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Comment Bleu Blanc Cœur s’inscrit dans le concept One health

Faisant le lien entre la santé des plantes, des animaux et de l’homme, la démarche Bleu Blanc Cœur prouve sa validité à travers une série de données scientifiques mises en avant lors d’un symposium le 24 novembre dernier.

Pierre Weill, cofondateur de Bleu Blanc Coeur.
Pierre Weill, cofondateur de Bleu Blanc Coeur.
© Capture d'écran symposium

L’association Bleu Blanc Cœur organisait le 24 novembre dernier au couvent des Jacobins à Rennes son symposium One Health 2022. One health ou « une seule santé » en français, un concept ayant émergé au début des années 2000, met en avant les liens étroits entre la santé humaine, celle des animaux et l’état écologique global.

L’occasion pour la démarche Bleu Blanc Cœur, créée il y a plus de trente ans par Pierre Weill, ingénieur agronome, et Jean-Pierre Pasquet, éleveur laitier (l’association, elle, est née en 2000 avec Bernard Schmitt, médecin nutritionniste) de mettre en avant ses bienfaits : « organiser une agriculture à vocation santé en valorisant des modes de production agroécologiques sur des bases étayées de sciences et de mesures », nous rappelle Nathalie de Kerhoas, directrice de Bleu Blanc Cœur. Un socle scientifique solide coconstruit dans le cadre de collaborations avec l’Inrae et la société Valorex.

« Il y a trente ans avec Valorex, au début on pensait que le lupin et la féverole pour remplacer le soja, agronomiquement ce serait mieux. Puis nous sommes rentrés pas à pas dans One health », a rappelé en introduction de la journée, Pierre Weill devenu docteur de l’Université de Rennes 1 fin mars 2022 après la soutenance de sa thèse « l’amélioration de la santé des animaux et des écosystèmes profite à la santé de l’homme. Vers des marqueurs mesurables de santé globale ».
 

Comment le sol influe sur la qualité nutritionnelle des plantes ?

Devant un parterre d’acteurs des filières agricoles et alimentaires, Pierre Weill a ainsi présenté quelques données sur le lien entre santé des sols et densité nutritionnelle des plantes.

Selon la qualité des sols, les teneurs en beta-carotène des carottes varient de 1 à 20 a-t-il ainsi expliqué, en se référant à une étude réalisée par le laboratoire Valorex-BBC avec Bionutrient à partir des données de 22 producteurs français de carottes. Selon les choix de production agricole, la teneur en antioxydants varierait de 1 à 10 pour plusieurs légumes a-t-il ensuite précisé. Une thèse est en cours avec Cirad-Inrae et plusieurs partenaires dont Valorex et Bleu Blanc Cœur pour déterminer l’impact des modes de culture sur les valeurs nutritionnelles des plantes à partir de 44 parcelles.  



Comment la santé du sol influence la santé des animaux ?

Mathieu Guillevic, ingénieur R&D de Valorex, et Nathalie Kerhoas, directrice générale de Bleu Blanc Cœur, ont ensuite rappelé l’intérêt pour les truies et les porcelets d’un apport en oméga3 (avec ajout de luzerne ou de lin par exemple dans la ration) ou encore l’impact d’un apport amélioré en acide gras linolénique (ALA) sur la production laitière et la qualité du beurre. « Bleu Blanc Cœur c’est le PNNS des animaux » a ainsi résumé Mathieu Guillevic.


Quel lien entre la santé des animaux et la santé humaine ?

Depuis 20 ans, l’association Bleu Blanc Cœur contribue et rassemble les études portant sur l’impact de l’apport en oméga 3 dans l’alimentation sur la santé. Nathalie Kerhoas en a cité quelques-unes parmi lesquelles :

  • Des études cliniques démontrant les effets bénéfiques des aliments issus des filières Bleu Blanc Cœur en matière de composition en acides gras du sérum et des hématies
  • L’effet matrice (modulation des lipides dans leur globalité, synergie avec d’autres nutriments, association d’aliments) des produits Bleu Blanc Cœur mis en avant sur des expérimentations animales sur les marqueurs des maladies cardiovasculaires, du diabète et de l’obésité


Beaucoup de projets de recherche sont encore en cours dont :

  • Une étude en cours de finalisation sur l’impact d’une alimentation Bleu-Blanc-Cœur sur la composition lipidique du lait maternel et du microbiote du bébé (avec Inrae, CHU de Rennes, l’Inserm et Valorex)
  • Une étude en démarrage sur l’impact de l’alimentation Bleu-Blanc-Cœur sur la perte de dépendance de personnes fragiles en Ehpad (avec le CHU de Rennes, l’Inserm et Valorex)
  • Le projet de création d’une cohorte Bleu-Blanc-Cœur

 

Les espoirs liés à l’épigénétique

Point phare de cette journée d’information : l’intervention du directeur de recherche de l’Inserm Dr Mohamed Benahmed qui a entrepris de vulgariser l’épigénétique, ou comment l’environnement et l’alimentation peuvent avoir une incidence sur l’expression des gènes.

Le développement d’une discipline qui apporte beaucoup d’espoir à la médecine : « On va pouvoir passer du curatif à une médecine plutôt préventive », a expliqué le scientifique, selon qui la réversibilité de certaines pathologies chroniques via l’impact de la nutrition commencerait à être envisagée. Un phénomène qui passerait par l’intermédiaire du microbiote.

Il y a là de quoi booster encore nos convictions

« Non rien n’est une fatalité, nous sommes individuellement et collectivement responsables et acteurs de notre santé ! Il y a là de quoi booster encore nos convictions et notre détermination à faire avancer le projet Bleu-Blanc-Coeur ! », s’est félicité Nathalie Kerhoas, à l’issue de cette intervention sur Linkedin.
 

Comment mieux faire connaître Bleu Blanc Cœur aux consommateurs ?

Reste toutefois à mieux faire connaître le concept Bleu Blanc Cœur encore relativement peu connu du consommateur, comme l’a rappelé Romain Jubert, du Magazine Bon, qui a mené un travail sur le sujet avec le sociologue Claude Fischler. Le chef cuisinier Thierry Marx, devenu porte-parole de la démarche en septembre dernier, devrait contribuer à une meilleure communication auprès du grand public.

Si « Bleu Blanc Cœur parle aux convives », selon Sabine Maillot, directrice RSE du groupe Compass, qui s’exprimait l’après-midi du 24 novembre lors d’une table ronde, pour Aurélie Menenteau responsable QSE métiers du frais et filières chez Système U, il reste encore de la pédagogie à faire auprès du consommateur dans un « contexte de prix hyper importante ». « Bleu Blanc Cœur est une vraie solution », est-elle convaincue.

 

« Je produis des légumineuses pour ne plus dépendre du soja importé »

La démarche Bleu Blanc Cœur s’explique aussi à travers le témoignage de ses différents acteurs. Ainsi Guillaume Bouleau, agriculteur dans l’Orne au sein du Gaec Triskel avec 120 vaches laitières sur 200 hectares et producteur fermier Bleu Blanc Coeur, est venu témoigner de son expérience le 24 novembre. Installé en 2008 sur une ration unique à base de maïs, colza et soja, l’éleveur raconte comment en 2015 il a eu envie de changer de mode de production et notamment de se passer du soja d’importation. « On a fait évoluer la rotation, en ajoutant de la luzerne, de la féverole, des pois, puis du lupin » explique-t-il. « Le lupin, il y en a peu en France et moi j’aime bien les défis », commente-t-il. Une bonne expérience : « c’est une bonne tête d’assolement, cela demande peu d’intrants, c’est facile à récolter, et c’est intéressant pour les besoins des vaches », souligne-t-il. Et de conclure : « il faut des sols acides et profonds. C’est une plante qui s’acclimate facilement partout, il ne faut pas hésiter à y aller ».

« Je nourris mieux mes vaches et je réduis les émissions de méthane »

Cofondateur de Bleu-Blanc-Cœur et éleveur laitier, Jean-Pierre Pasquet défend pour sa part un intérêt écologique de la démarche prouvé par le projet Ecométhane mis en place il y a 15 ans. La méthode s’appuie sur une technique de réduction des émissions de méthane d’origine digestive par l’apport dans la ration des bovins laitiers d’aliments riches en acide alpha-linoléïque, via le pâturage, la luzerne ou encore la graine de lin traitée selon un procédé spécifique de Valorex. Une méthode reconnue par l’Onu et labellisée bas-carbone par le ministère de la Transition écologique. « Une ration Bleu Blanc Cœur permet de réduire de 30% les émissions de méthane. 775 éleveurs sont dans la démarche soit l’équivalent de 1,3 millions de tonnes de CO2 économisées », résume Jean-Pierre Pasquet. « Imaginez le potentiel si on développe la démarche sur 58 000 élevages en France ! Rien qu’avec 1800 éleveurs on arriverait à 5 millions de tonnes de CO2 économisées », s’est-il exclamé.

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