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Melon : les petits calibres sont-ils plus résilients en cas d’irrigation restreinte ?

L’impact d’un stress hydrique sur le calibre et la productivité a été testé pour deux profils variétaux de melons en 2025, dans le cadre du projet Irrimelon mené par le CTIFL. Le point sur les premiers résultats.

<em class="placeholder">Une parcelle de melon. </em>
Le projet Irrimelon mené par le CTIFL a commencé en 2024. Il étudie notamment l'impact du choix d'une variété à petit ou plus gros calibre dans un contexte de restriction de l'irrigation.
© M. Kerdraon/CTIFL

Évaluer des leviers pour faire face à des restrictions d’eau dans la culture du melon est l’objectif du projet Irrimelon mené par le CTIFL depuis 2024. Le choix d’une variété à petit ou gros calibre est-il une piste à activer ? Les essais 2025 ont cherché à répondre à cette question en étudiant la réaction au stress hydrique de deux profils variétaux : l’un de petit calibre et de productivité moyenne (représenté par Solibel), l’autre de calibre modéré et de bonne productivité (porté par Volupta). Trois modalités d’irrigation ont été mises en œuvre : confort, stress hydrique modéré constant avec 50 % d’eau de moins que la modalité confort tout au long de la croissance des plants et stress hydrique élevé et ponctuel à moins 70 % sur le dernier mois de culture.

Lire aussi : [Dossier] Melon et pastèque : faites vos choix

Par rapport à l’irrigation de confort, les rendements baissent significativement pour les deux variétés. Mais ils baissent plutôt moins pour les petits calibres. En modalité -50 %, « nous observons un rendement brut en baisse de 12 % pour les petits calibres et de 20 à 30 % pour les gros calibres », précise Margaux Kerdraon, ingénieure d’expérimentation melon et irrigation au CTIFL et chargée du projet.

 

La répartition en calibre 12 résiste bien

La répartition des calibres a également été analysée. « La proportion de calibre 12 se maintient en modalité -50 %, commente Margaux Kerdraon. ​​​​​On aurait pu s’attendre à beaucoup plus de petits calibres ». Avec le stress de -70 % durant le dernier mois, Volupta conserve même sa proportion de calibre 12, et ne produit plus de calibre 9 et 11. Pour Solibel, la proportion de calibre 12 passe de 69,95 % en confort à 52,10 % à -70 %. Il y a certes 32,18 % de calibre 15 mais il n’y a plus de calibres 11 et 9.

Lire aussi : Melon : des pistes pour lutter contre le taupin

En résumé, les pertes de rendements semblent moins importantes en situation de stress hydrique pour les variétés à petit calibre, avec tout de même une réduction de la proportion de calibre 12 plus importante que pour une variété à gros calibre. Ces résultats, qui ne portent que sur un essai, seront à étoffer par de nouvelles expérimentations.

Pas de montée significative du taux de Brix

Le taux de Brix a également été mesuré. Pour la variété Solibel, il passe de 14,09 en mode confort, à 14,52 en mode -50 % et 13,31 pour la modalité -70 %. Pour Volupta, le taux de Brix passe respectivement de 14,43 à 14,70 et 13,06. « Il n’y a pas de montée significative du Brix en stressant les fruits », souligne Margaux Kerdraon. À -70 %, on constate même un Brix un peu inférieur. « Avec un stress à 70 %, la plante n’est pas capable d’alimenter les fruits », décrypte-t-elle.

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Sont encore à exploiter les données sur l’état hydrique des plants, la biomasse et l’étalement racinaire.

Le projet se poursuit jusqu’en 2028. Il devrait approfondir l’impact du développement racinaire de la variété, l’intérêt des porte-greffes face au stress hydrique et la capacité des sondes à piloter l’irrigation.

 

 
<em class="placeholder">Le stress hydrique ne fait pas monter le taux de Brix</em>

Les sondes capacitives, un outil de pilotage perfectible

Irrimelon cherche également à évaluer l’intérêt des sondes capacitives pour le pilotage de l’irrigation. Ce type de sonde est capable de mesurer les horizons sur 60 centimètres avec des mesures tous les 10 centimètres. Les données sont accessibles sur une application ou sur un serveur ce qui est pratique. Pour le pilotage, on adjoint aux sondes des seuils en fonction du type de sol, qui prennent en compte les réserves utiles théoriques.

« Les courbes montrent qu’il y a bien une différence d’apport d’eau dans le sol mais entre la situation de confort et celle de stress à moins 70 %, la différence de courbe affichée est beaucoup moins forte que l’écart de rendement obtenu à la parcelle. En rendement brut, on mesure une perte de 15 tonnes sur 38 tonnes potentielles. Là où une perte de rendement d’au maximum 5 % est jugée acceptable », développe Margaux Kerdraon​​​​​​. Il apparaît donc que les sondes sont cohérentes par rapport à la mesure de l’eau dans le sol mais que cette donnée n’illustre pas les besoins du plant liés à sa gourmandise en eau et à son stade de croissance. « Il faut travailler les seuils par rapport à la connaissance que l’on a de la parcelle pour savoir comment la sonde réagit », estime la cheffe de projet. Il faudrait pouvoir intégrer également les prévisions météo. « Des essais en stations sont encore à mener pour définir une méthodologie d’utilisation de ces sondes capacitives pour piloter l’irrigation », conclut-elle.

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