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Quelle segmentation pour l'abricot ? 

Les nouvelles variétés d’abricot permettent d’allonger le calendrier de production et proposent une qualité de fruit plus régulière. Mais pour développer la consommation, une augmentation du nombre de références proposées en rayon est également nécessaire.

Entre six et huit références pourraient être développées pour la segmentation de l’abricot afin de répondre aux différents besoins des consommateurs.
Entre six et huit références pourraient être développées pour la segmentation de l’abricot afin de répondre aux différents besoins des consommateurs.
© égumesRéussir Fruits&L

« L’abricot, pour les mois de juin et juillet, représente 5 à 6 % des ventes de fruits et légumes en valeur, tout circuits confondus », explique Bertrand Gassier, président de Fruits et compagnie, société de production et de mise en marché basée dans le Gard. Pourtant, on ne trouve souvent que deux références sur les étals, le vrac et la barquette emballée d’un kilo 1er prix. Or, l’abricot pourrait tirer profit d’une offre plus large, en développant la segmentation. Selon Bertrand Gassier, l’offre devrait aussi comprendre une référence gros calibre en barquette Premium ou plateau, une référence cœur de gamme en barquette pour la praticité et la rapidité lors du passage en caisse, ainsi qu’une référence « prêt à consommer » pour la consommation immédiate en barquette petit format.

« Ces références sont nécessaires pour répondre aux différents besoins des consommateurs », renchérit le président de Fruits et compagnie. À celles-ci s’ajoutent d’autres références répondant à des attentes particulières, comme le zéro résidu de pesticides ou le bio. Au total, ce sont entre six et huit références qui peuvent être développées pour la segmentation de l’abricot, en ajoutant le format « colis confiture » pour les fruits trop mûrs ou marqués. « La segmentation en abricot, ce n’est pas un problème, c’est une solution », estime Bertrand Gassier.

Des variétés pour faire durer la saison

Historiquement, la période de commercialisation de l’abricot était resserrée, centrée sur juillet, et il était donc difficile d’installer une segmentation en rayon pour un temps aussi court. Aujourd’hui, l’offre variétale permet d’allonger la période de présence en magasin, et l’obstacle de la brièveté de la campagne s’estompe. « Le cœur de marché se situe entre le 1er juin et le 15 août », souligne Christophe Lamotte, directeur de HDC Lamotte, entreprise drômoise de production et d'expédition de fruits et légumes. « Auparavant, il y avait trop de variétés différentes et pas assez de quantité pour chaque. Certaines variétés n’étaient produites que sur 2 ou 3 hectares, pour toute la France. Impossible pour les acheteurs de s’y retrouver, poursuit-il. L’arrivée des variétés autofertiles a permis de régulariser les volumes en évitant l’alternance. Mais les fruits de ces premières variétés autofertiles étaient moins qualitatifs. »

L’évolution variétale est progressive, et elle tend vers une homogénéisation des qualités gustatives et de l’aspect des fruits. « C’est un point positif », juge Bertrand Gassier. Aujourd’hui, la tendance est à l’identification de deux ou trois variétés par créneau et au développement des surfaces plantées avec ces variétés, pour rendre l’offre plus lisible et simplifier la mise en marché. « La nécessité d’avoir plusieurs variétés se comprend, car chacune va couvrir un créneau de deux à trois semaines, ce qui permet de faire durer la saison », explique Christophe Lamotte, qui est lui-même exploitant dans le Gard. Cela implique de gérer plusieurs variétés en même temps, ce qui représente parfois une difficulté supplémentaire.

Un équilibre retrouvé entre l'offre et la demande

Ces dernières années, l’arrachage massif de vergers d’abricotiers a fait décroître les volumes de production. En résulte aujourd’hui une bonne adéquation quantitative entre l’offre et la demande. La sélection variétale, en s’orientant vers des saveurs plus douces, permet également de répondre à une demande qualitative des consommateurs. « L’évolution de l’abricot va suivre ainsi le même chemin que la pêche-nectarine, avec quelques années de décalage », estime Bertrand Gassier. De plus, le planning variétal permettant une amplitude de récolte de mi-mai à début septembre, le pic de juillet est « lissé », et les volumes ont plus de temps pour s’écouler. Cette plage de récolte reste tout de même inféodée à la météo, l’abricot ayant besoin d’un cumul de soleil pour parvenir au taux de sucre optimal. La récolte peut être un peu retardée à cause d’un printemps qui tarde à s’installer, comme ce fût le cas cette année. De même, lorsque les jours décroissants induisent des nuits fraîches précoces, la production s’arrête avant le mois de septembre.

Le casse-tête de l'emballage avec la loi Agec

L’abricot n’étant pas exempté par le projet de loi Agec, le problème de l’emballage se pose. Le 100 % carton ? « Impossible. Le consommateur de fruits et légumes a besoin de voir le produit », tranche Christophe Lamotte. « En pomme de terre, nous avons testé l’an dernier un emballage carton où l’on ne voyait pas le produit. Nous avons observé une diminution des ventes de 40 %, et ces achats ne se sont pas reportés sur le vrac », évoque le directeur de HDC Lamotte. Des solutions techniques sont à l’essai, comme la barquette ajournée en carton avec film transparent papier, mais le principal frein reste le coût, environ quatre fois plus cher que les emballages utilisés actuellement. Cela peut-il pour autant perturber le développement de la segmentation de l’abricot ? Selon Bertrand Gassier, « la segmentation est nécessaire au développement des ventes de l’abricot, et le développement des ventes est nécessaire à la filière. La loi Agec vient compliquer cette nécessité, mais ne vient pas la contredire ». En effet, les solutions techniques sont déjà existantes, avec des barquettes carton disponibles pour quasiment tous les formats. « Il faut toutefois faire attention à l’adéquation produit/consommateur, même si la segmentation se fait indépendamment du choix du matériau », ajoute Bertrand Gassier.

Le carton, plus onéreux que le plastique, n’est pas transparent et ne permet pas au consommateur de voir le produit

La difficulté du « mûr à point » 

Le « mûr à point » dans les rayons nécessite beaucoup de main-d’œuvre. « Pour faire un fruit de qualité, il faut passer souvent lors de la récolte, entre cinq et six fois pour une variété », explique Christophe Lamotte. En effet, le fruit se conserve mal une fois mûr. « Pour une vente en GMS (grande et moyenne surface), il faut ramasser deux à trois jours avant maturité », explique le directeur de HDC Lamotte. La récolte peut s’effectuer dès lors que la fermeté se trouve entre 3,5 et 5, « sans pour autant ramasser des cailloux », précise-t-il. L’abricot est un fruit qui s’affine après ramassage, à la condition d’avoir un taux de sucre suffisant. Pour une qualité et une homogénéité optimale, les passages de récolte sont effectués tous les deux jours par temps de fortes chaleurs, ou tous les quatre jours lorsque la météo est plus fraîche.

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