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Poivron, aubergine, courgette : les pistes pour limiter les maladies du sol

Les maladies du sol, comme la verticilliose et la fusariose, sont présentes de manière récurrente sur poivron, aubergine et courgette. Mais d’autres émergent, notamment sur courgette et aubergine.

Les champignons parasites corticaux font partie d’un cortège de parasites du sol qui peuvent affecter la courgette, l’aubergine et le poivron. Ainsi, Phomopsis sclerotioïdes, Pyrenochaeta lycopersici, Macrophomina phaseolina, Rhizoctonia solani produisent des mycéliums et microsclérotes que l’on peut retrouver sur les racines des plantes atteintes. Les symptômes sont alors des lésions racinaires nécrotiques, des pourritures et des pertes de racine. Les plantes jaunissent et leur feuillage flétrit, entraînant des pertes de rendement.

La fusariose du collet se développe sur courgette

Pour Jonathan Gaudin, de l’Inrae, il faut sans cesse chercher à contrer les pathogènes et ne plus raisonner bioagresseur par bioagresseur, mais bien de façon globale : « L’utilisation répétée d’une même espèce, d’une variété, ou d’un porte-greffe favorise certains pathogènes. Il faut donc agir sur plusieurs leviers en même temps ». En effet, l’inoculum de ces maladies dans le sol est renforcé par la monoculture. C’est par exemple le cas sur aubergine où le greffage sur porte-greffe Tomate augmente la fréquence d’isolement de Colletotrichum coccodes, de Macrophomina phaseolina, de Fusarium oxysporum, comme cela a été démontré par les graphiques présentés lors de la journée technique organisée par le CTIFL en novembre dernier. « La maîtrise de ces pathogènes est difficile. Les champignons adorent l’humidité », commente François Villeneuve, CTIFL. La gestion de l’irrigation et de la fertilité mais aussi les rotations pour les sols peu infectés, le greffage puis la désinfection, solarisation ou vapeur, en sols très infectés sont des solutions à mettre en œuvre parfois de manière combinée. Si la verticiliose est la première maladie qui affecte l’aubergine , la fusariose du collet, Fusarium solani f.sp cucurbitae est une maladie qui se développe sur courgette. Ce champignon du sol est émergent en Espagne, en Italie et en France depuis dix ans. Il a d’abord été signalé en Asie, Amérique et Afrique. Sa gamme d’hôtes est essentiellement composée de cucurbitacées. Sa particularité est d’attaquer le collet et d’entraîner des pourritures humides mais il peut aussi affecter les racines et les fruits. Sa présence se remarque sous forme de foyer de plantes flétries et desséchées. Les symptômes entraînant cet état sont des lésions humides au collet. Celles-ci peuvent porter des sporodochies(1), sources de futures contaminations. La maîtrise de la maladie nécessite le contrôle qualité des semences et des plantes. En culture, il est important d’éliminer les plantes malades dès l’apparition des symptômes et en fin de culture. Le nettoyage des outils permet d’éviter de contaminer d’autres parcelles. La rotation est également importante car la maladie peut se conserver deux à trois ans dans le sol.

A lire aussi : Journée du CTIFL : poivron, aubergine et courgette en force

« D’autres maladies favorisées par le changement climatique peuvent être qualifiées d’émergentes », poursuit François Villeneuve. Sur melon et courgette, Monsporascus cannomballus est un champignon du sol présent dans de nombreuses régions arides et semi-arides dont la présence est révélée en Italie et en Espagne et qui a aussi été détecté en France. Sa gamme d’hôtes, encore mal connue, est composée de cucurbitacées. Les symptômes primaires sur les racines sont des lésions nécrotiques qui se couvrent de périthèces (ponctuations noires) donnant des spores (contamination). Le feuillage des plantes affectées jaunit, puis flétrit entraînant le dépérissement. Il est important de détruire les plantes atteintes mais la maîtrise de la maladie est difficile car son potentiel de conservation dans le sol est très long. Seule de longues rotations sont intéressantes pour prévenir cette maladie.

La pourriture à sclerotium, Athelia rolfsii, peut également affecter la courgette mais aussi l’aubergine et le poivron. « Sa présence est problématique dans l’aire de production du piment d’Espelette et la maladie devient de plus en plus problématique en France », précise François Villeneuve. Ce champignon d’origine tropicale a un développement assez rapide et très agressif. Il se trouve à la fois en plein champ et en serre. « Ce champignon colonise le collet et les racines, et provoque des pourritures avec des flétrissements soudains de la plante. On note même l’apparition de manchons mycéliens denses, portant plein de petits grains qui se colorent en blanc », détaille le spécialiste. Les moyens d’action sont connus : gestion de l’irrigation, élimination des débris végétaux en fin et cours de culture, rotations culturales longues en parcelles peu ou pas touchées (moindre sensibilité alliums, blé, maïs…), chaulage du sol voire désinfection des sols très infestés (solarisation, vapeur). Sur aubergine, c’est la fusariose vasculaire (Fusarium oxysporum f. sp. melongenae) qui inquiète. Les symptômes font penser à la verticilliose, avec des flétrissements qui sont plus soudains, l’apparition là aussi de coussinets et le noircissement des tiges. « C’est un Fusarium foudroyant, qui agit en moins de sept jours à partir du système vasculaire et entraîne un dépérissement inhabituel du pied franc. Mais il n’a qu’un hôte spécifique : l’aubergine. » Déclaré pour la première fois au Japon, en 1958, puis plus récemment, en Espagne (2004) et Italie (1993), il a été identifié en France, en 2017, « mais sa présence est sans doute plus ancienne ». Il se conserve dans le sol et les débris végétaux. Pour le maîtriser, il est recommandé d’utiliser un porte-greffe tomate ou Solanum sp., des variétés d’aubergines résistantes et, bien entendu, de gérer l’irrigation et la fertilisation.

(1) coussinets cotonneux à muqueux se formant sur les tissus altérés à pourris

Un virus de la courgette à nos portes

 

 
Le Tomato leaf curl new delhi virus (TolCNDV) est un nouveau virus qui affecte principalement la courgette, et est « à nos portes » avec un risque d’émergence en France. Identifié en Espagne (2012), en Italie (2015) et au Portugal (2019), ce geminivirus proche du TYLCV a une gamme d’hôtes large (solanacées et cucurbitacée principalement). Il entraîne un enroulement et un jaunissement inter-nervaires, nanisme et gaufrage des fruits. Son vecteur est l’aleurode Bemisia tabaci, d’où une lutte prophylaxie recommandée par l’utilisation de filets insect-proof pour la production sous abri, sans compter la destruction et un vide sanitaire en fin de culture, après élimination des plantes malades.

 

La verticilliose jamais seule

La verticilliose, Verticillium dahliae, est le bioagresseur tellurique le plus fréquemment identifié dans les cultures d’aubergines non greffées et greffées. On la retrouve également sur courgette et poivron. Elle est souvent accompagnée par un cortège de bioagresseurs, trois ou quatre autres pathogènes, notamment dans le Sud-ouest de la France où elle a l’origine du développement des cultures hors-sol. Le fait de greffer permet de baisser la fréquence d’infestation, mais la présence d’une race 2, généralement moins agressive, démontre le risque d’un contournement par de nouvelles races.

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