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Déléguer la surveillance des chaleurs au monitoring

Au Gaec Billaud, dans la Creuse une partie des vaches et génisses sont surveillées nuit et jour par monitoring de façon à mieux détecter leurs chaleurs et se donner toutes les chances d’avoir de bonnes performances de reproduction. Un produit qui donne satisfaction après un hiver d’utilisation.

« Au cours de l’hiver 2017-2018, on a fait inséminer 40 génisses et vaches. Mais même en passant pratiquement deux heures par jour à surveiller, on peinait à détecter les chaleurs de certains de nos animaux alors que nous sommes convaincus de tout l’intérêt de l’IA pour améliorer notre cheptel et avoir accès à des taureaux que nous ne sommes pas en mesure d’acheter si on devait les utiliser en monte naturelle, souligne Jean-Luc Billaud, installé dans le cadre d’un Gaec familial à Mautes, dans l’est de la Creuse. Pour bien détecter les chaleurs, il faut voir sans être vu. J’observais surtout le soir avec la caméra. Mais on y passait beaucoup de temps. »

Un investissement de 1 000 euros par an

Jean-Luc et Frédéric Billaud sont à la tête d’un troupeau de 110 Limousines où les vêlages sont répartis d’août à décembre avec un pic en septembre. La plupart des mises bas ont lieu en pâtures. Cela constitue un plus important pour prévenir certaines pathologies néonatales, sans pour autant se traduire par une surveillance de tous les instants, même pour les génisses. Pour mettre tous les atouts du bon côté compte tenu de ce mode de conduite, les facilités de naissance sont analysées comme une priorité côté sélection, devant les aptitudes laitières, le potentiel de croissance et la docilité. Le cheptel est inscrit et l’objectif est de vendre une partie des animaux pour la reproduction.

Pour détecter plus aisément les chaleurs, faire inséminer au moment le plus opportun et se donner toutes les chances d’avoir des IA fécondantes, les deux frères se sont résolus à investir en 2018 dans le système SenseHubBeef vendu par la coopérative Evolution. En incluant les différentes fournitures et l’achat de 45 colliers, il leur en a coûté 6 500 euros hors taxes. Le produit est garanti 5 ans pour des colliers dont la durée d’utilisation annoncée est de 6 à 7 ans. Cela représente un investissement d’environ 1 000 euros par an. « C’est cher, mais cette somme est à relativiser comparativement à certains gros matériels utilisés parfois guère plus de 15 jours par an. » Ces 1 000 euros par an sont à comparer aux deux heures de surveillance quotidiennes jusque-là consacrées à la détection des chaleurs. « Quand on a comme nous l’objectif d’inséminer une bonne partie du cheptel, cela vaut le coup. » Pour ces férus de chasse au sanglier au chien courant, cet investissement est aussi un atout pour pratiquer plus sereinement leur loisir en période de mise à la reproduction dans la mesure où ils ont simultanément la possibilité de surveiller à distance la venue des chaleurs dans leur cheptel.

« Avec le monitoring, les chaleurs sont repérées plus aisément et surtout on connaît de façon plus précise quand elles démarrent. Cela nous permet de faire inséminer en fin de chaleur. Cela augmente la probabilité d’avoir une gestation suite à une insémination. Notre inséminateur, Jean-François Rosseel, qui est notre principal 'partenaire élevage' est prévenu de l’horaire souhaité pour l’IA. C’est également lui qui fait ensuite les diagnostics de gestation. » Par ailleurs, grâce à la récente interconnexion avec Boviclic, le logiciel de notification des mouvements d’animaux à l’EDE, la liste des animaux présents dans le troupeau est en permanence réactualisée.

Pour faire évoluer la génétique de leur cheptel et, entre autres, développer la proportion d’animaux génétiquement sans cornes, les deux associés ont parfois recours à des paillettes achetées 40 euros l’unité. « Compte tenu de ces tarifs, on a quand même intérêt à mettre toutes les chances de notre côté pour avoir des résultats. » Les paillettes mises en place proviennent pour une moitié de taureaux du programme Créalim et pour l’autre sont achetées auprès de la société KBS Génétic.

65 femelles inséminées cet hiver, 40 l’an dernier

Les IA ont lieu du 1er novembre à fin février. Un premier lot de vaches suitées et toutes les génisses de deux ans sont rentrées mi-octobre dans l’objectif de démarrer les premières IA à compter du 1er novembre. Le SenseHubBeef a été inauguré pour l’hivernage 2018-2019. Les 45 colliers ont été positionnés le 15 octobre sur le lot de 24 génisses de deux ans et sur 21 vaches suitées. Rien de bien compliqué en cela. Pas de problèmes de collier qui se détache. Il était en revanche nécessaire d’attendre une bonne dizaine de jours pour que le collier s’étalonne au rythme de vie de l’animal en stabulation et en particulier aux horaires d’affouragement. La détection des chaleurs est analysée d’après l’enregistrement de la mobilité des animaux dans leurs cases. Alimentées une fois par jour, vaches et génisses sont bloquées au cornadis de 8 h 00 à 13 h 30. « Il faut être très régulier dans la conduite et les horaires de soins dans la mesure où le détecteur de chaleur repose sur une analyse de leurs mouvements et des écarts par rapport à ce qui est habituellement constaté les jours précédents. »

Pour le lot de génisses pleines, les colliers ont été retirés le 1er décembre après avoir été portés deux bons mois, soit la durée d’au moins deux cycles. Un taureau a alors été placé dans la case pour d’éventuelles repasses. Ces 24 colliers ont ensuite été positionnés sur un second lot de vaches suitées, inséminées à compter de mi-décembre. Les colliers des 21 vaches suitées sont en revanche restés tout au long de l’hiver sur les mêmes animaux puis ôtés avant la mise à l’herbe.

Très bon taux de réussite

Après un hiver de recul, les deux frères s’estiment satisfaits de leur investissement. Soixante-cinq femelles ont été inséminées cet hiver, soit 25 de plus que l’an dernier avec un bien meilleur confort de travail dans la mesure où il n’y a pas eu cette astreinte consécutive à une surveillance de tous les instants pour détecter les chaleurs. « On a pu faire inséminer des vaches que nous n’avions jamais vues en chaleur les années précédentes et qui, de ce fait avaient toujours été conduites en monte naturelle. Mais on a surtout eu un bien meilleur taux de réussite. » Toutes les femelles inséminées ont été échographiées par l’inséminateur à partir de 35 jours après IA et les deux frères font état d’un taux de réussite avoisinant 90 %.

Les années précédentes, ce ratio était plus proche de 70 %. Une belle progression attribuée à cette possibilité de réaliser les IA au moment le plus opportun. « Question pratique, on a trouvé le SenseHubBeef plutôt facile à utiliser et fiable. Jusqu’à l’an dernier il nous fallait cinq à six taureaux de monte naturelle en complément des IA. Notre objectif est d’en conserver seulement trois. On n’aura pas à les acheter, ni à les entretenir ! » Pour l’an prochain, il est également prévu de revoir le temps d’utilisation des colliers. Il serait probablement possible de détecter davantage d’animaux en chaleur si les 21 colliers utilisés cet hiver sur un seul lot de vaches suitées avaient, comme pour ceux utilisés sur le lot de génisses, été posés début décembre sur un second lot de vaches suitées après avoir fait inséminer la plupart des vaches du premier lot.

Capter le mouvement et le traduire en informations

Le fonctionnement de SenseHubBeef repose sur un capteur positionné sur un collier ou sur une boucle à l’oreille. Ce capteur mesure le comportement général de l’animal qui est traduit en valeurs numériques toutes les minutes par un algorithme. Ces données sont enregistrées automatiquement via une antenne longue distance installée dans la stabulation ou à proximité.

Lorsque la vache débute l’expression de la chaleur, le capteur détecte le changement de comportement et l’éleveur reçoit une alerte par SMS ou via l’application smartphone lui indiquant le numéro de la vache et un indicateur de qualité de la chaleur. Le SenseHub propose aussi une fenêtre de temps restant pour inséminer au bon moment et ainsi optimiser les chances de réussite à l’IA.

Cet outil de monitoring permet également de suivre la rumination afin d’anticiper certains problèmes de santé. Trois niveaux de service sont proposés : Starter, Advance et Prémium. Le premier -Starter- correspond à l’entrée de gamme et se cantonne à la reproduction, c’est-à-dire la détection de chaleur, la liste de femelles en anoestrus, les femelles au cycle irrégulier, les suspicions d’avortement… La formule -Advanced- propose en prime le suivi de la santé et du stress autour de la mise bas. Enfin, l’option -Premium- compile aussi la routine de l’élevage en comparant les données du jour à celles des jours précédents, le suivi de la nutrition et du stress thermique. En avril dernier, il y avait en France un total de 3 600 élevages bovins équipés de cet outil de monitoring dont un peu plus de 100 élevages allaitants.

Avis d’expert - Matthieu Marteau, chef produit monitoring pour Evolution

Confort et souplesse dans la consultation des données

« Avec les nouveaux capteurs de SenseHub analysant le comportement de la vache, l’algorithme est capable de mesurer neuf comportements spécifiques pour détecter les attitudes de chaleur et restituer des informations fiables et pertinentes à l’éleveur. L’application permet de disposer très facilement des différentes informations, directement sur le smartphone de l’éleveur ou sur son ordinateur. Elle offre de ce fait à fois confort et souplesse dans la consultation des différentes informations proposées. »

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