Exploitations céréalières : un résultat économique 2025 négatif à -19 000 €
Les prévisions économiques 2025 d’Arvalis confirment une nouvelle campagne sous tension pour les exploitations de grandes cultures. Malgré une baisse progressive des charges et des rendements en amélioration, les prix trop faibles empêchent tout redressement, entraînant pour la troisième année consécutive des résultats négatifs.
Les prévisions économiques 2025 d’Arvalis confirment une nouvelle campagne sous tension pour les exploitations de grandes cultures. Malgré une baisse progressive des charges et des rendements en amélioration, les prix trop faibles empêchent tout redressement, entraînant pour la troisième année consécutive des résultats négatifs.
Lors d’un point conjoncturel, Geoffroy Oudoire, ingénieur recherche et développement au pôle économie d’Arvalis, a présenté une prévision des résultats économiques 2024 et 2025 des exploitations de l’Otex 15 (céréales, oléoprotéagineux). Établie à partir des micro-données du réseau d’information comptable agricole (Rica) disponible sur Agreste, la prévision a été élaborée sur la base de l’évolution des produits et des charges par rapport à 2023, dernière année disponible, et tient compte de l’inflation. Après une année 2022 exceptionnelle, les exploitations de grandes cultures entament leur troisième campagne consécutive de mauvais résultats économiques.
Des charges en reflux, mais encore trop élevées
Selon les projections, les charges comptables reculeraient de 5 % en 2025, soit une baisse de 90 €/ha par rapport à 2024. Elles s’élèveraient à 1 600 €/ha (euros constants 2025), contre 1 790 €/ha en 2024. Cette diminution reflète la détente progressive des niveaux record atteints en 2023. Les charges baissent de 25 €/ha pour les engrais, de 15 €/ha pour le carburant et de 10 €/ha pour les phytosanitaires, comparé aux charges 2024.
Les cotisations sociales exploitant diminueraient également (–45 €/ha), conséquence directe des mauvais résultats 2023 et 2024. En revanche, les autres charges restent figées à un niveau élevé, encore portées par l’inflation récente, explique Geoffroy Oudoire. Au final, les charges attendues pour 2025 se rapprochent de la moyenne 2019-2023, sans retour aux niveaux d’avant-crise.
Des prix trop bas qui annulent le rebond des rendements en céréales
Même avec des rendements nettement meilleurs qu’en 2024, le chiffre d’affaires ne progresse pas. Les prix de vente plus faibles tirent le produit vers le bas : le chiffre d’affaires resterait autour de 1 200 €/ha, soit plus de 20 % en dessous de la moyenne 2019-2023. Les aides poursuivent leur lente érosion, estimées à 270 €/ha en 2025. Le produit global atteindrait ainsi à peine 1 500 €/ha, un niveau stable par rapport à l’an passé, mais insuffisant pour absorber des charges encore élevées.
Un résultat courant négatif pour la troisième année d’affilée pour les céréaliers
Après déduction des cotisations sociales exploitant, le RCAI/UTANS (résultat courant avant impôt par unité de travail non salariée) resterait négatif pour la troisième année, à – 19 000 € en 2025, contre – 32 000 € estimés en 2024. « Des résultats comme on en avait jamais vu en grandes cultures », indique Geoffroy Oudoire. La moyenne 2020-2024, elle, s’établirait à 20 000 €/UTANS, illustrant l’ampleur de la dégradation récente.
Pour les 48 000 exploitations de l’Otex 15, la répartition prévisionnelle 2025 est préoccupante : 45 % afficheraient un résultat courant inférieur à – 1 Smic/UTANS, 35 % se situeraient entre – 1 et 1,5 Smic, et seulement 20 % dépasseraient 1,5 Smic. Dans ce contexte, « les extrêmes se renchérissent », traduisant une polarisation croissante de la performance, selon l’ingénieur d’Arvalis.
Trois campagnes défavorables en grandes cultures, mais pour des raisons différentes
Après les résultats historiques de 2022 (prix élevés, rendements corrects, charges encore modérées), les exploitations de grandes cultures ont enchaîné trois campagnes défavorables, chacune pour des raisons distinctes. En 2023, les prix sont encore hauts mais en baisse, les rendements corrects, et les charges très élevées. En 2024, les prix sont moyens, les charges en légère décrue mais encore lourdes, et les rendements mauvais. Enfin, en 2025, les charges diminuent, les rendements sont corrects, mais les prix bien trop bas pour espérer un redressement.
Ainsi, depuis trois ans, les céréaliers évoluent dans une équation économique et climatique défavorable, où les ajustements de charges ne suffisent plus à compenser la dégradation des marchés, estime Geoffroy Oudoire.
Marie-Christine Bidault
Forte variabilité sur les coûts de production
Arvalis a étudié l’évolution du coût de production en blé tendre ces trois dernières années. En régions Pays de la Loire et Poitou-Charentes, la mécanisation et la main-d’œuvre représentent en 2025, 47 % des charges totales et la fertilisation 15 % (contre 21 % en 2022-2023). Mais une forte variabilité existe entre exploitations puisque 200 €/ha séparent la moyenne des plus performants.
Les écarts se creusent encore lorsqu’on raisonne en €/t de blé produit, sous l’effet rendement, avec 50 €/t d’écart entre les deux groupes. Cette différence s’explique à plus 50 % par la mécanisation principalement et la main-d’œuvre. Les conclusions nationales sont similaires, indique Geoffroy Oudoire.