Fraise : l’emballage se fait plus protecteur
La barquette plastique est « l’unité consommateur » privilégiée pour la vente des fraises. Mais son avenir pourrait être réglementairement remis en cause. Des opportunités d’évolution de ce type d’emballage existent, avec de nouveaux matériaux et de nouvelles technologies.
La barquette plastique est « l’unité consommateur » privilégiée pour la vente des fraises. Mais son avenir pourrait être réglementairement remis en cause. Des opportunités d’évolution de ce type d’emballage existent, avec de nouveaux matériaux et de nouvelles technologies.
Une réflexion et des travaux sur le conditionnement des fraises ont été entrepris dans le contexte encore évolutif de la loi Agec. Cette loi, relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, concerne l’usage des emballages plastiques pour les fruits et légumes conditionnés en moins de 1,5 kg. Sa prise en compte réglementaire a amené le CTIFL à conduire des expérimentations sur la gamme d’emballages existants : barquettes (PET, bois, carton, cellulose…) et films (PP, cellulose régénérée, hydrate de cellulose, PLA…). « Avec l’endive, la fraise incarne un des cas extrêmes de fragilité et de maintien de la qualité du produit à optimiser, tant la perte d’eau, le développement de meurtrissures et de pourritures-moisissures peuvent la dégrader rapidement », explique Valérie Mérendet, CTIFL.
Le maintien de l’humidité
Une première série d’essais a permis de caractériser différents types de matériaux, et de lever un doute sur la capacité d’absorption en eau et donc du pouvoir de déshydratation de certains d’entre eux (carton, cellulose). « Testées en condition de point de vente à 20 °C, les fraises perdent environ 1,2 % de leur poids en eau par jour en barquette classique en plastique (PET). Les fraises emballées en barquette biosourcée, tous matériaux confondus, perdent en moyenne 2,3 % de leur poids initial, et les fraises étalées en vrac sans emballage 4,8 % », précise Valérie Mérendet, commentant l’effet de protection relative contre la déshydratation de la seconde catégorie de matériaux. Les performances des emballages ont également été évaluées en croisant type de barquette et type de film, dans un circuit filière simulé (stockage en chambre froide pendant deux jours et demi à 5 °C + ambiance point de vente pendant quatre jours). Entre les témoins extrêmes (barquette plastique filmée et barquette carton ou cellulose ouverte), seize modalités d’emballage ont été testées, comme par exemple la barquette carton avec film flowpack ou encore la barquette cellulose moulée operculée avec un film de cellulose régénérée. « Plus le complexe barquette-film maintient l’humidité, moins les fruits perdent de poids, mais plus le nombre de fruits affectés par les pourritures, notamment botrytis, est élevé à un instant donné. Certaines combinaisons de matériaux permettent de s’approcher des performances du plastique », résume la spécialiste.
De la préservation à l’optimisation
« Ces observations montrent des opportunités d’amélioration des conditions de conservation des fraises grâce à l’emballage », commente-t-elle. Ainsi, il semble possible de réduire le niveau de perméabilité à l’eau d’une barquette carton ajourée en améliorant les propriétés barrières du matériau. De même, la perméabilité aux gaz des films flowpack en cellulose régénérée peut être adaptée en faisant varier le niveau de microperforations dans le cas de la fraise, comme c’est le cas pour les sachets fraîcheur actuels d’endive, en polypropylène PP. Les micro voire macroperforations peuvent également être testées pour laisser passer les odeurs de la fraise, dont les parfums sont des critères d’attractivité de ce fruit acheté par plaisir. « Nous ne cherchons pas exclusivement à reproduire les conditions d’emballage de la barquette plastique car les nouveaux matériaux peuvent permettre de les améliorer. Nous passons de la notion de préservation à celle d’optimisation de la qualité du produit », analyse Valérie Mérendet. Toutefois cette évolution a un coût économique certain, qui peut être un frein à son développement. Le projet INoPack prend en compte ce coût au travers d’une étude technico-économique sur les matériaux, mais aussi sur les moyens de mise en œuvre (emballeuses, filmeuses, operculeuses…). Il évalue également la perception et l’intérêt des consommateurs pour ces nouvelles présentations, laissant plus ou moins de visibilité au produit.