé sont déjà engagés en blé dur responsable. Pour la tomate, il est encore tôt, mais oui, il faudra envisager ce genre de démarche. »

Panzani s’inscrit dans la démarche de relance d'une filière française à son niveau. « Nos équipes sur le terrain sont mobilisées et échangent avec les producteurs et les premiers transformateurs, Panier Provençal en l’occurrence, à date. Il s’agit de bâtir une feuille de route pour accompagner la montée en puissance des volumes français », explique Audrey Luc.

Lire aussi : Tomate d’industrie : que pense l’italien Mutti de la relance d’une filière française ?

 

Tomate origine France : un premier pas avec Panier Provençal

Déjà pour cette campagne 2023, Panzani a contractualisé avec le premier transformateur Panier Provençal* 1 000 tonnes de concentré de tomate, soit l’équivalent de 6 000 tonnes de tomates fraîches françaises fournies par des coopératives françaises à Panier Provençal. La contractualisation portait sur un volume, un prix et des exigences qualité, « les mêmes que celles qu’on exige pour nos tomates italiennes et espagnoles », tient à préciser Audrey Luc. Autrement dit : des tomates uniquement cultivées en plein champ (pas de serres), mûries au soleil, de pleine saison et transformées sous 48h après récolte.

Panzani indique être en discussion pour l’année prochaine et les suivantes.

* Panier Provençal : née en 2019 suite à la reprise de Provence Tomates par la Coopérative agricole Provence-Languedoc (CAPL), l'entreprise installée à Tarascon (Bouches-du-Rhône) transforme en purée, jus et concentré, pour ses clients -des industriels-, des tomates cultivées par une cinquantaine de producteurs dont la majorité se trouve en Camargue. Pour cette campagne 2023, Panier Provençal annonce sur son site internet être en train de transformer une récolte de 85 000 tonnes de tomates dont 12 000 tonnes en bio.

 

L’origine France, pas encore un driver pour les sauces

Quelles sont les attentes de Français en termes de sauces ? « On observe 3 grands drivers, détaille Audrey Luc. Le plaisir en premier lieu, dont la recette est la clé d’entrée, suivi par la praticité et enfin la qualité et la naturalité. Sur ce dernier point, on va retrouver les mentions sur l’origine des ingrédients, certains labels -Panzani avance la promesse de 100 % d’ingrédients d’origine naturelle mais d’autres industriels ont d’autres labels-, le Nutriscore -A ou B pour Panzani-, etc. »

Panzani réalise un chiffre d'affaires de 576 millions d’euros à fin 2022, dont  20 % provient des sauces. Parmi ces sauces, 96 % ont de la tomate pour ingrédient.

« L’origine France de la tomate n'est pas encore une réelle attente des consommateurs, mais si nous nous engageons, je pense que ça sera réellement apprécié des consommateurs », précise-t-elle. Aujourd’hui, la recherche de tomates en origine France est donc davantage une démarche volontaire de Panzani qu’une réponse à une attente consommateur. « Panzani est engagé dans un plan stratégique et une politique RSE. Il s’agit d’être cohérent pour la tomate dans notre politique de local après le blé, résume Audrey Luc. Nous sommes au début d’un beau projet et nos équipes mobilisées rejoignent une ambition collective. »

Et après la tomate ? Panzani utilise aussi pour ses sauces des carottes, des oignons… en sourcing Europe. « La priorité c’est la tomate, ingrédient premier de nos sauces. D’abord la tomate, ensuite on pourra ouvrir la discussion », conclut Audrey Luc.

 

Vers une filière 100 % tomate responsable

Alors que le blé utilisé par Panzani sera à 100 % responsable d’ici 2025, le chemin sera plus long pour la tomate. L’objectif fixé : 100 % de tomates en filière responsable à 2030. Il s’agit d’adresser les trois grands enjeux de la culture de tomates : la préservation de la ressource en eau (avec suivi et optimisation de la consommation d’eau) ; la santé des sols (avec la mise en place de couverts végétaux et de biosolutions et la baisse de la fertilisation) ; la diminution des intrants. Ainsi, Panzani teste depuis deux ans l’agriculture régénératrice avec des producteurs espagnols, l’ONG Earthworm Foundation et les experts d’Ideagro. Après une quinzaine de parcelles pilotes, c’est un tiers de ses producteurs espagnols (soit une trentaine de parcelles) qui basculeront d’ici l’année prochaine sur cette démarche. En cas de succès, la démarche sera généralisée à l’ensemble des producteurs, donc la France.

 

Les sauces, un marché dynamique

Avec 200 000 tonnes, les sauces chaudes représentent un marché qui se porte bien, en croissance de +3,6 % sur un an (cumul à fin octobre 2023). On distingue les sauces pour féculents (sauces pour riz et pâtes), +5 % de croissance, et les bases culinaires (coulis de tomate par exemple) à +2,3 %. « Cette dynamique du marché des sauces chaudes dure depuis plusieurs années, avec un boom pendant la période Covid, analyse Audrey Luc, directrice de la communication et affaires publiques de Panzani. Cette dynamique est tirée par la recherche de plaisir et de praticité pour la première catégorie, et par la volonté de fait-maison et de retour en cuisine pour la deuxième. » La majorité des sauces chaudes contiennent de la tomate ; pour Panzani, c’est dans 96 % de ses sauces.

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