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Quelles alternatives contre l’hoplocampe du pommier ?

Ravageur secondaire émergent, l’hoplocampe du pommier peut causer de gros dégâts, notamment en bio. Des alternatives sont à l’étude et doivent encore être précisées.

L’hoplocampe du pommier, Hoplocampa testudinea, est un hyménoptère ravageur des pommes. Les adultes, qui émergent du sol, pondent dans les fleurs. La larve se nourrit de l’intérieur du fruit, causant des dégâts primaires, puis en ressort pour attaquer un autre fruit, créant des dégâts secondaires. « Les impacts peuvent être particulièrement importants, notamment en agriculture biologique où il n’y a actuellement pas de produits homologués contre l’hoplocampe, souligne Océane Edely, ingénieure de recherche en arboriculture au centre CTIFL de La Morinière (Indre-et-Loire). Et alors que l’hoplocampe était jusqu’ici considéré comme un ravageur secondaire, ses dégâts sont en recrudescence ces dernières années avec la diminution des produits phytosanitaires à large spectre en production fruitière intégrée. »

S’il n’est pas systématiquement présent dans les vergers en France, l’hoplocampe du pommier est ainsi retrouvé dans tous les bassins de production, pouvant endommager jusqu’à 90 % des fruits en cas de forte pression.

La quassine très efficace

Des essais sont menés depuis une dizaine d’années au centre CTIFL de La Morinière pour mettre au point des méthodes de lutte alternatives contre l’hoplocampe du pommier. Différents produits de biocontrôle, homologués ou non, ont notamment été testés.

La substance ayant montré la meilleure efficacité est la quassine, extrait de la plante Quassia amara, dont l’efficacité moyenne sur jeunes larves atteint 74 %, contre 60 % pour le Karaté Zéon, la référence en conventionnel, et 38 % pour le Limocide.

Bien qu’efficace, la quassine fait toutefois face à plusieurs contraintes. « La molécule est en cours de reconnaissance comme substance de base, indique Océane Edely. Mais l’utilisation de Quassia amara n’est plus autorisée en AB depuis 2022. Le Quassol, produit commercial formulé à partir de quassine, est actuellement en dérogation et uniquement en arboriculture conventionnelle. Enfin, Quassia amara est une plante qui pousse dans des conditions tropicales, principalement en Amérique centrale, ce qui rend l’approvisionnement en quassine potentiellement difficile. »

Le piégeage massif très coûteux

Une autre piste est le piégeage massif des adultes. Un premier essai en 2022 avec des pièges Rebell a montré que les pièges englués blancs installés au stade C3-D (apparition des organes verts) et retirés en J (grossissement des fruits), sont ceux qui capturent le plus d’hoplocampes. Des essais de piégeage massif avec des pièges CatchIt (bandes engluées blanches de deux mètres de long), installées sur les fils de palissage à raison de 400 bandes par hectare, ont ensuite été réalisés en 2023, 2024 et 2025.

Les pièges ont permis de réduire le pourcentage de corymbes touchés par des dégâts d’hoplocampe, mais de façon non significative toutefois. « Le dispositif mettait en œuvre des modalités proches les unes des autres, ce qui a certainement induit un biais via des captures d’insectes de la modalité témoin sur les bandes pièges, analyse Océane Edely. Des essais conduits ailleurs ont toutefois montré une bonne efficacité du piégeage massif, qui reste une piste à considérer. Une perspective est donc de le tester à l’échelle d’une parcelle entière. »

Des interrogations existent aussi sur la sélectivité des pièges CatchIt. Si 97 % des insectes piégés en 2023 étaient des hoplocampes et 75 % en 2024, les pièges en 2025 ont capturé 81 % d’auxiliaires et seulement 19 % d’hoplocampes pour une pression du même ordre. « Cette différence pourrait s’expliquer notamment par un printemps particulièrement doux et moins pluvieux que les précédents », poursuit Océane Edely.

De fortes contraintes technico-économiques apparaissent également pour le piégeage massif, avec un coût évalué à 560 euros par hectare hors main-d’œuvre et 800 euros par hectare en comptant la main-d’œuvre, et une charge de travail de 20 heures par hectare pour la pose des pièges. « A priori, la solution semble trop coûteuse, estime Océane Edely. Elle pourrait toutefois être envisagée dans certaines situations de forte pression. »

La piste des nématodes et champignons

Une autre piste encore, qui sera plus étudiée dans l’avenir, est l’apport de nématodes entomopathogènes. Les essais d’apport de nématodes Steinernema feltia à la dose 1,5 milliard par hectare menés en laboratoire en 2021, 2022 et 2023 ont montré une bonne efficacité sur les larves pré-diapausantes d’hoplocampe. Les nématodes ont eu une efficacité de 83 à 100 %. L’essai réalisé sur cocon a en revanche eu une efficacité nulle. « Même quelques jours après sa formation, le cocon est imperméable aux nématodes, constate l’ingénieure. Il faut donc intervenir avant que la larve fasse son cocon. »

En verger, les résultats sont plus aléatoires. En 2022, l’efficacité sur la réduction des hoplocampes a été de 68 %. Mais en 2023, elle a été de 0 %. « Les larves étaient peut-être nymphosées avant l’application des nématodes. Peut-être y a-t-il eu aussi un problème d’humectation du sol. Le positionnement des apports de nématodes est un gros enjeu. » Une perspective pour les essais futurs est donc de tester les nématodes lors de la remontée des larves, fin mars.

Enfin, une autre piste qui pourra être explorée est celle des champignons entomopathogènes.

Affiner les modèles

Un projet d’expérimentation, Aprhopo, a débuté en 2022 au centre de La Morinière pour évaluer l’efficacité des solutions de lutte alternatives sur différents stades de développement de l’hoplocampe du pommier et évaluer la fiabilité des principaux outils d’aide à la décision (OAD) proposant une modélisation du son cycle.

« L’idée est d’optimiser les traitements, notamment pour l’apport de nématodes, pour lesquels le positionnement est très important », précise Océane Edely.

Deux modèles, Rimpro et FruitWeb, ont été évalués. « Pour les deux modèles, il y a un écart entre le pic d’infestation annoncé par le modèle et nos observations, rapporte l’expérimentatrice. Il est toutefois possible de réduire cet écart en indiquant dans le modèle le début de vol observé sur le terrain. »

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