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Châtaigne : à quoi vont servir les 5 millions d’euros du plan national ?

Au Salon de l’Agriculture sur le stand d'Interfel, en présence d'élus des régions castanéicoles et des chercheurs, les producteurs ont détaillé le fléchage des crédits. La priorité est à la recherche de solutions faces aux principaux problèmes sanitaires et l'adaptation du verger aux impacts du changement climatique, mais aussi à la structuration de la filière.

 

Réunion de producteurs, élus et chercheurs sur un stand en back stage au salon de l'agriculture
Sur le Salon de l’Agriculture le 26 février sur le stand d'Interfel en présence d'élus des régions castanéicoles et des chercheurs, les producteurs du Syndicat national des Producteurs de Châtaignes ont détaillé le fléchage des crédits.
© Julia Commandeur

Les producteurs français de châtaignes se sont réjouis lors du salon de l’Agriculture du lancement du Plan National Châtaigne. Face aux difficultés de la filière [lire plus bas], une enveloppe financière de 5 millions d’euros a été obtenue sur le budget 2024 du ministère de l’Agriculture

80 % des crédits ciblent la recherche de solutions aux problèmes sanitaires et l’adaptation au changement climatique (dans le cadre du Parsada) [lire la liste ci-dessous]. Jean-Roland Lavergne, président du SNCP (Syndicat national des producteurs de châtaignes) et producteur en Dordogne, le confirme : « On souffre énormément d’une problématique de pourriture qu’on a observé dans nos vergers en lien étroit avec le changement climatique. »

Les 20 % de crédits restants visent la structuration et l’animation de la filière.

« 7 ans pour obtenir ces crédits »

Cette enveloppe a été obtenue à l’initiative du député ardéchois Fabrice Brun, avec l’appui de parlementaires et d’élus des régions castanéicoles.  

« L’avenir de la castanéiculture -comme celui de l’agriculture en général- passe par la recherche et l’innovation pour arriver à produire de façon durable en quantité et en qualité », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse le 26 février sur le stand d’Interfel à l’occasion du Salon de l’Agriculture. 

« L’avenir de la castanéiculture passe par la recherche et l’innovation »

« Il m’a fallu 7 ans pour obtenir ces crédits. En Ardèche on est habitués aux difficultés : après tout, on y dit qu’il faut planter “7 châtaignes pour réussir à donner 1 châtaignier”. J’avais demandé 7 millions d’euros, on a obtenu 5 millions d’euros. »

 

Quels sont les 7 projets vers lesquels sont fléchés les 5 millions d’euros ?

Les 7 projets sur lesquels les crédits sont engagés sont : 

  • Croc (réduction des pourritures de la châtaigne au verger et après la récolte) ;
  • Prosper (prophylaxie et solutions pour la santé des châtaigniers) ;
  • Resiliânce (résilience des châtaigneraies fruitières et innovation en techniques culturales face aux changements globaux) ;
  • MatCha (matériel végétal adapté aux défis sanitaires et climatiques) ;
  • ChatOFor (châtaigneraies optimisées contre les chenilles foreuses) ;
  • « Action d’animation et plan de soutien à la filière châtaigne » ;
  • « Structuration de la filière châtaigne ».

Des projets Parsada sur un temps court

Le SNPC est chef de file du Plan national, en coprésidence avec l’Inrae pour les projets sur les problèmes sanitaires et climatiques (les 5 premiers cités ci-dessus), qui sont des projets Parsada, engagés en novembre 2024, pour un « temps court de 3 à 5 ans ».

Le projet « Action d’animation et plan de soutien à la filière châtaigne » a été le premier des 7 projets a avoir été engagé avec les crédits du plan national (convention signée le 28 février 2024). Il prévoit le développement de la production française de châtaignes, avec notamment la prise en compte de la castanéiculture dans les appels à projets FranceAgriMer Agroéquipements et un accès dérogatoire aux aides FranceAgriMer à la rénovation des vergers concernant l’obligation de plants certifiés.

Enfin, le projet « Structuration de la filière châtaigne » vise à mettre en place une « véritable structuration » de la filière châtaigne en France en associant tous les acteurs amont et aval

 

Les producteurs de châtaignes face au dépérissement et maladies des arbres en lien avec le changement climatique

La production de châtaigne en France est d’environ 9 000 tonnes (moyenne annuelle des 5 dernière années). 70 % de la récolte est destinée au marché du frais et le reste à la transformation (crème, farine, marron entier au naturel, etc.). 

La production se répartit principalement sur deux bassins très différent : 

  • Le Sud-Est* (60 % des volumes), avec des vergers dits traditionnels (arbres souvent plus que centenaires de Castanea sativa) localisés en zone de montagne aux conditions d’exploitation difficiles et où, souvent, quasiment aucune autre production n’est possible.

*Ardèche, Lozère, Gard, Drôme, Haute-Corse, Var, Hérault, Corse du Sud.

  • Le Sud-Ouest* (40 % de la production) avec des vergers plus récents de variétés hybrides (croisements entre espèces européennes et asiatiques) et qui a permis un regain de production.

*Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne, Lot, Tarn-et-Garonne, Lot-et-Garonne, Charente, Aveyron.

« La châtaigne française peut faire valoir de nombreux arguments, énonce Eric Bertoncello, chargé de mission au SNPC. La filière dispose de 3 AOP (Ardèche, Cévennes et Corse) et d’un label rouge “Marron”. 60 % des vergers sont en bio, et en outre les châtaigneraies sont très favorables à la biodiversité et l’environnement et assurent une protection contre l’érosion en zones de pentes et limite les risques d’érosion. Enfin, la châtaigne est sans gluten : un atout non négligeable de nos jours. »

Mais la production fait face à une problématique de dépérissement et de maladies des arbres (encre, chancre).

« La France n’est pas autosuffisante notamment pour la transformation et donc importe plus de 10 000 tonnes par an (de l’Espagne, de l’Italie et du Portugal principalement) pour des volumes export de moins de 3 000 tonnes », précise Eric Bertoncello.

Autre difficulté : « On n’a pas assez de liens au niveau national avec l’aval et la mise en marché ; on est très atomisés. Enfin la châtaigne est un fruit mal connu d’une grande partie des consommateurs. »

Le SNCP, Syndicat national des producteurs de châtaignes, a été créé en 2012 et regroupe les principales structures collectives régionales représentant les producteurs, soit plus de 800 producteurs. Le SNPC adhère à la Gefel et est membre d’Eurocastanea, le consortium européen de chercheurs et acteurs de la filière châtaigne.

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