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Dossier Pomme : des substances naturelles contre les maladies

En vue de limiter le développement de maladies fongiques de conservation, le Centre de recherche agronomique de Wallonie a testé deux substances d’origine naturelle, le Myco-Sin® et le Vacciplant®. Les résultats en verger professionnel n’ont pas été concluants.

Les applications de Myco-Sin®, composé d’argiles calcinées, a réduit l’incidence des gloesporioses d’environ un mois en verger expérimental.
© Maude Le Corre

L’ennemi numéro un de la conservation des pommes en Europe de l’Ouest, ce sont les gloeosporioses. Derrière ce terme un peu barbare, se cachent les principales maladies fongiques de conservation de cette espèce. « La majorité des surfaces plantées sont constituées de variétés moyennement à très sensibles à ces maladies dont la lutte repose essentiellement sur des traitements en pré-récolte. Or, en agriculture biologique, il n’existe pas à ce jour de produit reconnu efficace », indique le docteur Laurent Jamar du Centre de recherche agronomique de Wallonie (CRA-W). Les principales techniques alternatives sont le traitement à l’eau chaude en post-récolte (voir page 56) et le stockage au froid sous atmosphère contrôlée. Aucune autre méthode prophylactique n’est disponible à ce jour pour les producteurs biologiques. D’où l’expérimentation mise en œuvre par le CRA-W autour de cette thématique. « L’objectif de notre essai visait à mesurer l’impact d’une formulation à base de Myco-Sin®, composé d’argiles calcinées, et de Vacciplant®, un activateur de défense naturelle, sur le développement des gloeosporioses durant la période de conservation post-récolte sur les deux campagnes 2013/2014 et 2014/2015 », détaille Laurent Jamar. Sachant que le processus d’infection a lieu au verger sur les fruits en pré-récolte, ces produits doivent être appliqués au verger durant l’été et avant la récolte. Le Myco-Sin® est disponible comme engrais foliaire, le Vacciplant® est un produit de biocontrôle autorisé en AB.

Une efficacité insuffisante

Durant la campagne 2013/2014, un premier essai a été mis en place au sein d’un verger expérimental du CRA-W. Six traitements de Myco-Sin® à 10 kg/ha et deux applications de Vacciplant® à 0,5 l/ha ont été réalisés à l’aide d’un atomiseur standard durant l’été 2013, du 6 août jusqu’à la récolte sur trois variétés, Pirouettecov, Reinette des capucinscov et Pinova cov. Les fruits ont été stockés en frigos à 2°C. Après trois, quatre et cinq mois de conservation, l’évolution de la maladie a été évaluée pour chaque variété et chaque traitement. Un suivi de l’incidence et de la sévérité de la maladie a également été réalisé. Ce premier essai a montré que les deux produits testés ont un effet retardateur sur le développement du Gloeosporium sp. aussi bien en ce qui concerne l’incidence que la sévérité de la maladie mesurées en janvier, février, mars et avril. Pour le Vacciplant®, l’effet de retard de seulement 12 % est très peu marqué et n’est pas significatif. Avec un effet retard mesuré de -56 %, le Myco-Sin® a pour sa part réduit l’incidence de la maladie d’environ un mois. La campagne suivante, un essai a été mis en place chez un arboriculteur bio pour validation selon le même protocole. Il a été déployé dans un verger professionnel homogène d’une variété moyennement sensible mais très répandue en Wallonie, la « Jonagold ». « Dans le cadre d’une infection naturelle issue d’un inoculum de Gloeosporium sp. bien présent dans ce verger bio, une parcelle a reçu quatre traitements successifs Myco-Sin® à 10 kg/ha, une deuxième parcelle contiguë a reçu quatre traitements Vacciplant® à 0,5 l/ha, et une troisième parcelle non traitée a servi de témoin », précise Laurent Jamar. Les traitements ont également été réalisés avec un atomiseur standard à partir du 10 août, à dix jours d’intervalle. Les fruits ont été récoltés le 23 septembre et stockés chez le producteur en chambre froide traditionnelle à 2°C. L’application des deux produits dans le verger professionnel n’a pas produit d’effets significatifs. « Dans les deux cas, l’application de ces produits au verger ne suffit pas. Il faudra éventuellement l’utiliser comme méthode complémentaire à d’autres moyens de protection », conclut Laurent Jamar.

 

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