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Commerce mondial
L’Indonésie, deuxième client du blé argentin

La soudaine et forte hausse des achats du pays asiatique serait circonstancielle mais elle témoigne de la capacité de
l’Argentine à répondre présente tout au long de sa campagne d’exportation de blé. Enquête à Buenos Aires.

Port céréalier de Rosario, dans la province de Buenos Aires (Argentine), le long du fleuve Parana. Installations de la coopérative Aca.
© Nicole Ouvrard

Avec une récolte de blé de près de 20 Mt, l’Argentine confirme qu’elle apportera sur le marché mondial, pour la troisième année consécutive, entre 12 et 13 Mt de blé tendre. Fait remarquable cette année, l’Indonésie a supplanté haut la main l’Algérie en tant que deuxième destination d’exportation des blés argentins. Selon l’Indec (Institut national de statistiques argentin), le pays asiatique en avait acquis 124 500 t en 2016/2017, 611 953 t l’année suivante et déjà 931 928 t cette année, auxquelles il faudrait ajouter 350 000 t en février dernier, plus les envois de mars. « Au total, on arrive à plus de 2 Mt exportées vers l’Indonésie lors de ce cycle 2018/2019 », selon l’expert Gustavo López du cabinet Agritrend.

« Les importateurs indonésiens ont eu des problèmes phytosanitaires avec le blé d’origine mer Noire et se sont donc repliés sur l’Argentine », analyse-t-on chez Louis Dreyfus. « Mais depuis le début du mois [de mars] le blé argentin est redevenu trop cher de 10 $/t pour pouvoir concurrencer l’origine mer Noire sur les marchés du sud-est asiatique », ajoute le trader-en-chef de Aca (Association argentine de coopératives, qui figure parmi les dix premiers exportateurs de grains d’Argentine). Des embarquements vers l’Indonésie ne sont pas à exclure jusqu’en juin, mais le scénario le plus probable est que l’on ne fournira plus que le Brésil en farines », juge Nicolás Osellame, trader de l’Aca.

Au final, l’Algérie aura importé cette année à peu près autant de blé argentin que l’an dernier, autour de 1,2 Mt. En troisième position derrière l’Indonésie.

Hausse de la sole argentine de blé pour 2019/2020

La Bourse aux céréales de Buenos Aires (BCBA) annoncera, le 10 avril, sa prévision de surface totale emblavée en blé pour la campagne 2019/2020. Les semis commenceront ce mois-là. Esteban Copatti, de la BCBA, anticipe une progression de la sole de blé « à cause, notamment, des rentrées d’argent issues de la grosse récolte de soja qui est en cours, prévue de 53 Mt, et celle de maïs, qui est également excellente ».

La campagne commerciale 2019/2020, elle, a déjà commencé sur le marché à terme avec des acquisitions précoces des exportateurs. « Ces derniers ont acheté plus d’1Mt de la prochaine récolte (en mode foward) autour de 215 $/t Fob. C’est tôt. L’an dernier, ce cap n’avait été franchi qu’en mai », décrypte Nicolás Osellame. Selon lui, cela donne aux céréaliers de la visibilité et les incite à semer du blé.

De cette campagne de blé argentine 2018/2019, on retiendra des exportations record, prévues de 12,8 Mt, et une sole également record avec 6,4 Mha. Forte de ses surfaces encore disponibles et de son climat favorable, l’Argentine pourrait redevenir le « grenier du monde » en blé. Signe des temps, la province de Córdoba organisera dans la ville de Córdoba, les 6 et 7 juin prochains, la première édition du congrès “Trigar” consacré au blé et à son commerce international.

 
Taxe à l'exportation de grains
De septembre dernier, une taxe à l’exportation de grains, supprimée il y a trois ans, est ressortie du placard du fisc argentin. Les exportateur de céréales doit verser à l’État quatre pesos pour chaque dollar facturé à la douane. Ils répercutent ce surcoût sur le prix payé aux producteurs de grains.
 
Une seule catégorie de blé de qualité plus homogène qu’avant
Les opérateurs portuaires argentins gèrent souvent simultanément du blé, du maïs, du sorgho, des orges fourragère et brassicole, du soja et ses co-produits. « Leur logique commerciale est dictée par le volume et la maximisation de leurs outils. D’où l’existence d’une seule classe de blé tendre pour l’export, selon Miguel Ángel Di Rosso, chargé qualité à la chambre d’arbitrage de la BCBA. Selon lui, le taux de protéine moyen de cette récolte 2018-2019 est de 10,5% à 11% en fonction d’un taux d’humidité de 13,5%. « Un taux de protéine passable, dit-il. Nos céréaliers privilégient encore majoritairement le rendement potentiel dans la conduite des cultures. Par ailleurs, dit-il, les critiques autrefois récurrentes faites aux blés argentins portaient sur leur qualité hétérogène et une présence d’impuretés élevée. Mais nous avons progressé à ce niveau-là », assure-t-il.

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