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Banane antillaise : veut-on ignorer la crise ?

“La banane Antillaise est en crise.

Depuis le début de cette année et suite à la désastreuse récolte de 2003 due au sur approvisionnement du marché européen qui s’est traduite par une baisse spectaculaire des cours et l’effondrement de la recette des producteurs Antillais, la crise atteint son paroxysme.

Sur les 10.000 emplois directs maintenus jusqu’ici par cette filière, 800 ont été détruits au cours du seul premier semestre 2004. 600 en Martinique et 200 en Guadeloupe. A cela s’ajoutent 600 chômeurs partiels. Pas une semaine ne passe sans un nouveau dépôt de bilan de producteurs à bout de souffle. Déjà en Guadeloupe, depuis 15 jours, les syndicats ouvriers sont en révolte. Des dizaines d’exploitations agricoles ne fonctionnent plus.

Dès le mois d’octobre 2003, l’Union des Groupements à sonné l’alarme. Il nous aura fallu beaucoup d’énergie et trop de temps pour convaincre le gouvernement de la gravité et de la profondeur de la crise. Chose rare, le Ministre de l’Agriculture, Hervé Gaymard, est enfin venu sur place en juin dernier. Planteurs et Syndicats Agricoles et Ouvriers l’ont accueilli avec confiance. Il s’en est longuement félicité. Toujours sur place, il a dit publiquement qu’il avait mesuré non seulement la gravité de la situation, mais l’importance de la production bananière dans l’économie et l’équilibre rural des Antilles.

Après nous avoir remercié de notre confiance il est remonté dans l’avion. Et puis à nouveau, il nous fallu beaucoup d’énergie et une réelle obstination pour obtenir trois mois plus tard, c'est-à-dire seulement maintenant, que la promesse du Ministre de mettre 9 millions d’euros à la disposition des producteurs soit enfin tenue sous forme d’un prêt de court terme. Seulement 9 millions d’euros et encore sous forme d’un prêt de court terme. Voilà, après plus d’un an d’efforts, la réponse du Gouvernement à la plus grave crise que la filière de production antillaise n’ait jamais connue en 70 ans d’existence.

Et les démarches du Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin auprès de Bruxelles, pour obtenir comme le prévoit pourtant le règlement de l’OCM Banane, une augmentation exceptionnelle de l’aide compensatoire au titre de la récolte 2003 sont restées lettres mortes.

Posons franchement la question. Ne sommes-nous pas face à un manque de volonté réelle du Gouvernement de faire face et de prendre ses responsabilités dans la grave crise de la banane antillaise ?

Avant que les dirigeants des Groupements et les producteurs de la Martinique ne créent l’Union des Groupements de Producteurs de Banane, la réponse gouvernementale à nos problèmes était invariable : "Comment voulez-vous que l’on vous aide. Vous êtes divisés."

Alors, depuis octobre 2003, depuis un an, les producteurs Antillais se sont mis tous ensemble. Ensemble ils ont fait, en peu de temps, beaucoup de travail.

Unis au sein de l’Union des Groupements, qui rassemble sous un même toit et commercialise 220.000 tonnes de banane, c’est à dire 90% de la production martiniquaise.

Unis plus largement entre producteurs guadeloupéens et producteurs martiniquais pour nouer, dans le cadre d’une APEB renforcée et redynamisée, des relations très serrées avec leurs collègues madèrans et canariens, qui ont abouti à la signature, le 9 septembre dernier, de l’Accord de Madère qui présente une plateforme de réformes de l’OCM Banane commune aux quatre régions européennes productrices.

Unis dans une analyse commune de la situation du marché Européen de la banane qui a abouti à la proposition de l’APEB basée sur des études sérieuses de fixer le tarif unique à 295 euros la tonne.

Unis dans le dialogue et les propositions aux deux missionnaires nommés par Monsieur Hervé Gaymard, Messieurs Louis Lauga et Jacques Mordant, inspecteurs Généraux de l’Agriculture.

Unis enfin, au sein du Front de Promotion et de Défense de la Banane Antillaise créé simultanément à l’Union des Groupements de Producteurs et qui rassemble sous la présidence du Président de la région Guadeloupe et la vice présidence du président de la région Martinique, l’ensemble des exécutifs régionaux, départementaux, des parlementaires, des professionnels des Antilles françaises.

Mais la relation avec le Gouvernement reste difficile. Le dialogue est trop souvent à sens unique. Les intentions restent voilées pour ne pas dire cachées.

Malgré nos nombreux efforts personne au Cabinet d’Hervé Gaymard n’est volontaire pour être un interlocuteur engagé et responsable des dirigeants de la filière de production antillaise.

De la rue de Varenne à Bercy on se renvoie la balle, et à Matignon la banane créé de la mauvaise humeur.

"Il va encore nous parler de banane" criaient moqueurs les députés socialistes en regardant récemment Alfred Marie Jeanne, président de région et député de la Martinique, monter à la tribune de l’Assemblée Nationale.

Alors, la grande question que se posent aujourd’hui les 1.400 producteurs de banane Antillais et les 10.000 salariés directs et les 5 000 actifs indirects rattachés à cette filière est la suivante : A quoi sert l’unité, à quoi servent nos efforts, si à Paris on veut ignorer la crise ?

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