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Nouvelle dynamique pour les serres

Le parc de serres s’étend partout dans le monde. Durement touché par la crise économique en 2009, le contexte est à nouveau favorable à la construction. Les gains de précocité et de qualité, ainsi que l’affranchissement des contraintes climatiques et parfois sanitaires sont autant d’atouts que les serres peuvent mettre en avant.

Après plusieurs années moroses, le marché mondial de la serre repart de l’avant. La construction de serres s’était effondrée en 2009, conséquence directe de la crise économique. A l’image des Pays-Bas, pays étalon du marché des serres high-tech, la dynamique est désormais positive. « Avant 2009, 400 à 500 ha de serres se construisaient chaque année aux Pays-Bas, évoque Benjamin Richel, directeur de l’activité serres Venlo du groupe Richel. En 2009 et 2010, ce chiffre a été divisé par dix : seulement 50 ha par an. Entre 2011 et 2015, le marché s’est stabilisé autour d’une centaine d’hectares par an. Depuis 2015, il y a une nouvelle recrudescence du marché : entre 100 et 200 ha de serres se construisent aux Pays-Bas ». Le regain est net. « Il y a trente ans, il y avait seulement quatre ou cinq entreprises qui construisaient des serres, presque uniquement aux Pays-Bas », expose Peter Spaans, directeur de Van der Hoeven. Aujourd’hui, les serres verre high-tech se construisent partout dans le monde. L’augmentation du niveau de vie dans certains pays entraîne une plus forte exigence de qualité de la part des consommateurs et donc de la valeur ajoutée sur les produits. Selon Arjan van Antwerpen, directeur de DLVge, serriste néerlandais, « la première conséquence d’une hausse du niveau de vie d’une population est l’augmentation de la consommation de légumes. Cela profite directement à la construction de serres ».

Produits de meilleure qualité et moins traités

Au premier rang de ces pays dynamiques, la Chine, pays « à fort potentiel » selon Michael Ploeg, responsable exports chez Dalsem, constructeur aux Pays-Bas. « L’exigence des consommateurs augmente dans ce pays, ils réclament davantage de sécurité alimentaire », estime-t-il. La demande se situe sur le calibre des fruits et légumes et leur meilleur aspect. La Chine est de loin le premier pays en termes de cultures protégées, avec trois millions d’hectares, principalement sous abri plastique simple. Les serres high-tech restent marginales en termes de surfaces mais elles prennent de plus en plus de place.

Beaucoup de serristes hollandais travaillent avec la Russie.

REGNIER TEN HAAF, responsable des ventes horticulture de Ridder

La tendance mondiale va donc vers des produits de meilleure qualité et privilégie des légumes avec le moins possible de produits phytosanitaires comme c’est le cas sous serre. Le souhait de légumes produits nationalement peut également être un élément moteur, la culture sous serre permettant d’allonger le calendrier de production et de concurrencer la production étrangère. Un autre aspect fondamental qui régule la dynamique de construction des serres dans certains pays réside dans l’attribution ou non de subventions pour les projets de construction. Ce constat est particulièrement prégnant en Europe centrale où les subventions européennes peuvent atteindre 90 % du coût des serres (environ 15 % en France). Ainsi, en Roumanie, il n’y a pas eu de subventions attribuées en 2016 et par conséquent pas de projets de construction. « En Hongrie, des subventions se sont ouvertes cette année, ce qui fait qu’il y a maintenant des projets en maraîchage », témoigne Jean-Luc Ivaldi, responsable de la zone Europe centrale chez Richel. Selon lui, le profil des porteurs de projet a changé. « On est passé d’un profil de producteurs à un profil d’investisseurs, qui ne sont pas du milieu agricole et cherchent à se diversifier dans un autre secteur ».

La Russie, en quête d’autosuffisance de légumes

En Pologne, un « marché mature » selon le spécialiste, Richel est un acteur majeur sur le marché de la serre verre high-tech par an, principalement pour des cultures de tomate et concombre. Le serriste français constate le besoin croissant de protection des cultures de petits fruits, framboise en tête. En Europe de l’Ouest, comme au Japon ou en Corée du Sud, deux marchés importants du continent asiatique qui comptent 500 000 ha d’abris, la construction permet avant tout de remplacer le parc de serres existant. « Aux Pays-Bas, les surfaces construites consistent principalement à remplacer d’anciennes serres et à développer les surfaces sur des exploitations existantes », précise Arjan van Antwerpen, DLVge. La Russie et plusieurs autres pays de l’ex-URSS constituent un autre marché d’envergure pour les serristes. Celui-ci est stimulé par l’embargo russe sur les produits agricoles européens : la Russie a réorienté ses marchés d’imports vers des pays comme le Kazakhstan, la Géorgie ou l’Azerbaïdjan. D’autre part, elle favorise sa production nationale dans sa quête d’autosuffisance alimentaire. Ces pays ont donc un fort besoin de serres étrangères. Quant aux Etats-Unis, bassin important de consommation de fruits et légumes, ils sont fortement dépendants des importations, notamment en provenance de leurs voisins le Mexique et le Canada. L’élection de Donald Trump aux Etats-Unis soulève des interrogations chez les serristes, qui sont attentifs à une éventuelle fermeture des frontières, qui pourrait enrayer la dynamique de construction de serres au Mexique et au Canada, ou la stimuler aux Etats-Unis. Enfin, le Moyen-Orient est un autre marché important pour les serristes avec des opportunités de développement intéressantes. La culture sous serre permet notamment des économies en eau, dans des pays où cette ressource est rare.

EN SAVOIR PLUS

Le premier Bulletin Infos Serre, rédigé par le Ctifl, les partenaires des stations régionales et des chambres d’agriculture, est paru en mars dernier. Il regroupe des informations utiles sur les résultats d’essais, des actualités et annonces d’événements. Deux numéros sont prévus par an. Le bulletin est téléchargeable sur www.ctifl.fr

 

La France renouvelle son parc

Une dynamique de construction est enclenchée sur toute la partie Ouest de la France.

En France, les surfaces cultivées sous serres semblent elles aussi progresser. Les résultats d’une enquête du Ctifl sur les évolutions du parc de serres français, réalisée en 2016, devraient paraître dans quelques mois. « En attendant ces résultats, nous pouvons quand même estimer que la tendance est à la hausse, témoigne Ariane Grisey, Ctifl. L’appel à projets de FranceAgriMer sur la modernisation des serres a encouragé la dynamique de construction, avec 8,5 millions (M) qui y sont consacrés cette année ». Le renouvellement des serres chauffées doit aussi permettre d’optimiser les consommations d’énergie tout en maintenant les rendements. En 2011, date de la dernière enquête serres chauffées du Ctifl, l’Ouest de la France (Bretagne/Val de Loire) comptait plus de 600 ha de serre sur les 1 050 ha répertoriés. Depuis, la tendance est à la construction grâce au développement de la cogénération, facteur déterminant pour la compétitivité des serres en réduisant le coût de l’énergie.

Des cycles d’investissements de trois-quatre ans

La dynamique de construction est également importante dans le Sud-ouest avec des projets de construction d’envergure. « L’ancienne région Aquitaine est quasiment à égalité avec la Bretagne, en tête des régions françaises où se construisent le plus de serres sur les trois dernières années », indique Christophe Lacoste, AgriAbri Aquitaine. Entre 2014 et 2016, il s’y est construit 85 ha de serres pour 60 M d’euros d’investissements. Ces surfaces de construction se répartissent entre trois pôles : des serres verre pour la tomate, des serres double-paroi gonflable pour la production de fraise et quelques serres froides pour la production de légumes (aubergine, poivron, salade). « Cette dynamique est due d’une part à l’esprit d’entreprise et de développement des producteurs de fruits et légumes de la région ainsi qu’aux aides publiques », analyse Christophe Lacoste. Au total, les aides ont représenté en moyenne 40 % du coût des serres en Aquitaine, entre la participation de l’Etat, de la région et des départements. « On remarque qu’il y a des cycles d’investissements de trois-quatre ans, suivis par des périodes plus calmes de quatre-cinq ans pour amortir les frais », précise Christophe Lacoste. En revanche, le Sud-est de la France devrait continuer sa régression. Selon Ariane Grisey, certaines zones sont en grande difficulté avec des serres à l’arrêt, comme la plaine de Berre (13), tandis que d’autres renouvellent leur parc et le développent. L’étude ClimAgri Paca sur l’avenir de la production de tomates sous serre chauffées a recensé en 2010 un parc de serres de 367 ha essentiellement anciennes et peu chauffées. Il tendrait à se rénover mais régresserait à 265 ha en 2020 pour atteindre 170 ha de serres récentes en 2030. « Ces hypothèses reposent sur un développement ambitieux avec un renouvellement d’environ 100 ha de serres performantes dont 60 ha en cogénération », précise le document. Ceci permettrait de libérer environ 200 ha de serres "anciennes" qui pourraient pour partie être dédiées à d’autres productions agricoles non chauffées.

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