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Commerce équitable : Max Havelaar garantit des prix planchers pour des blés et légumineuses français

Des grandes cultures produites en France peuvent désormais être certifiées Max Havelaar et rémunérées selon un prix minimum basé sur les coûts de production. En Bourgogne, les premières cultures certifiées « Fairtrade » seront récoltées en 2025.

<em class="placeholder">Terres du nord de la Bourgogne où cultivent les producteurs de Terres du Pays d&#039;Othe.</em>
Le label Max Havelaar est un moyen de conforter des producteurs en zone intermédiaire où les terres pourraient perdre leur valorisation agricole, estime Zoltan Kahn, directeur de Terres du Pays d'Othe.
© Terres du Pays d’Othe

Max Havelaar développe des filières labellisées avec des producteurs français depuis 2021. Après le lait et le blé, c’est au tour des légumineuses, avec le lancement en 2025 de filières équitables en partenariat avec deux organisations collectives de producteurs. La première, Terres du Pays d’Othe dans le nord de la Bourgogne, regroupe des agriculteurs bio qui travaillent sur le plus important bassin de captage des eaux de Paris. Son directeur Zoltan Kahn explique que le label Max Havelaar vient conforter une démarche de filière existante : « Pour mieux valoriser nos productions, nous les transformons et nous les commercialisons sous notre propre marque. Aujourd’hui, le label équitable vient conforter économiquement et socialement nos producteurs qui ont des pratiques vertueuses pour l’environnement, puisqu’en bio et engagés dans un dispositif de paiements pour services environnementaux (PSE) avec Eau de Paris. » Une partie des lentilles, pois chiches, haricots secs, farines et pâtes « Terres du Pays d’Othe » sera donc désormais commercialisée avec les deux labels, AB et Max Havelaar France Fairtrade. Pour la récolte 2025, ce sont 1 280 ha de cultures conduites par huit agriculteurs qui seront certifiés et Zoltan Kahn ambitionne d’en convaincre beaucoup d’autres.

À l’Ouest, dans les deux Charentes, ce sont quatre coopératives sur les neuf regroupées au sein d’Union Entente qui ont engagé des producteurs dans la labellisation pour la campagne 2025-2026, sur environ 175 hectares, en blé tendre, lentilles et pois chiches. « Dans les deux cas, il y a des débouchés derrière. Nous sommes toujours très prudents sur les perspectives de marché avant d’engager des producteurs », explique Blaise Desbordes, directeur général de Max Havelaar France.

Des prix planchers qui intègrent les coûts de production

« Il nous a fallu 2 ans de travail et 18 mois de négociations pour bâtir des prix minimums garantis avec les parties prenantes, révèle Blaise Desbordes. Il s’agit de prix rémunérateurs pour des producteurs volontaires qui s’engagent dans notre cahier des charges. » Les prix « Fairtrade » sont annuels, élaborés en tenant compte des coûts de production et des contraintes locales. Basé sur des études territoriales de prix de revient (centres de gestion ou interprofessions), le calcul prend également en compte un niveau de revenu de 1,5 Smic et le surcoût des pratiques inscrites dans le cahier des charges.

Des prix du blé entre 250 et 300 €/t

En blé tendre conventionnel, pour la récolte 2025, le prix minimum est de 301 €/t de la Haute-Garonne aux Landes, de 250 €/t pour les départements de l’ex Poitou-Charentes (deux Charentes, Vienne, Deux-Sèvres) et de 256 €/t pour les départements de l’Allier, Puy de Dôme, Loire, et Haute-Loire. Pour ces quatre départements, il a été fixé également un prix en blé tendre bio de 429 €/t. La lentille est, elle, rémunérée à 1019 €/t et les pois chiches à 769 €/t (prix en conventionnel), dans l’ex Poitou-Charentes. Pour la Bourgogne, Zoltan Kahn indique que les prix sont en cours de finalisation. « Il s’agit de prix minimums à payer par le premier acheteur aux producteurs, mais ce ne sont pas des prix plafond, explique Blaise Desbordes. L’acheteur reste libre de payer davantage et s’ajoute les primes habituelles liées à la qualité ou au respect de cahiers des charges spécifiques. »

Une prime du commerce équitable entre 12 et 50 €/t pour des projets collectifs

À ce prix minimum s’ajoute la prime du commerce équitable, versée par tous les maillons de l’accord de filière à l’organisation de producteurs, qui s’engage à la reverser aux producteurs certifiés qui décident collectivement de son utilisation. Cette prime est destinée à des projets de soutien social, de maintiens des agriculteurs dans les territoires ou de transition écologique des exploitations. « Ce second pilier de l’équitable est fait pour orienter des choix d’investissements », explique Blaise Desbordes. La prime est de 12€/t en blé tendre, 38€/t en pois chiche et 51€/t en lentille.

Une certification destinée à des producteurs vulnérables

La démarche s’adresse en priorité à des agriculteurs en situation de précarité économique avec un RCAI/UTANS (résultat courant avant impôt/unité de travail annuel non salarié) inférieur à 1,5 Smic chargé (31 064 €) en moyenne sur les trois derniers exercices, ou jeunes installés (depuis moins de 10 ans), ou en cours de conversion vers l’AB. « Le label leur est proposé en priorité et s’il n’y a pas de volontaires, nous proposons à d’autres », indique le directeur de Max Havelaar France. Et pour que sa production puisse être labellisée, l’exploitant doit être membre d’une organisation collective de producteurs, certifiée elle-même Max Havelaar.

Un cahier des charges de mesures agroécologiques et sociales

Le contrat signé pour trois ans implique le respect d’un cahier des charges comportant un volet relatif à des « pratiques agricoles durables », telles que le respect d’une liste de substances phytosanitaires interdites, l’allongement des rotations, la préservation des infrastructures agroécologiques, ou encore le stockage du carbone. Il comporte également un « volet social », portant sur les conditions de travail et le respect des droits humains. « Nous allons plus loin que le conventionnel mais nous sommes moins exigeants que le bio », résume Blaise Desbordes.

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