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Comment ces éleveurs ovins maîtrisent leur consommation de concentrés

Inosys – réseaux d’élevage livre le témoignage de quatre éleveurs ovins de Centre-Ouest qui cherchent à diminuer le plus possible la part de concentré dans la ration de leurs animaux.

Ils sont quatre, en Bretagne, Limousin, Poitou-Charentes et Pays de la Loire avec des conduites de troupeaux à l’herbe, en bergerie ou mixte, à avoir témoigné pour Inosys - Réseaux d’élevage. Leur point commun : mettre en place des pratiques pour limiter au maximum la consommation de concentrés sur leurs élevages. Les questionnements autour des concentrés sont de deux ordres pour les éleveurs. Tout d’abord, une problématique économique, avec un prix de l’aliment reparti à la hausse ces derniers temps. D’autre part, un questionnement plus sociétal, avec la notion de concurrence alimentaire entre animaux d’élevage et humains, à laquelle s’ajoute la dimension environnementale. Diminuer l’apport de concentrés, avec une disponibilité fourragère de plus en plus tendue ces dernières années du fait des sécheresses à répétition, nécessite une réflexion précise et des pratiques ajustées à chaque système. La consommation de concentré est le deuxième facteur directement corrélé à la marge brute par brebis, juste après la productivité numérique et avant le poids des agneaux ou le prix de vente au kilo de carcasse.

En Bretagne, un tri efficace et une distribution précise

Sébastien Bellec, éleveur de 400 brebis dans le Morbihan, a opté pour une conduite des agneaux exclusivement en bergerie. Avec des brebis prolifiques et deux agnelages par an (novembre-décembre et juillet-août), il mise sur une valorisation de son pâturage au maximum par les brebis, même l’hiver. L’absence totale des agneaux sur les parcelles facilite l’utilisation du fil pour optimiser le pâturage des brebis. Sur les 74 hectares que compte la ferme, 62 sont en herbe et 12 sont en céréales, entièrement dédiées à l’alimentation des brebis. Sébastien Bellec n’est autonome en concentré que de 48 % et les brebis consomment en moyenne 180 kg de concentré par an, soit 5,8 kg de concentré par kg de carcasse produit. Pendant toute la durée de leur lactation, qu’elles passent à l’intérieur, les brebis reçoivent de l’enrubannage. L’éleveur breton développe : « Je suis par ailleurs bien équipé pour trier et peser régulièrement mes agneaux (19 kg de carcasse en moyenne), tous produits en bergerie. Je suis également bien équipé pour la distribution du concentré, ce qui me permet de rationner les agneaux. » Et le résultat est là, l’engraissement est maîtrisé puisque moins de 3 % de ses agneaux sont classés en gras.

En Charente, beaucoup de fourrages et moins de céréales

En Charente, Nadia et Patrick Quelin, à l’Earl du Nombrail, ont développé il y a quelques années, un atelier grandes cultures en complément de leurs 470 brebis. « Aujourd’hui nous avons 167 ha de SAU, dont près de la moitié en cultures », témoigne le couple d’éleveurs. Ils ont par ailleurs travaillé sur le pH de leurs sols pour le désacidifier et pouvoir ainsi implanter de la luzerne sur 20 ha. Cela leur a permis d’améliorer leur autonomie protéique qui est de 65 % actuellement. « La luzerne est principalement destinée aux brebis en fin de gestation et en allaitement, avec une complémentation de 300 à 400 grammes de céréales », poursuivent les éleveurs. Lors des épisodes de sécheresse, les animaux sont gardés sur des parcelles sacrifiées et reçoivent principalement de l’enrubannage. Les brebis de l’EARL de Nombrail reçoivent donc entre 320 et 370 kg de matière sèche par an et les brebis suitées sont mises à l’herbe dès que possible en changeant de prairie toutes les semaines. Une part des agneaux est engraissée en bergerie et reçoit un mélange fait maison de céréales produites sur l’exploitation, distribué avec du foin de ray-grass italien ou de la paille d’orge. Nadia et Patrick Quelin ont ainsi réussi à passer en cinq ans de 9 à 7 kg de concentrés consommés par kilo de carcasse produit.

En Mayenne, mieux vaut se concentrer sur les prairies en bio

Avec un passage en bio en 2017, Charlotte et Alex Moriarty ont misé sur un système très herbager pour leurs 350 brebis Poll Dorset. Les 67 hectares que compte l’exploitation sont entièrement en herbe, dont un tiers en prairies naturelles et une trentaine d’hectares de prairies temporaires. Le semis coûte 500 euros par hectare et les prairies sont renouvelées tous les cinq ans. Elles se composent de chicorée, ray-grass anglais, fléole, fétuque des prés, festulolium, trèfle blanc, violet et hybride, luzerne, mélilot, pimprenelle et plantain. « En bio, les concentrés sont chers, autour de 500 euros la tonne, nous préférons investir dans les prairies », assument les deux éleveurs britanniques installés en France depuis 2011. Les parcelles qui ne sont pas utilisées pour l’engraissement sont fauchées et enrubannées. Les fourrages sont ensuite analysés et donnent en moyenne 18 % de protéines. Côté brebis, les agnelages d’automne se font au pâturage alors que les agneaux de printemps sortent entre deux à sept jours après leur naissance.

Dans la Creuse, limiter les concentrés malgré les sécheresses

Les sécheresses de ces quatre dernières années ont eu un lourd impact sur la conduite du troupeau du Gaec La Motte à Bord-Saint-Georges dans la Creuse. Isabelle et Pascal Picaud ont été contraints d’augmenter fortement les concentrés dans la ration des brebis en atteignant 133 kg par brebis et par an (soit 25 kg de plus qu’en temps normal). « Le manque d’herbe chronique de ces dernières années a pénalisé la productivité du troupeau, avec une baisse de la prolificité sur les agnelages de printemps », expliquent les éleveurs. Les agneaux sont rentrés en bergerie dès leur sevrage et reçoivent le foin produit sur la ferme. Les stocks fourragers n’étant pas suffisants, Isabelle et Pascal Picaud ont fait le choix d’acheter du foin de luzerne pour garantir aux brebis une ration de qualité pendant les lactations d’hiver sans besoin d’achats supplémentaires de concentrés. Les brebis vides et en début de gestation sont mises au pâturage hivernal. Les agneaux, qu’ils soient conduits à l’herbe ou en bergerie, sortent en moyenne à 19,8 kg carcasse, avec une consommation de 65 kg de concentré.

d’après Inosys - Réseaux d’élevage

Côté web

La plaquette de six pages Maîtriser la consommation de concentré, quel que soit le système reprenant ces témoignages d’éleveurs est à télécharger sur le site d’Idele.

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