Comment Prince de Bretagne va décarboner son maraîchage
Les maraîchers Prince de Bretagne, précurseurs dans la réalisation de bilans carbone de leurs activités légumières, affirment que le stockage du carbone dans le sol s’avère être une solution d’avenir. Des groupes de travail composés de producteurs se penchent sur le sujet.
Les maraîchers Prince de Bretagne, précurseurs dans la réalisation de bilans carbone de leurs activités légumières, affirment que le stockage du carbone dans le sol s’avère être une solution d’avenir. Des groupes de travail composés de producteurs se penchent sur le sujet.
Pour répondre aux objectifs de réduction de 22 % des émissions de GES (gaz à effet de serre) à horizon 2030 fixés par la Stratégie Nationale Bas Carbone du gouvernement, un agriculteur peut agir à 2 niveaux : réduire les émissions de gaz à effet de serre de son exploitation ; et/ou augmenter le stockage de carbone dans les sols.
Mais dans la filière fruits et légumes, contrairement à d’autres secteurs agricoles comme l’élevage, il n’existe pas, à ce jour, de méthode de calcul du bilan carbone labellisée Bas-Carbone.
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Le Cerafel expérimente l’outil de calcul du CTIFL
Le Cerafel, l’association d'Organisations de Producteurs (AOP) bretonne œuvrant sous marque Prince de Bretagne, a donc expérimenté Carbone F&L l’outil de calcul développé par le CTIFL (Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes).
Trois exploitations maraichères l’ont testé : une en cultures sous abri conventionnel, une en cultures de plein champ conventionnel et une en plein champ bio.
Divers paramètres ont été mesurés : l’énergie consommée, les intrants (semences, engrais, produits phytosanitaires et matériel de culture comme les bâches et substrats), les infrastructures, les outils et engins et agricoles, le déplacement de la main d’œuvre et le potentiel de stockage du carbone des parcelles.
Peu de marge de manœuvre pour réduire son impact
Cette première expérimentation a montré qu’il existe assez peu de marge de manœuvre pour réduire l’impact environnemental du maraîchage. « Les couverts végétaux, les rotations dans les cultures…, sont des pratiques déjà généralisées chez les maraîchers, rappelle Prince de Bretagne. Quelques mesures complémentaires telles que la plantation de haies, l’installation de panneaux photovoltaïques, la réduction encore plus importante des engrais minéraux ne permettront pas d’atteindre les 22 % demandés par le gouvernement d’ici 2030. »
L’enjeu du stockage du carbone dans le sol
En revanche, un levier plus intéressant pour les maraîchers se joue au niveau du stockage de carbone dans le sol grâce à l’augmentation de la matière organique. En effet, chaque hectare qui passe de 2 à 3 % de matière organique permet de stocker 20 à 30 tonnes de carbone supplémentaires par hectare. C’est donc un levier très conséquent.
Prince de Bretagne, au sein de son groupe de travail “Eau, sol et biodiversité”, reste actif sur ce sujet. Et le CTIFL, sous l’impulsion des producteurs bretons, travaille actuellement sur la quantification du carbone stocké lorsque les plants sont broyés et restitués au sol en fin de récolte, une pratique déjà généralisée chez les producteurs de Prince de Bretagne.
Et la suite ?
Un groupe pilote de maraîchers Prince de Bretagne s’est d’ores et déjà positionné pour participer au projet Emergence financé par la Draaf et porté par la Chambre d’Agriculture de Bretagne. Ce programme accompagne les maraîchers sur la question d’approvisionnement en matière organique et de stockage de carbone dans le sol.
Pour son activité sous abris, Prince de Bretagne a recruté une personne dédiée à la transition énergétique, Charlène Richard Breyne. Elle a pour mission le renforcement des actions de sobriété énergétique et la transition des serres vers les énergies décarbonées.
Vers la neutralité carbone : l’exemple concret du producteur Jean-Philippe Lesné
Prince de Bretagne illustre : « Jean-Philippe Lesné est maraîcher bio en Ille-et-Vilaine sur 80 ha. D’après la méthode de calcul du CTIFL, le bilan carbone annuel de son exploitation est équivalent à celui de 28 Français alors qu’il en nourrit 5 876 par an avec sa production légumière (sur la base de 400 g de légumes consommés par personne et par jour).
Une analyse en taux de matière organique a été effectuée dans ses champs. Sur les 70 hectares hérités de son père et de son grand père, il atteint le très bon taux de 3 % de matière organique. Sur les 10 hectares achetés récemment, le taux de matière organique est mesuré à 2 %. Le bilan carbone de Jean-Philippe a montré qu’en faisant progresser le taux de matière organique à 3 % sur ces 10 ha, il pourrait réduire son empreinte carbone. Il pourrait même revendre quelques crédits carbone. »