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Energies renouvelables à la ferme : l’éolien vers un nouveau souffle

Les parcs éoliens se multiplient dans les campagnes françaises : les producteurs d’électricité sont bien décidés à réaliser les objectifs assignés par les pouvoirs publics. Devant les contestations, ils misent sur l’écoute du terrain et mettent en avant des efforts tous azimuts.

La production d'énergie éolienne devrait doubler d'ici à 2028, pas le nombre de machines.

Quel avenir pour l’éolien en France ? On compte aujourd’hui 8 000 éoliennes en France, pour une production totalisant 7,2 % de la consommation française. L’Hexagone devrait compter 14 000 mâts en 2028 : « Pour atteindre les objectifs de transition énergétique, il nous faut multiplier par 2,5 la production d’ici à 2028, mais pas le nombre de machines », indique Pauline Le Bertre, déléguée générale de France énergie éolienne.

De fait, le rythme des inaugurations ne faiblit pas. Dernière en date : le parc éolien du Caudrésis (Nord). Inauguré le 16 septembre dernier par Engie Green, leader de l’éolien en France, il comporte 14 éoliennes, en mesure de produire l’équivalent de la consommation de 50 000 personnes. Un projet salué par les huit exploitations agricoles concernées et par les collectivités locales, qui devraient engranger chaque année 600 000 euros de retombées fiscales.

Des opposants organisés contre les éoliennes

Problème : 70 % des projets d’implantation d’éoliennes font désormais l’objet de contestations. Dans les Hauts-de-France, la Région a même ouvert un site (eoliennes.hautsdefrance.fr) pour recenser les projets et fédérer les opposants. Il faut dire que la région concentre le quart des éoliennes en France ce qui entraîne un phénomène de saturation. « L’éolien ne sert à rien. C’est une énergie coûteuse pour l’État et le contribuable. Toute une partie du monde rural n’a absolument rien à gagner avec les éoliennes. En élevage, plusieurs exploitations accusent des pertes de production considérables depuis l’installation d’éoliennes », énumère Daniel Steinbach, président de Vent de colère, association qui fédère les associations d’oppositions locales.

Les motifs de recours sont variés : émissions de bruit, présence d’une zone naturelle (ZNIEFF ou Natura 2 000), périmètre classé, etc. Déplorant des déclarations « fausses, exagérées et de mauvaise foi », Jérémy Simon, délégué général adjoint du Syndicat des énergies renouvelables relève qu’aucune étude sérieuse n’a conclu à la nocivité des éoliennes pour la santé.

Le financement participatif appliqué aux éoliennes

Reste que les opposants brandissent aussi des arguments très subjectifs, par nature difficile à démonter. Une éolienne défigure-t-elle un paysage ou le structure-t-il ? Est-ce beau ou hideux ? Est-ce pire qu’une centrale à charbon ? Pour faciliter « l’acceptation sociale », la filière mise sur l’écoute du terrain, le suivi écologique, l’information et la transparence. « 80 % des riverains ont une image positive de l’éolien. Les parcs génèrent de l’activité économique et des retombées fiscales pour les collectivités locales », appuie Pauline Le Bertre.

Les grands groupes développent aussi une idée singulière : le financement participatif. Ils ouvrent le capital de leurs sociétés d’exploitation aux particuliers et aux collectivités. L’association Énergie partagée accompagne et finance ce type de projets dans l’Ouest, le Centre-Val de Loire et le Grand Est. Dans la Marne, EDF vient d’achever une collecte de fonds pour son projet du parc des Longues Roies. L’opération a réuni 200 000 euros en deux mois, investis par 71 riverains, pour des montants de 100 à 74 800 euros. Une belle somme mais qui reste modeste au regard du montant du projet, de l’ordre de 35 et 40 millions d’euros.

Il n’empêche : les riverains mesurent mieux le bénéfice de ces machines. Pour le parc des Longues Roies, le rendement brut de l’investissement est annoncé à 5,25 % sur cinq ans. Pour 1 000 euros investis, chaque investisseur touchera 225 euros de gains en 2025. « Le financement participatif peut être un moyen d’améliorer les choses localement mais ce ne sera pas suffisant pour atteindre les objectifs de la Programmation pluriannuelle de l’énergie », remarque Jérémy Simon.

Un progrès technique phénoménal

Pour atteindre les objectifs, tout en limitant la saturation de l’espace, les industriels installent des machines plus hautes et plus puissantes. « En 20 ans, le progrès technique a été phénoménal. L’énergie produite par les machines a été multipliée par vingt », relève Pauline Le Bertre. Le remplacement de premiers parcs, situés sur les meilleurs emplacements, permettra par exemple d’augmenter considérablement le volume d’énergie produite, sans installer de nouveaux pylônes.

Un constat qui fait bondir Daniel Steinbach : « C’est une aliénation éternelle de la propriété des terrains. Nous ne sommes pas près de voir les éoliennes disparaître ». Soit, mais pour les propriétaires exploitants, ces machines — dont l’emprise est de (seulement) 50 ares — génèrent un revenu fixe de l’ordre de 3 000 euros par an et par mégawatt, bienvenu en ces temps de vaches maigres.

 

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