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Comment Futura Gaïa produit des légumes à la verticale, en images

L’équipe de Futura Gaïa développe depuis trois ans un concept d’agriculture verticale automatisée. Le modèle se veut complémentaire de l’agriculture en plein champ et met en avant la préservation des ressources agricoles et le « sans pesticides ».

Pascal Thomas est passé des nouvelles technologies au développement d'un concept d’agriculture verticale automatisée.
Pascal Thomas est passé des nouvelles technologies au développement d'un concept d’agriculture verticale automatisée.
© RFL

Faut-il traduire Futura Gaïa par « le futur de la Terre » ? Ici, entre des cylindres d’inox et des lampes LED, le concepteur de cette agriculture indoor parle plutôt d’une technique « complémentaire à l’agriculture traditionnelle » et décrit son système comme « une solution d’agriculture verticale automatisée sur sol vivant en géoponie rotative ». Fils d’agriculteur gardois, Pascal Thomas, aujourd’hui président de Futura Gaïa, est passé par le Canada où il travaillait dans les nouvelles technologies. Deux concours de circonstances mentionnés dans la présentation de son entreprise fondée en 2019 l’ont mené vers un « new deal agricole » : « En janvier 2018, j’ai mangé une fraise produite en indoor particulièrement goûteuse. Par ailleurs, mon père agriculteur a été affecté par une maladie professionnelle reconnue par la MSA qui m’a conduit à revenir en France », explique-t-il.

 

 
Les cylindres tournent 24 heures sur 24, avec une régulation de la température et de la lumière en alternance pour reproduire le cycle jour-nuit. © RFL

 

L’itinéraire cultural de nombreuses cultures

C’est donc avec une approche technologique, environnementale et sociétale que Pascal Thomas s’est lancé dans le projet Futura Gaïa où les notions de « sans pesticides » et de « préservation de la ressource » sont mises en avant. « Si, comme nous, vous pensez qu’il est important de renforcer notre souveraineté alimentaire, de garantir des revenus stables au monde agricole, de créer des emplois attractifs et pérennes, de réhabiliter des friches industrielles tout en ayant une empreinte carbone optimisée : investissez dans Futura Gaïa ! », peut-on lire dès la première page du site internet de l’entreprise (voir encadré).

 

 
Le cumul de la surface cultivée développée est de 560 m² par an et par cylindre. Les cylindres de culture sont empilés sur plusieurs étages. © RFL

 

Avec un premier site de recherche implanté à Rodilhan près de Nîmes dans un bâtiment frigorifique de l’exploitation familiale, puis un centre de production à Tarascon pour valider le concept industriel dans un bâtiment de 1 800 m2 dont 400 m2 de production, la start-up compte aujourd’hui 24 salariés dont une dizaine d’ingénieurs. « L’équipe travaille sur le développement de l’itinéraire cultural de nombreuses cultures : 70 au total, principalement des légumes feuilles (salade, épinard, ciboulette…) et toutes les plantes aromatiques et médicinales (basilic, coriandre, aneth…). Des tests sont prévus sur la fraise », précise le responsable, qui assure également pouvoir produire une salade pommée de 250-300 g en quatre semaines.

Les cylindres tournent 24 heures sur 24

Les graines de ces cultures sont semées en salle de germination où la température, l’hygrométrie et l’irrigation sont maîtrisées. Puis les plantules sont repiquées dans des bacs de culture en inox remplis d’un substrat sans tourbe composé d’écorce, de copeaux de bois et d’argile, qui sera utilisé pour quatre cycles de production. Ces box sont ensuite insérés dans des cylindres de culture dont la surface développée est de 33 m2. Avec une récolte possible toutes les trois semaines tout au long de l’année, soit 17 cycles de cultures de pousses de salade ou de plantes aromatiques, la surface totale cultivée par an est de 560 m2.

 

 
Les plants sont repiqués dans des bacs de culture en inox remplis d’un substrat et insérés dans des cylindres de culture. © RFL

 

Les cylindres tournent 24 heures sur 24 avec une régulation de la température et de la lumière en alternance pour reproduire le cycle jour-nuit. Les micro-irrigations sont apportées au sommet des cylindres. Selon Pascal Thomas, les plantes ont une meilleure tenue avec un taux de matière sèche deux fois plus élevé que celui des « cultures traditionnelles ». Pour l’heure, toutes les cultures sont produites sans pesticides. Seule une lutte biologique intégrée est utilisée pour lutter contre la mouche du terreau.

Une semaine calibrée

L’unité de développement et de production de Tarascon compte 36 rouleaux de culture empilés sur trois étages. Chaque rouleau est piloté de manière autonome et à distance grâce à un flux de données fournies en continu par des capteurs. Le convoyage des rouleaux qui pèsent chacun 850 kg est également robotisé. « La maîtrise de tous les composants de la production permet de planifier l’ensemble de nos activités. La semaine est calibrée avec la récolte le lundi, puis les jours suivants, le semis, le repiquage, le nettoyage. Et cela 52 semaines par an », explique le dirigeant, qui souligne également la facilité de gestion de la main-d’œuvre et de l’offre commerciale apportée par cette précision métronomique. Même si une large part de l’activité de Futura Gaïa est la mise au point de process de production, l’entreprise commercialise également ses jeunes pousses de salades et ses plantes aromatiques produites dans les tests chez un grossiste spécialiste de Rungis. Mais la maîtrise du process de production permet de viser les marchés de la grande distribution ainsi que ceux de l’agroalimentaire et de la pharmacopée.

 

 
© RFL

 

« En produisant des salades indoor, on libère des terres »

L’objectif de Futura Gaïa est de concevoir « une solution d’agriculture verticale sur sol vivant, en environnement contrôlé à destination du monde agricole ». Selon son concepteur, « ces futures fermes en zone périurbaine associent agronomie de précision et technologie de pointe pour constituer une des réponses aux défis de l’alimentation des générations futures ». « L’équation économique du plein champ est en train d’exploser », assure Pascal Thomas, en pointant le manque de disponibilité du foncier, la tension sur la ressource en eau, le coût et la raréfaction des intrants comme arguments en faveur de son système de production.

« En produisant des salades indoor, on libère des terres et on économise des ressources pour cultiver d’autres cultures », assure-t-il. « Dans sa finalité, Futura Gaïa souhaite vendre de préférence son concept à des agriculteurs ou des serristes pour exploiter de nouveaux sites, comme des bâtiments photovoltaïques, et répondre aux attentes de la distribution grâce à la sécurisation de l’approvisionnement et à celles des consommateurs avec un produit qualitatif et sain. » Pour ordre d’idée, un investissement de 3 millions d’euros permet de produire avec 100 cylindres et une gestion peu mécanisée. Avec 10 millions d’euros, il est possible de produire 600 tonnes de salade/an avec un système robotisé.

En quête de fonds

« Investissez dans Futura Gaïa ! » Le message est clair. Futura Gaïa recherche des investisseurs pour continuer à mettre au point son process de production. Quelques lignes d’argumentaire sur le mode innovant de cette solution d’agriculture verticale et la proposition de devenir actionnaire de Futura Gaïa vous sont faites avec une première campagne de financement participatif qui vient d’être lancée. Le projet a déjà été financé par une levée de fonds de 2,5 millions d’euros qui regroupent des fonds d’investissement régionaux, de banques et de particuliers. « Et quelques subventions », précise Pascal Thomas, créateur de Futura Gaïa, aujourd’hui à la recherche de 5 millions d’euros supplémentaires. Si la France est un pays d’agriculture, Pascal Thomas regrette qu’elle ne soit pas une terre d’investissement. « Des projets comparables ont bénéficié de 600 millions d’investissement en Allemagne ; 320 millions aux États-Unis », témoigne-t-il avec regret.

Parcours

2019 avril : création de Futura Gaïa

2019 août : 1er laboratoire opérationnel construit à Rodilhan

2020 septembre : début des travaux de la ferme pilote de Tarascon

2021 février : mise en route de la ferme pilote

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