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Aux sources génétiques du noyer

L’étude des ressources génétiques du noyer doit permettre des avancées au service de l’innovation variétale nucicole française.

Le programme INNOV’noyer a pour objectif d’étudier finement la collection de ressources génétiques détenue par Inrae, une des plus riches d’Europe. Ce travail a été lancé en 2017 par le CTIFL, en partenariat avec Inrae et l’Université de Davis en Californie, avec le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine. En effet, face aux effets du changement climatique, à l’apparition de nouveaux pathogènes et à une concurrence mondiale accrue, la filière nucicole française aura besoin de nouvelles variétés plus adaptées à ce nouveau contexte. Aussi, des travaux en génétique (génotypage, phénotypage, étude d’association pangénomique) ont été conduits dans le but de déterminer l’architecture génétique des principaux caractères d’intérêt agronomique chez le noyer cultivé (date de floraison plus tardive pour éviter les gelées printanières, noix de plus gros calibre, facilité d’énoisage, etc.), et de proposer des outils utiles au travail de sélection.

Proposer des variétés à cycle court

L’analyse de la diversité génétique et de la structure de la collection de noyers a montré une structuration en deux groupes ancestraux en lien avec l’origine géographique des accessions (1) et des accessions très diverses génétiquement. Elle a également permis de sélectionner un panel de 170 noyers sur lequel ont été menées des études approfondies de phénotypage permettant d’étudier 34 variables. Certains caractères liés au fruit comme la taille de la noix (hauteur, diamètre), son poids, le rendement au cassage et la force nécessaire pour rompre la noix ont été mesurés. Ces études ont été possibles grâce au développement de méthodes utilisant des techniques de phénotypage robustes, comme le texturomètre qui permet de mesurer la force nécessaire pour engendrer la rupture initiale de la noix, et surtout la microtomographie à rayons X pour mesurer tous les caractères morphologiques (coque, cerneau et espace vide) sans casser la noix. Enfin, l’étude d’association pangénomique (ou GWAS) a permis d’associer des zones du génome et des caractères d’intérêt, sur le plan de la phénologie comme la date de débourrement des feuilles et des fleurs femelles, le type de fructification le long du rameau (intervenant directement sur le rendement), ou la qualité du fruit comme le diamètre, le volume et le poids de la noix ou celui du cerneau. L’ensemble de ces connaissances et des outils, tels que les marqueurs moléculaires, mis aujourd’hui à disposition par ce travail, permet d’envisager un travail de sélection correspondant aux critères recherchés de façon précise. « Proposer des variétés à cycle court, pour éviter les gelées printanières, et produisant des noix relativement tôt dans la saison, est primordial. Il faut toutefois pouvoir maintenir une forte productivité, une grande vigueur de l’arbre et une qualité organoleptique des fruits », précise le communiqué du CTIFL et de l’Inrae. Les derniers résultats sont publiés en janvier 2021 dans la revue Frontiers in Plant Science.

(1) entité génétique distincte (souvent un lot de graines) identifiable de manière unique représentant un cultivar, une lignée de sélection ou une population.

A lire aussi : La Noix de Grenoble AOP cherche à retrouver de la compétitivité à l’export

30 ans de recherche génétique du noyer

Deux programmes d’amélioration du noyer, parmi les plus importants à l’échelle internationale, se sont succédé à l’Inra de Bordeaux de 1967 à 2008. Ainsi, fut constituée sous les responsabilités successives d’Eric Germain, Joelle Chat puis Francis Delord, Ingénieurs Inrae en charge du programme d’innovation variétale noyer, une riche collection de ressources génétiques de 260 accessions du genre Juglans, comprenant un ensemble d’espèces dont principalement du noyer cultivé, Juglans regia, avec 217 variétés provenant d’Amérique (Etats-Unis, Chili), de toute l’Europe (Espagne, Portugal, Royaume-Uni, Bulgarie, Roumanie, Hongrie, Ukraine, Russie, Grèce), du Proche et Moyen-Orient (Turquie, Iran, Afghanistan) et d’Asie Centrale et Orientale (Chine, Inde, Japon). Entre 1995 et 2010, sept variétés hybrides Inrae ont été inscrites au Catalogue des Variétés, dont Fernorl, qui sont actuellement largement plantées dans nos vergers. A partir de 2007, l’institut a reconsidéré ses investissements en matière d’innovation en transférant certains programmes d’innovation variétale dont le programme noyer vers ses partenaires, en particulier vers le CTIFL et les stations expérimentales dédiées au noyer. Dans le cadre de ce transfert, les échanges se poursuivent avec la profession et font émerger de nouvelles questions. Naît alors le projet « INNOV’noyer » en 2017.

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